L'ECRIT DE JOIE

L'ECRIT DE JOIE

Christelle - Épisode 49

                                                              La séparation

 

Christelle me tient par la main. Nous flânons dans cette forêt soigneusement entretenue. Une grande pancarte informe les promeneurs qu'ils sont dans une ancienne propriété privée ayant appartenu à l'évêché. Aujourd'hui propriété du Conseil Général qui met ce bel endroit parfaitement aménagé à la disposition du public. L'endroit à de quoi ravir. Nous croisons quelques promeneurs. La fraîcheur à l'ombre des épaisses frondaisons est des plus agréables. Il y a une petite cascade. Un bassin entouré de grilles en fer forgé. C'est de toute beauté. Il va être l'heure de retourner à l'entrée du chemin. Nous nous y installons sur un des deux bancs. Il y a un vieux monsieur plongé dans la lecture de son livre. Un couple passe en prenant des photos. Là-bas, l'arrière du restaurant. Cette grande maison à l'étage de laquelle trois balcons surgissent comme par magie de l'épaisseur du lierre couvrant ses façades. Soudain, sur celui du milieu, la silhouette d'une jeune fille.

 

Delphine nous a aperçu. À peine si une centaine de mètres nous séparent. Elle agite son bras. Nous faisant signe de venir. Christelle me saisit la main. Nous nous levons. Nous longeons les cabanons sur la droite. Sans perdre de vue le balcon. Delphine disparaît. Nous restons immobiles devant la porte d'un garage. Delphine réapparaît devant la porte cochère. Elle descend les deux marches de l'escalier pour venir à notre rencontre. Elle porte un bermuda kaki, un T-shirt blanc, des sandalettes. Une casquette. << C'est gentil d'être resté. Venez, suivez-moi, on monte. Pas de bruit ! >> fait elle. Elle nous précède alors que nous entrons. C'est le long couloir de l'autre fois. Delphine monte les marches d'un escalier raide. Un autre couloir. Nous la suivons. Elle ouvre une porte sur la droite. << Ma chambre ! >> dit elle. C'est une grande pièce. Légèrement austère, à l'ameublement sommaire. Un lit, deux fauteuils, une armoire, une table et deux chaises. Un lavabo. Un parquet de lames de chêne vitrifiées. Luisantes.

 

<< Asseyez-vous, je vous fais un café ! >> lance la jeune fille en se dirigeant vers une plaque électrique posée sur une desserte à roulettes. << J'habite chez mes parents à Banne, à soixante dix bornes de Privas. Je vis ici en été quand je bosse au restaurant. C'est cool, je ne paie pas de loyer. Les patrons sont sympas ! >> explique Delphine. << Tu es étudiante ? Tu as un copain ? >> demande Christelle. Delphine répond : << Oui. Je viens de finir ma première année en fac de Lettres modernes. J'ai un copain mais on ne se voit qu'une fois par semaine. Je suis libre les lundis. Il vient alors me rejoindre pour la journée ! >>. Elle vient disposer les tasses devant nous à même le sol devant les fauteuils. Dans un même réflexe, Christelle et moi nous nous levons pour nous assoir en tailleur sur le parquet. Delphine s'installe de la même façon. Nous bavardons. Elle nous raconte ses activités de serveuse. << Il y a beaucoup de boulot. On est deux ! >>

 

<< L'autre fille s'appelle Aurélie. Elle bosse ici depuis cinq ans pendant les vacances. On gagne bien notre vie durant deux mois chaque été ! >> continue Delphine. J'écoute les filles échanger, évoquer leurs études. Leurs intérêts communs pour certains chanteurs, certains acteurs, certains auteurs. Elles sont toutes les deux littéraires et passionnées de lectures. Quand Christelle aborde le domaine de la sexualité en racontant un peu de nos aventures, je vois l'intérêt de Delphine se préciser. << J'ai beaucoup apprécié ce qui s'est passé hier dans les toilettes ! >> lance t-elle. Christelle mime une masturbation masculine en demandant : << Ça ? >>. Delphine, avec un rire un peu gêné, répond : << Oui ! Ça ! >>. Elle me fixe un court instant, n'osant soutenir mon regard. Christelle rajoute : << Ce n'est certainement pas la première que tu vois ça dans les chiottes ! >>. En riant Delphine s'écrie : << Non, il y parfois des exhibitionnistes ! >>

 

<< Pourquoi, tu vas souvent dans les chiottes des mecs ? >> demande Christelle. << Oui, j'aime voir ! Je me cache quelquefois pour regarder ! >> répond Delphine. Nous rions aux éclats. Je dis : << Tu aimerai la voir ? >>. Delphine observe Christelle d'un regard à la fois étonné et interrogateur. Je n'attends pas la réponse. Je me redresse pour descendre la tirette de ma braguette. J'en extrais mon sexe. Mon érection naissante ne rend pas les choses faciles. Les deux filles m'observent silencieusement. Christelle m'adresse un rapide clin d'œil. Je m'affale dans le fauteuil. Je tiens ma turgescence à sa base entre le pouce et l'index. Le silence est lourd. Presque palpable. Comme hypnotisées Christelle et Delphine scrutent mon érection. Je reste parfaitement immobile. Christelle s'adresse soudain à Delphine : << Tu aimes les pipes ? >>. Delphine, comme subjuguée, regarde mon sexe longuement avant de répondre : << Parfois. Pas toujours ! >>

 

<< Tu les fais à ton mec ? >> demande encore Christelle. << Rarement, ça me dégoute souvent. Mais lui il voudrait tout le temps ! >> répond Delphine. J'agite à présent mon sexe. Christelle se met à genoux pour changer de position. Ses coudes sur ma cuisse droite. Elle s'assoit ainsi en disant : << Tu a déjà sucé un inconnu ? >> fait Christelle en caressant la peau fripée de mon prépuce de son index. << Non jamais ! >> dit Delphine. Je murmure : << C'est le moment de le faire ! >>. Christelle rajoute : << Viens, laisse la petite voix de la tentation s'exprimer en toi ! >>. Delphine a le même élan que dans les toilettes hommes. Lorsqu'elle m'observait en pleine masturbation. Christelle dit : << Je suis là, tu ne risques rien ! Que veux-tu qu'il t'arrive à part une bonne fellation ! >>. Nous rions soudain tous les trois aux éclats. Delphine se redresse. Prend la même position assise du côté de ma cuisse gauche. Christelle saisit mon sexe pour en orienter l'extrémité. Me le tordant pour le présenter à la jeune fille hésitante. Je rajoute : << Tu vas te régaler ! >>. Delphine me fait le plus merveilleux des sourires.

 

Elle change de position. Prend le coussin du second fauteuil pour le déposer au sol. Elle s'y met à genoux. Ses mains à plat sur mes cuisses. Par petites contractions des muscles fessiers, je fais bouger ma turgescence. Son expression amusée remplace son inquiétude. << Je savais que cela se passerait ! >> chuchote t-elle avant de gober l'extrémité de mon sexe. << C'est d'ailleurs pour ça que tu nous as fait monter dans ta chambre ! >> murmure Christelle en approchant son visage de celui de Delphine. C'est une fellation délicate à laquelle se livre la jeune fille. Une fellation d'abord timide et réservée. Je caresse sa tête. Les premiers gargouillis se font entendre. Christelle scrute mes expressions. Me fait des sourires. Commente ses impressions. Delphine rit en gloussant. Sans cesser de sucer passionnément. Je ne fais pas durer. Intentionnellement. Mais également conscient de l'heure qui passe. Il est un peu plus de 15 h30.

 

J'éjacule en réfrénant un cri de jouissance. Je découvre que Christelle se masturbait en assistant à cette fellation. Delphine veut se retirer juste avant la seconde décharge. Je la maintiens fermement. Elle tente de se soustraire à mon étreinte. Elle n'a d'autre choix que d'avaler en poussant des râles de dégoûts. Je la lâche enfin. Elle se redresse comme prise de panique. Christelle la rassure. Delphine s'essuie la bouche en disant : << C'est dégueulasse. Je ne m'y ferais jamais. Beurk ! >>. Je me lève pour me réajuster. Christelle prend Delphine par le bras alors qu'elle nous accompagne jusqu'à la porte. Je tire une carte de ma pochette pour la tendre à la jeune fille en disant : << Si vous passez près de chez moi, ou si je suis de passage en Ardèche ! >>. Delphine saisit la carte pour la fourrer dans la poche arrière de son bermuda. Nous descendons l'escalier. << Je vous laisse là. Merci pour la visite ! >> dit elle à voix basse. Nous nous faisons la bise.

 

Nous contournons la grande bâtisse pour retourner à la voiture. Il y a une quarantaine de kilomètres qui nous séparent de Privas. Christelle garde sa tête sur ma cuisse, couchée sur le siège passager. De ma main libre je caresse sa tête. Le silence est total. La circulation fluide. La température est devenue agréable. J'arrive à Privas. Il est possible d'éviter la ville pour aller directement à la gare. Je gare l'auto sur le parking. Nous sommes sur le quai de la gare. Il est très exactement 17 h10. Munie de son billet SNCF qu'elle met dans son T-shirt, Christelle reste contre moi. Nous sommes assis sur un des bancs. Le grand sac à dos posé à côté de moi. << Je vais pleurer ! >> lance t-elle en étouffant un sanglot. Je la serre contre moi en disant : << On peu encore changer. Je te ramène en voiture ! >>; Christelle hésite. Je commence à connaître les traits de son caractère trempé. << Il ne faut pas. Ce sera aussi dur et éprouvant à quelques centaines de mètres de la maison ! Peut-être plus difficile encore ! >> s'écrie ma complice. L'annonce dans les hauts parleurs. Elle se lève d'un bond.

 

Le train TGV entre en gare, longeant le quai en ralentissant. << Voiture numéro deux, à l'étage, première classe ! >> s'écrie Christelle comme si elle s'adressait à elle-même en tirant son billet de sa pochette. Je tiens le lourd sac à dos. Elle fourre sa tête dans mon épaule pour cacher ses larmes. Je ne sais quoi dire puisque les miennes se mettent à tomber sur ses épaules que je serre fort. Cruelle séparation voulue ainsi par ma compagne d'aventures. Aventures qui se terminent là, sur le quai de la toute nouvelle gare desservant Privas à une dizaine de kilomètres au Nord. Christelle monte dans le wagon la dernière. Je suis comme pétrifié. Pétri d'émotion. Comme un petit gamin perdu. Je m'éloigne du quai. De son hublot à l'étage, Christelle me fait de grands signe, le visage en pleurs, collé contre la vitre.

 

Je retourne à la voiture. C'est un peu comme si le monde venait de s'écrouler. La solitude est soudain une torture infernale. Je reste un long moment assis au volant. Dans cette voiture qui a été le cadre de tant de joies, de bonheurs et de plaisirs. La musique imbécile de mon téléphone. Le visage de Christelle s'affiche sur l'écran. << Je t'aime. J'ai mal partout. Je vais en mourir ! >> dit elle à peine ai-je allumé. Je réponds : << Pareil pour moi. C'est l'horreur ! >>. Silence. << On se revoit dans trois semaines. On se fait des webcams tous les soirs, tu veux ? >> rajoute t-elle en pleurs. Je crie : << Bien sûr. Mais je ne pense pas pouvoir tenir trois semaines ! >>. Christelle tentant de réunir son sérieux rajoute : << Il le faudra bien car avec mes parents on va passer la dernière semaine de vacances chez ma mamie ! >>

 

Cette affirmation sonne comme une révélation. La fatalité en décide ainsi. Christelle veut se faire violence pour soulager sa détresse. Nous raccrochons. Je démarre. Je prends la direction de Privas. Je compose le numéro de téléphone du château de Montcaud. J'y réserve une chambre. Un hôtel cinq étoiles. Soixante kilomètres m'en sépare. En roulant, doucement, je retrouve mes esprits, mon calme intérieur. Je vais bien mieux de minute en minute.

 

Cette situation n'est pas la première de mon existence...

 

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03/11/2023

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