L'ECRIT DE JOIE

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Christine évoque des choses troublantes - (Episode 2)

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Christine évoque des choses troublantes - (Episode 2)


Christine m'avait pris par la main. Elle s'était levée et m'avait tiré à elle. < Mercredi prochain, si tu veux, je t'emmène découvrir le circuit de mes promenades d'adolescentes ! > me fit-elle en me couvrant le visage de bises. Nous marchions doucement le long du sentier qui longeait le lac. Il n'y avait personne sur cette rive. Nous arrivions près du barrage. Le ciel bleu se reflétait dans l'eau calme.

Christine continua à m'entretenir des lieux et des situations qui avaient créé ses premiers émois d'adolescente. Elle me raconta que près de l'usine désaffectée, à l'orée de la forêt, il y avait un mirador. Cette construction de bois, d'environ six mètres de hauteur, permettait à des chasseurs de guetter un éventuel gibier. La jeune fille n'y avait toutefois jamais vu d'individu armé d'un fusil.

Là, cachant son vélo derrière un cabanon, Christine montait le long de l'échelle. Au sommet, sous l'ombre des branchages, dans une petite nacelle, la jeune fille y trouvait la cachette idéale. Dans un minuscule sac à dos, elle emmenait un paquet de gâteaux, du chocolat, des fruits et de l'eau. Elle n'oubliait jamais la paire de jumelles et son livre du moment.

Christine pouvait rester là, en été, durant les grosses chaleurs, des après-midi entiers. Toujours à l'ombre, la jeune fille pouvait observer alentour de son endroit stratégique. < Si tu savais ce que je pouvais voir, parfois ! Des mecs qui garaient leurs bagnoles dans le chemin à une centaine de mètres ! Des couples aussi. Et même des filles ! Je prenais mes jumelles et j'observais ! > rajouta t-elle.  J'écoutais, comme subjugué.

Christine me racontait les "rôdeurs". Ces types qui venaient errer entre le chemin et les toilettes abandonnées. A trois cent mètres du mirador, grâce à la paire de jumelles, la jeune fille pouvait scruter, avec une grande précision, tout ce qui se passait dans un rayon de cinq cent mètres. Derrière, c'était la forêt et le sentier qui passait à une trentaine de mètres de l'échelle du mirador.

De très rares fois, des promeneurs passaient là. Souvent, regardant en l'air, ils observaient cette échelle raide, plutôt dangereuse, sans faire mine d'y monter. Christine m'avoua que deux fois, le cœur battant, elle s'était tapie au fond de l'étroite nacelle pour rester invisible.
Lorsque des types restaient longuement dans les toilettes, la jeune fille attendait leur départ pour aller voir.

Un soir, en explorant les lieux, après le départ d'un "rôdeur", Christine avait découvert un jeu de cartes, répandu au sol. Trente deux photographies pornographiques ne représentant exclusivement que des fellations. Il y avait d'autres "traces" au sol. Des petites flaques laiteuses dans lesquelles elle avait marché sans faire attention. Elle avait gardé ce jeu de carte dans sa cachette du mirador. < Il y est peut-être encore ! > me fit-elle en riant...

J'écoutais tout cela avec une sorte de ravissement, d'étonnement et d'admiration. Ainsi, les filles avaient, elles aussi, des "jardins secrets" qui trouvaient un prolongement dans le monde réel. < On y va mercredi, tu veux ? Parfois, en rentrant des cours, je fais un crochet par là-bas. Je roule lentement le long du chemin. Plus rarement je sors de la voiture pour entrer dans les vieilles toilettes ! > me fit-elle en riant avant de rajouter : < C'est mon petit secret, tu m'en veux ? >. Pour toute réponse, je déposais un baisé sur son front.

Christine me raconta les trois saisons d'été qu'elle avait passé en ces lieux. Toujours toute seule. La jeune fille y trouvait le calme, une grande solitude et une forme de recueillement. Christine avait révisé son bac, ici, durant tout le printemps qui précédait les épreuves. Elle me fit encore : < C'est étrange, mais lorsque je vais rôder là-bas, je n'éprouve plus les mêmes sensations. Je fais vite. En prenant de l'âge, nous développons des craintes stupides mais ingérables ! >. Elle resta longuement pensive.

Nous décidions d'aller rôder là-bas, mercredi prochain, si la météo le permettait...

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29/11/2015

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