L'ECRIT DE JOIE

L'ECRIT DE JOIE

Cromarty

                                                               Cromarty

 

        Ce sont les aboiements d’un chien dans le lointain. Ils sont persistants, oppressants, pénibles. Ils nous arrachent du sommeil. Odélie vient se blottir. Elle pose sa tête sur ma poitrine pour gémir : << Mais qu’est-ce qu’il est chiant ce clébard ! >>. Il n’est pas huit heures. Les persiennes des vasistas du plafond sont fermées. Ainsi que celles des hublots latéraux. Il fait pourtant bien clair dans notre petite maison sur roues. Odélie joue de son index, descendant de mon nombril jusqu’à mon érection matinale. Elle s’en saisit tout en passant sa tête sous le draps. C’est une bien étrange sensation quand l’excitation ne fait pas partie du jeu. Cela ne dure que quelques secondes avant qu’elle ne remonte. Je caresse ses cheveux. << Tu excites toujours les filles avec ce machin-là au réveil ? >> demande t-elle. Je ris. Son expression mutine est adorable. Je réponds : << Mais je n’y peux rien, c’est une réaction physiologique tu sais ! >>. Elle me chevauche en disant : << Je vais t’en donner du physiologique moi aujourd’hui, tu vas voir ! >>

 

        Elle écarte mes bras, se penche et couvre mon visage de bises. Cela non plus ne dure pas. Ma mutine se lève d’un bond pour courir vers le coin toilettes. Je m’arrache de la douceur des draps pour allumer la bouilloire. Je presse les oranges. Mon aventurière me rejoint pour prendre le relai. J’adore l’entendre chantonner en préparant le café. Nous sommes juste en T-shirts de nuit. J’ouvre la porte latérale pour aérer. La température est de 22°. Le ciel est d’un bleu clair et intense. D’autres campings cars tout autour de nous. Devant nous l’immensité de la mer reflétant l’azur des cieux. La journée promet d’être identique aux précédentes. << C’est prêt ! >> me fait ma préparatrice alors que je rêve sur le marche pieds. Nous prenons notre petit déjeuner en revenant sur nos aventures de la veille. << Tu sais que j’ai beaucoup aimé les palettes et la caisse ! >> me dit elle avec son sourire mutin. Je réponds : << Moi aussi. Tout particulièrement la caisse ! >>. Nous traînons à table. Installée sur mes cuisses, consultant son téléphone, Odélie étudie l’itinéraire qui nous attend.

 

        Il y a un peu plus de cent kilomètres jusqu’à Cromarty. L’A9 longera la mer tout du long. Je me fais chiper la moitié de ma dernière tartine au miel. Et le reste de mon café. Mon adorable voleuse change de position pour s’installer à califourchon. De lécher nos lèvres sucrées et collantes est devenu un autre cérémonial de nos matins. La vaisselle. En revêtant nos shorts et nos t-shirts, Odélie me dit : << Je me sens toute pleine d’idées aujourd’hui. Méfie-toi ! >>. Alors que je lace mes baskets, elle ponctue sa phrase pour m’enlacer par l’arrière. Descendre ses mains sur mon bas ventre en rajoutant : << Oui, pleine d’idées ! >>. Je l’imite lorsqu’elle lace les siennes. Nous nous brossons d’abord les dents. Prétexte à quelques déconnes devant le miroir. Nous sortons. Le soleil trône déjà en majesté. Il y a deux autres couples qui pratiquent des exercices d’échauffement. Les mouvements idéaux pour se mettre comme nous dans les toutes meilleures conditions. C’est parti. Nous restons sur le sentier côtier. Superbe.

 

        Nous croisons d’autres coureurs. Cette heure de jogging est un vrai bonheur. Neuf heures quarante cinq quand nous revenons. Avec nos affaires en mains, nous nous dirigeons vers les sanitaires. Tout ici est d’une propreté exemplaire. Une odeur de chlore. Je me félicite d’avoir réservé les emplacements dans les Camps Parks cinq étoiles. Notre douche terminée, nous revenons au véhicule. Odélie porte une jupette beige, un T-shirt blanc. Je suis en short et T-shirt gris. Nos sandalettes. Il faut faire le plein des deux réservoirs d’eau et vider les miasmes du broyeur. Chacun a un rôle attribué par ma "directrice". Mon aventurière me donne tous les conseils nécessaires. Les petits trucs. Elle connait parfaitement tout ça. Une fois encore je demande : << Tu m’emmènes avec toi pour un périple de dix jours ? Ça me plairait bien ! >>. Odélie ne répond jamais à cette suggestion. Elle se contente d’un énigmatique sourire. Il est dix heures. Tout est parfait. En route. Il faut rouler avec la climatisation. << Je te jure, il ne fait pas si chaud en Andalousie à cette heure-ci ! >> lance ma passagère.

 

        Sur notre gauche la mer. Sur notre droite la continuité des champs, des prés. Des bovins, des bovidés et des machines agricoles tirées par des tracteurs. Ça roule très bien. Voilà Dunrobin Castle. Les ruines sont au bord de la nationale. Une dizaine de voitures. C’est une forteresse rectangulaire flanquée de quatre tours. Je gare le véhicule. En montant le sentier nous sommes accueillis par un chat. << C’est le deuxième ! >> lance Odélie qui lâche ma main pour le caresser. Il se balade sur le muret de l’entrée. Il ronronne et s’offre aux caresses de ma compagne d’aventures. Il refuse toutefois de se laisser soulever. Il ne viendra pas visiter le château avec nous. L’intérieur des ruines est surprenant. Une partie de la cour est la terrasse d’un restaurant. Il est onze heures trente. Je propose de prendre notre repas ici. << Après être monté sur les remparts par exemple ! >>. Odélie passe ses bras autour de mon cou. J’adore quand elle colle son bas ventre contre le mien. Je pose mes mains sur sa taille. Je caresse ses reins.

 

        Je rajoute : << On se réserve une table pour midi. Ça te dit ? >>. Elle se serre encore davantage pour murmurer : << Avec toi, tout me dit ! >>. Je l’entraîne par la main pour entrer dans l’établissement. La décoration médiévale ne fait pas du tout kitch. C’est de très bon goût. Insolite aussi. Un accueil chaleureux. Il nous est proposé de choisir. Une table en intérieur ou une table en extérieur. Nous nous consultons du regard. Ce sera en intérieur. Nous y serons au calme. Sereins nous continuons nos découvertes. C’est un escalier étroit qui mène aux remparts. J’ai évidemment les tournis du vertige. Il me suffit de regarder au loin et surtout pas vers le bas. Là-bas, notre camping car, en plein soleil. Les rochers qui se prolongent dans la mer. Derrière nous le contrefort des collines, leurs prés emplit de centaines de moutons. Nous sommes seuls sur le plateau circulaire du donjon. Il n’y a étrangement pas foule en ces lieux pourtant magnifiques. Odélie pose sa main sur mon sexe. Enfonce sa langue dans ma bouche. J'en frissonne tout le long de ma colonne vertébrale.

 

        Rien ne me procure plus divines extases que ses baisers. Rien ne m’enchante davantage que ses initiatives. Elle m’a prévenu dès le réveil. Elle a des idées ! Je m’apprête à devenir une nouvelle fois la victime consentante de ma délicieuse tortionnaire. Mon érection dans sa main, Odélie m’embrasse passionnément. Ce ne sont plus les vides qui m’entourent depuis ces hauteurs qui me donnent le vertige. Je vacille. Heureusement mes fesses sont en appui contre les créneaux. Des voix. Ce sont deux couples qui viennent par là. À la hâte je me tourne pour dissimuler ma turgescence. Un peu fébrile. La remballer le plus discrètement possible. Nous longeons les remparts dans le sens inverse pour redescendre. Je m’arrête dans l’escalier. Je plaque ma comparse contre le mur dans un de ces élans dont elle apprécie les instantanéités. Je murmure : << J’adore les risques que nous prenons ! >>. Elle me touche à nouveau pour répondre : << Moi aussi. J’en veux au moins deux chaque jour ! >>. Des bisous. C’est en riant que nous dévalons les dernières marches.

 

        C’est avec un quart d’heure de retard que nous prenons place à la table réservée. La salle n’est qu’à moitié pleine. Par contre la terrasse est bondée. Nous avons fait le meilleur choix. Des langoustines agrémentées de trois différentes mayonnaises, accompagnées d’une purée de pommes de terre et de petits pois constituent les délices de ce repas de midi. Nous mangeons de bon appétit en évoquant les idées avouables qui nous turlupinent. Il reste une vingtaine de kilomètres jusqu’à Cromarty. Nous terminons ce plaisir par deux tranches de tarte aux pommes recouvertes de miel. Un café avant l’addition. La chaleur est accablante. C’est avec la climatisation sur cinq que nous reprenons la route. Et toujours ce vide frustrant qui sépare nos deux sièges. Odélie déboucle sa ceinture pour venir s’assoir à ma gauche. À même la moquette du sol. Ses mains croisées sur mon genoux. Silencieuse, m’observant avec mille reflets d’onyx dans ses yeux noirs. C’est troublant de rouler ainsi. Je dois rester concentré sur ma conduite. Odélie est une jeune fille troublante. Je fais semblant de rien.

 

        Un tourment supplémentaire que semble beaucoup apprécier mon inquisitrice. Une femme voit tout. Nous passons le pont suspendu qui traverse l’estuaire entre Dornoch et Tain. Puis le pont suspendu qui traverse le second estuaire. Voilà Cromarty. Petite ville portuaire sous un soleil caniculaire. Les maisons basses. Son église au double clocher. Leurs pointes effilées pointant vers l’azur. Il faut traverser l’agglomération, prendre à droite en direction des plages. Udale Bay. C’est là que j’ai réservé notre emplacement. Notre place au bord des rochers. En contrebas, les vagues viennent s’y briser. Ce sera un agréable accompagnement nocturne. Toujours la formule des badges. Pratique et efficace. Nous irons visiter Cromarty en soirée. J’y ai réservé une table au Royal Hôtel Restaurant. Le seul restaurant gastronomique de cette petite cité fort charmante. Il faut affronter la chaleur. Notre itinéraire de randonnée est jalonné de coins ombragés. Dans le sac à dos, des pommes, la Thermos d’eau glacée. Les barres de céréales. La minuscule paire de jumelles.

 

        Coiffés de nos casquettes à visières, nos lunettes aux verres fumés sur le nez, nous voilà partis. Sutor Circular est un circuit double. L’un d’environs cinq kilomètres. L’autre en fait huit. En étudiant le plan affiché nous optons pour le premier. Principalement des chemins à l’ombre de forêts de hêtres, de chênes et de sapins. L’itinéraire débute après la maison en pierres de taille et aux volets tirés. Un chemin droit, entre deux clôtures de bois blanc. Sur plus de trois cent mètres. Enfin de l’ombre. Le chemin s’engage dans la forêt. La fraîcheur y est des plus agréables. Quelques arrêts pour nous faire des bises. Un sourire où pour échanger une impression. Une fois encore ce sentiment d’êtres seuls. Nous marchons depuis une demi heure. Nous n’avons croisé personne. Là, en contrebas, sur la droite, une série de chalets minuscules. Ce sont des abris de jardin. Ils sont entretenus mais vides. Devant l’une des cinq constructions de bois, un banc.

 

        C’est tellement agréable à l’ombre. On devine la mer pas loin au ressac des vagues contre les rochers. Il n’est que quinze heures trente. Une rasade d’eau glacée. Couchée sur le dos, sa tête sur mes cuisses, Odélie me confie la sérénité qui l’habite depuis son arrivée en Écosse. Je l’écoute en passant l’extrémité de mes doigts sur ses sourcils. << C’est génial, il n’y a personne aujourd’hui ! >> dit elle. C’est appréciable. Elle rajoute : << C’est peut-être parce qu’on est samedi ! >>. Probable. Soudain, en se cambrant, ma randonneuse retire sa culotte. Elle se redresse pour la fourrer dans la pochette avant du sac à dos. Elle s’éloigne. Je vais avoir droit à ces instants extraordinaires qu’il m’est impossible de décrire. Les vrais mots pour le faire n’existent pas. Ceux qui existent sont bien trop prosaïques. Tant pis. Odélie marche lentement, faisant plusieurs cercles. M’observant de son regard espiègle. Elle prépare son "coup". Elle s’accroupit. Me faisant face. Me fixant soudain effrontément. Mon cœur cogne dans ma poitrine.

 

         Son dos en appui contre le tronc d’un hêtre, elle écarte les cuisses. Le vertige qui m’envahit n’a rien de commun avec celui des altitudes. Mon érection se manifeste. Me rappelant que je suis fais de chair et d’os. Tordue et contrariée au fond de mon slip, je l’extrais de mon short. Quel soulagement. Je suis au spectacle mais ma complice y est également. Nous nous masturbons doucement. Le sérieux de nos visages concentrés fait quelquefois place aux sourires que nous échangeons. Ce sont des moments merveilleux. Intenses. Des papillons virevoltent autour de nous. Des gazouillis d’oiseaux invisibles. Et ce premier jet, d’une puissance surprenante, que projette ma complice. Je retiens ma respiration. C’est en apnée que j’assiste aux suivants. Odélie sait doser et elle le fait dans une sorte de cérémonial ludique. Entre chacun d’eux elle reprend sa masturbation. Mon ange m’offre encore là une prestation paradisiaque. J’aimerais hurler des << Je t’aime ! >>. Des << Merci ! >>. Ce serait sans doute ridicule mais je suis dans un tel état de confusion.

 

        Cette prestation extraordinaire dure une bonne dizaine de minutes. La "classe". Le dernier jet s’est tarit depuis quelques instants. Odélie reste dans cette position. Son regard perçant fouille jusqu’au plus profond de mon âme. Je suis presque gêné de continuer ma masturbation. Comment témoigner autrement, dans de telles situations, de mon immense admiration ? C’est animal. C’est primaire. Et pourtant c'est humain. Nous sommes toujours télépathes au bout de quelques jours ensemble. Nous sommes très certainement sur la même longueur d’ondes. Ma comparse se redresse. Une main sous sa jupette elle marche lentement dans ma direction. Assise à ma gauche, elle saisit ma turgescence. Je veux me lever pour m’accroupir entre ses jambes. Elle m’en empêche. Ça me frustre un peu. J’ai tellement envie de son bonbon. Elle le sait et a décidé de jouer de mes émois. La fille au van reste l’être le plus étonnant qu’il m’ait été donné de côtoyer. Je lui en fais part. En riant elle s’exclame : << Tu en as mis du temps avant d’arriver dans ma vie ! J'allais m'impatienter ! Me fâcher ! >>

 

        Elle rajoute : << À toi de m’offrir un truc étonnant ! >>. Elle se relève pour s’éloigner à nouveau. J’adore la voir évoluer d’un pas lent, les bras croisés. Cela correspond si peu à son dynamisme, à son tempérament agité. Je me lève. Je passe derrière les chalets. Absolument personne. C’est là que je remarque le trou parfaitement rond dans la cloison de la dernière construction. Sans doute un nœud du bois ayant séché plus rapidement et étant tombé. Je m’accroupis. Cet orifice me permet de regarder Odélie, là-bas, qui regarde partout autour d’elle. S’attendant sans doute à me voir surgir tel un satyre d’un endroit inattendu. J’ai une soudaine fulgurance. Et si je passais mon sexe dans cet orifice ? Il a juste le bon diamètre. J’y passe mon index pour constater que les bords en sont bien lisses. Aucune crainte. Je ne risque pas de me blesser. Comment attirer l’attention de ma comparse afin qu’elle dirige ses regards par ici ? J’ai une idée. C’est un mouchoir en papier déplié que je place dans l’ouverture. Je le fais bouger. Ça y est, Odélie a vu.

 

        Je retire le papier blanc. C’est mon sexe que j’introduis. Sensation étrange où se mêlent crainte, excitation et honte. Le silence presque total. Je suis collé contre les planches horizontales. Juste la bonne hauteur pour mon mètre quatre vingt quatre. Mon cœur bat la chamade, tambourinant mes tempes. Je sens ma carotide agitée des afflux sanguins répétés. Les décharges électriques qui parcourent mon échine. Que peut-il bien se passer de l’autre côté ? Est-ce son doigt qui effleure ma virilité ramollie ? Mais que se passe t-il donc ? L’attente défie ma raison. J’aimerais être des deux côtés en même temps. C’est sur ces considérations surréalistes que mon sang ne fait qu’un tour. C’est la bouche de ma voyeuse qui se referme sur la peau fripée de mon prépuce. Une ventouse d'une douceur indescriptible. La surprise fait place à l'indicible. La sensation fait place à l'éthéré. Mes mains plaquées contre la cloison, mon ventre contre la planche, je reprends de profondes inspirations. Je n’en mène vraiment pas large. C’est une dure lutte.

 

        Oui. Une authentique dure lutte ! Le terme en parfaite adéquation avec ce que je vis sur l’instant. Ce que je subis. C’est un vieux fantasme, déjà réalisé à quelques reprises, mais qu’il me semble vivre pour la première fois cet après-midi. Je me laisse faire comme un bienheureux. La position n’est pas réellement confortable. J’ai envie de hurler des << Je t’aime ! >>. Je me contente de scruter les alentours. Personne. Le miracle peut continuer. Et il continue. Je colle mon oreille contre la cloison. Je discerne de petits gloussements. Est-ce mon imagination ? Impossible de le définir. Depuis dix minutes tout est tellement subjectif. Tellement irréel. Je veux lutter. Même si le mot me répugne dans le partage, je veux "profiter". Tout cesse. L’extrémité de mon érection folle et décalottée me procure une soudaine sensation de fraîcheur. Je me retire. Je m’accroupis pour observer par l’orifice. Odélie, en me tirant la langue, de son index, me fait signe de la rejoindre. Je contourne les abris de jardin. Elle est installée sur le banc. Son téléphone à la main, se touchant.

 

        << Viens, assieds-toi ! >> me fait elle. Je m’installe à sa droite, mon sexe à la main. << Regarde, j’ai tout filmé ! >> rajoute ma surprenante comparse. Je me penche. Je n’en crois pas mes yeux. Tout ce que je voulais savoir de l’autre côté de la cloison m’est révélé maintenant. Je ne peux m’empêcher de m’écrier : << C’est trop ! C’est trop ! Tu es merveilleuse ! Je vais m'évanouir ! >>. En riant Odélie remet le film au début et me tend son appareil. << Mâte ! >> dit ma complice. Je mets les écouteurs. À peine ai-je saisis le téléphone qu’elle s’installe sur le côté. Elle reprend sa fellation alors que je découvre ce qui se déroulait de l’autre côté des planches. C’est l’instant le plus fabuleux de mon existence. Une Odélie virtuelle. Une Odélie réelle. Je reste toutefois vigilant. Ce serait trop stupide qu’un intrus viennent déchirer ce morceau de vie extraordinaire. Le film dure très exactement onze minutes et dix sept secondes. Je le regarde deux fois. Je fais des arrêts sur images. Je reviens en arrière. Quand ma compagne de jeux cesse toutes les deux trois minutes, elle demande : << C’est comment ? Dis-moi ! >>

 

        Je me contente de répondre : << Tu es adorable ! >>. Elle reprend après avoir lancé : << N’est-ce pas ! >>. Je finis par me lâcher. Dans une véritable explosion. Elle en tousse, manque de s’étouffer. De se noyer dans l’abondance impétueuse du flot des démences qu'elle a créé, suscité. Je suis au bord de l’évanouissement. Rien de tel ne m’est jamais arrivé. Ou alors dans d’autres circonstances. Odélie se redresse en essuyant les contours de sa bouche. Nous nous regardons avant d’exploser dans un fou rire. J’ai le bas de mon ventre tout congestionné. Odélie éteint son téléphone en précisant : << Tu comprendras aisément que tu n’auras jamais une copie du film ! >>. Je la rassure. Je comprends parfaitement. Je ne le demande d’ailleurs pas. Ne serait-il pas grand temps de prendre le sens du retour ? Nous nous réajustons. Odélie me saute au cou. Je la serre dans mes bras. C’est exactement en même temps que nous prononçons : << Je t’aime ! >>. Nous en rions. Nous vidons la Thermos. Je mets le sac sur le dos. Nous marchons d’un bon pas.

 

        Nous n’arrêtons pas de revenir sur cette étrange expérience. << À refaire. Absolument ! >> conclue à chaque fois mon adorable aventurière. Plusieurs arrêts bisous. Un arrêt pissous. Il va être dix huit heures quand nous revenons au Camp Park. Une douche. Il fait encore très chaud. C’est à pieds que nous longeons le sentier côtier jusqu’au port. Le restaurant s’y trouve. Il est exactement dix neuf heures trente. Notre table nous attend dans un décors traditionnel. Mêmes les rideaux sont à carreaux. Tout comme les nappes et les serviettes. Un énorme plateau de fruits de mer. La fatigue se fait sentir cruellement. Nous rions de nos bâillements. La salle n’est qu’aux trois quart pleine. Les coupes glacées, vanille et pralin nous font chavirer d’un des derniers bonheurs de cette journée. Une journée encore plus inoubliable que toutes les autres. La nuit tombante apporte enfin la fraîcheur tant attendue. Nous flânons en revenant à l’emplacement. Sous les draps, en nous caressant de tendresse, nous faisons le bilan de cette nouvelle aventure…

 

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03/12/2024

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