L'ECRIT DE JOIE

L'ECRIT DE JOIE

Christine en "expédition"

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Christine en "expédition"

Ce mercredi après-midi, que nous attendions tous les deux, arriva enfin. Christine se réjouissait de m'emmener découvrir un de ses secrets. Depuis notre promenade au lac, la semaine dernière, elle évoquait souvent quelques anecdotes affriolantes. Et puis, le fait de refaire le circuit de son adolescence la poussait à m'en faire part avec une grande exubérance. J'étais à me réjouir de pénétrer cet univers.

Nous sommes partis vers treize heure trente. Nous sommes arrivés à l'ancienne tuilerie pour quatorze heure. Cette usine désaffectée qui fut le cadre de quelques aventures à ma compagne durant ses années lycée. J'ai garé la voiture à l'écart, à plus de trois cent mètres. Christine me prenant par la main, m'invita à la suivre le long de l'étroit sentier. La végétation envahissait un chemin peu fréquenté.

< C'est là, derrière ce cabanon de jardin, que je cachais mon vélo ! > me fit Christine en me faisant passer derrière une palissade de bois. Je regardais les ronces et l'amas d'objets les plus hétéroclites abandonnés là. Palettes, ferrailles, cagettes et vieux pneus. Nous étions derrière une sorte d'abri en bois. Impossible d'y pénétrer car un vieux cadenas rouillé en condamnait la serrure.

Christine m'entraîna à nouveau. Là, au bout de la palissade, nous pouvions voir les murs de briques rouges de l'ancienne tuilerie. Il régnait  une véritable ambiance d'abandon. Presque sinistre. Distante d'environ trois cent mètres l'imposante bâtisse semblait spectral. < Viens, je t"emmène au mirador ! > me fit ma compagne en me tirant par la main.

Christine s'arrêta devant une échelle dont la plupart des barreaux étaient brisés. Y monter relevait donc d'un risque inconsidéré. Je regardais en l'air. A six mètres de hauteur, il y avait une sorte de petite cabine couverte d'un toit. < C'est là-haut que je venais des après-midi entiers ! > me fit-elle, en me racontant ses longues séances de voyeurisme. Séances facilitées par la puissante paire de jumelles empruntée à son père.

J'observais avec une certaine émotion. Christine relatait des faits remontant à presque dix ans. < Tu vois, depuis là-haut, je pouvais voir qui entrait et qui sortait de l'ancienne usine ! > me précisa t-elle en me désignant les deux portes en métal. L'une de ces deux portes, éventrée, donnait sur une ouverture obscure. < Viens, on va voir, je vais te faire visiter ! > me dit Christine en m'entraînant.

Nous avons parcouru les trois cent mètres sur un terrain accidenté. De nombreux objets abandonnés traînaient dans les ronces. Il nous fallait être prudents. Nous arrivions devant deux marches en béton. En les gravissant, nous avons pénétré dans un espace lumineux. De grandes fenêtres aux carreaux cassés, éclairaient les lieux. L'odeur forte, mélange de moisi, d'urine et de pourriture était immonde.

Un vieux carrelage vieil ocre, défoncé en de nombreux endroits, était jonché de débris. Tessons de bouteilles brisées, canettes écrasées et déchets divers. Sur notre droite une rangée d'une dizaine de lavabos à la faïence jaunie. La plupart de ces lavabos étaient cassés ou pendaient au sol. Sur notre gauche une dizaine de cabinets de toilettes. La peinture grise, dégoûtante et écaillée, était maculée d'excréments desséchés, de nourritures décomposées. Abstraction d'une sorte d'art contemporain...

Par les portes ouvertes, nous pouvions voir les cuvettes de faïence jaunie, pour la plupart fracassées ou défoncées. < Lorsque je venais me cacher ici, ce n'était pas aussi dégueulasse ! > me fit Christine. Au fond, il y avait une rangée d'une dizaine d'armoires métalliques. Des armoires grises, typiques de ces vestiaires d'une époque révolue. Toutes les portes étaient défoncées.

Cet espace était une surface carrée d'environ vingt mètres sur vingt. La hauteur du plafond, impressionnante, devait culminer à cinq ou six mètres. Les murs, également de couleur ocre, présentaient de longues traînées verticales d'humidité et de moisissure. < C'est crade, hein ? J'adore ces ambiances ! > me fit Christine avant de rajouter : < Viens, je te fais voir le Glory Hole qui m'a fait fantasmer ! >.

Ma compagne m'entraîna vers les cabinets de toilettes. Entre l'avant dernier et le dernier, dans la cloison qui les séparait, il y avait un de ces trous. Des coulures, le long du mur, des substances sèches collées jusqu'au sol, laissaient l'imagination faire le reste. Christine, accroupie devant le trou, scrutait le mur qui le séparait du carrelage. < Regarde, c'est parfaitement dégoûtant ! Il y a sûrement du foutre sec ! > me fit-elle en me montrant les substances de son doigt. Je constatais, une fois encore, son attirance pour le "glauque" !

Christine, se redressant, prenant un mouchoir en papier de sa poche, tenta de fermer les portes des deux cabines. Elles s'ouvraient et se refermaient parfaitement. La dernière présentait toutefois un profond éclat dans sa surface. Ce qui me permettait de voir ma compagne derrière la porte lorsqu'elle la refermait. < Si tu savais comme j'ai fantasmé ici ! > me fit ma compagne en se mettant contre moi.

Nous sommes ressortis à l'air pur. A une cinquantaine de mètres, un type poussait un vélo. A voir son accoutrement, ses vêtements usagés, c'était certainement quelqu'un qui devait squatter le lieu. Lorsqu'il nous vit, l'inconnu nous salua de la main avant de continuer son chemin. Christine me fit : < Tu serais "chaud" pour un de mes "plans" ? Il y a un mec ! >.

Je regardais Christine. Ses yeux rieurs, sa bouche pincée dans un sourire équivoque, ne laissaient aucun doute quand à l'idée qui venait encore de germer dans son esprit. Nous sommes restés un moment afin d'étudier le lieu et d'élaborer une stratégie. < Tu ne crois pas que c'est une sorte de "clodo" ? > demandais-je à Christine. Elle se contenta de hausser les épaules en faisant la moue.

Le type avait disparu. Son vélo était posé devant l'autre porte en métal. Il y avait une centaine de mètres qui séparaient ces deux portes. Christine m'entraîna. Nous retournions dans les toilettes. < Il faut trouver un endroit où te cacher ! > me fit-elle. Je répondais : < Tu ne crois pas qu'il serait préférable que ce type nous voit repartir tous les deux ? >.

< Ah oui ! Pour me voir revenir seule ! Toi, tu reviens discrètement dès qu'il est dans les toilettes ! C'est ça ? > me fit Christine soudain passionnée. < Oui, je crois que c'est la meilleure formule ! > répondis-je. Nous avons traversé le terrain vague pour revenir derrière le cabanon. De là, nous pouvions observer et aviser...

 

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02/12/2015

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