L'ECRIT DE JOIE

L'ECRIT DE JOIE

Une belle exhibitionniste

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                                                    Une belle exhibitionniste. Toute de noir vêtue .

Ce 25 octobre, je me rends au petit cimetière. Il est à l'extérieur de la ville. C'est un matin plutôt gris. Frais. Il y a une brume persistante qui enveloppe  toute chose d'un voile de mystère. Un vieil ami repose là depuis plusieurs années. Il n'est pas du genre à réclamer des honneurs ou quoi que ce soit d'autre. Je profite simplement de ma visite en ville pour venir le saluer. Dans la voiture il me semble l'entendre rire. Comme à son habitude, racontant une de ses invraisemblables histoires. 

Je gare ma voiture sur le parking. Il y a trois autres voitures stationnées là. Je pénètre dans l'enceinte du cimetière. J'apprécie le calme et la sérénité qui règnent en ces lieux. Pour moi, au delà de tout aspect philosophique, ces lieux sont propices à l'introspection. C'est donc avec un certain recueillement que je parcours les allées. Avec l'approche de la Toussaint la plupart des stèles et des tables de marbres sont souvent richement décorées. De toute beauté.

Dans l'une des allées je croise une belle jeune femme. Environ quarante ans. Vêtue d'un manteau noir, de bas noirs et chaussées d'escarpins noirs, elle marche d'un pas lent. Méditative. Nous nous saluons. Un échange de sourire. Je la croise à nouveau deux allées plus loin. Cette fois, j'engage la conversation. Nous échangeons quelques banalités.  Quelques lieux communs. 

Nous bavardons un moment. Je continue ma promenade jusqu'à l'endroit où repose mon ami. Je m'assois sur le granit de la table gravée. Je reste silencieux. Autour de moi tout est calme. A peine si le bruit de la route arrive jusqu'ici. Parfois, dans les allées adjacentes, il y a des gens. Des femmes qui viennent fleurir une tombe. Des hommes qui nettoient les abords d'une stèle. Toutes sortes de rituels. 

Un moment se passe ainsi. Je regarde l'endroit. Je pense aux bons moments de jadis. Je me lève. Je reprends ma flânerie en direction du parking. J'arrive à proximité de la sortie. J'avise le petit parc. Juste avant la grille sur la droite. Au fond il y a les discrètes toilettes publiques du cimetière. Une toute petite maisonnette sans aucune indication. J'ai à soulager un besoin naturel. Je traverse le parc minuscule. Je pousse la porte.

 

J'entre. Une pénombre à laquelle mes yeux s'habituent vite. Il y a une odeur forte. Encens, sève de pin, urine. Je m'avance. Je contourne un coin de mur. Debout devant l'unique urinoir il y a la jeune femme de tout à l'heure. Elle est cambrée en avant, le manteau et la jupe retroussés. J'entends son jet se briser au fond de la cuvette de vieille faïence.


Je suis terriblement gêné. Mon premier réflexe est de croire que je me suis trompé de toilettes. Je réalise rapidement qu'il n'y a pas d'urinoir mural dans des toilettes femmes. Un peu confus quand même, je fais : < Oh pardon ! Excusez-moi ! >. La jeune femme tourne la tête et regarde dans ma direction. En souriant elle me dit : < Je n'ai pas d'autres choix ! Tout est fermé ! > 

Je suis là, debout, un peu comme un imbécile, les bras ballant. Je m'apprête à faire demi tour pour sortir. La jeune femme me lance : < Patience !  Deux minutes et je vous cède la place. Toute chaude ! >.  Je ris bêtement. La jeune femme ne bouge pas. Je suis surpris par tant d'aplomb. Elle lâche de petits jets sonores qui viennent se briser au fond de la cuvette. Je prends soudain conscience que c'est une situation délibérée. Souhaitée. Voulue.


Visiblement la jeune femme prend un plaisir intense à être vue ainsi. Tout en continuant, secouant ses longs cheveux noirs, elle tourne son visage vers moi. L'inconnue est souriante et détendue. Je suis légèrement déstabilisé. Tout cela dure un petit moment. Quelques minutes sans doute. C'est un peu comme si la jeune femme faisait durer plus que de nécessaire. Je suis dubitatif, intrigué et amusé.

 

Je surmonte ma confusion. Je regarde. Je suis convaincu d'être invité à le faire. La jeune femme pisse par petits jets successifs mais puissants. Cela résonne d'une étrange façon. Une réverbération renvoie le bruit dans toutes les directions. Deux fois elle tourne sa tête en secouant ses cheveux pour les repousser. La jeune femme est belle. J'en prends conscience d'une manière plus aigue encore. 

Le dernier jet cesse. Elle ne bouge pas. Tournant son visage vers moi elle me demande : < Vous auriez peut-être un mouchoir en papier ? >. De la poche de ma grosse veste je sors un paquet de mouchoirs. J'en retire deux.  Je les lui tends. Là, devant moi, sans aucune inhibition, l'inconnue s'essuie. Consciencieusement. Longuement. Elle jette le premier mouchoir dans l'urinoir. Sa culotte aux genoux, cambrée sur ses jambes légèrement écartées, la jeune femme déplie le second mouchoir. Prenant tout son temps. L'exhibitionniste veut savourer chaque instant de son show.

 

La jeune femme se redresse. Elle jette le second mouchoir dans l'urinoir. < La place est chaude ! > me fait-elle.  L'inconnue remonte sa culotte noire, laisse retomber sa jupe et son manteau ouvert. Sans m'adresser le moindre mot, elle s'approche, se penche et observe mon sexe que je tiens à la main. Un court instant. La jeune femme, toujours sans la moindre parole, s'éloigne. Le bruit de ses talons hauts résonne jusqu'à la porte.

 

La porte s'ouvre puis se referme. Il n'y a plus de bruit. Je me soulage avec peine. Ce n'est qu'à présent que je ressens véritablement mon impérieuse érection. Je tourne la tête pour constater que je suis seul. Les mouchoirs en papier, trempés, qui baignent dans la pisse, me confirment la réalité de ce que je viens de vivre. Non. Je n'ai pas rêvé.

Je suis debout devant l'urinoir. Je pisse avec difficulté. Je contrains mon sexe dur à pointer vers le bas. Un mince filet s'écoule. Un petit moment. Je me reboutonne. Je suis soudain pressé de quitter l'endroit. Peut-être que la jeune femme est dehors. Je sors. Personne. La magie est terminée. Je me précipite pour monter sur le muret. De là je peux voir une grande étendue du cimetière. Je ne vois pas la silhouette de l'inconnue. Je scrute avec attention.


Je retourne une dernière fois dans la maisonnette. Je veux absolument revoir le cadre de cette exhibition. Ce moment d'une grande intensité qui vient de se graver à tout jamais dans mon esprit. Par acquis de conscience, je tente d'ouvrir la porte de l'unique cabinet de toilette. Surprise ! Elle n'est pas fermée comme elle me l'avait affirmé. J'ai à présent la certitude absolue d'avoir été le jouet de la jeune femme. Cette prise de conscience rajoute encore à mon excitation amusée.  

Je suis devant l'urinoir. Je me masturbe doucement. Je me projette mentalement tout le film. Je  me plais à inventer son retour éventuel. Je sais pourtant qu'elles ne reviennent jamais sur le lieu de leurs exactions. En riant, je dois me rendre à cette évidence. Ce n'était qu'un jeu. Je cesse ma masturbation. A quoi bon. Je retourne dans le cimetière. Animé du même secret espoir de la revoir.

 

Elle  est partie. Elle est bien partie. Définitivement ! Tout cela ne reste plus qu'un délicieux souvenir. Si  par le plus grand des hasards qui fait si bien les choses, chère madame, vous découvrez ce texte, sachez que je suis prêt à toute récidive. Merci belle inconnue pour ces délicieux instants qui ont illuminé la grisaille de cette fin octobre...

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17/04/2012

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