Duncansby Head et Wick
Duncansby Head et Wick
Cela se mêle à mon rêve. Un vent qui balaie mon visage. Je bascule du monde onirique au monde réel et pourtant cet effet venteux persiste. Je commence à deviner. À comprendre. J’ouvre les yeux. Le visage d’Odélie. C’est elle qui souffle. Une fois encore, d’être sortie du sommeil toute seule était au-dessus de ses patiences. Son sourire désarmant. << Bonjour monsieur ! >> murmure t-elle en approchant ses lèvres. J’offre les miennes en chuchotant : << Tu es adorable ! >>. Elle me renverse sur le dos pour me chevaucher. Je pose mes mains sur ses seins. Je dénoue ses cheveux. J’adore les voir encadrer ses traits. Comme un premier cadeau de cette nouvelle journée. Odélie saute du lit pour se précipiter au coin toilettes. J’allume la bouilloire, je presse les oranges. Les tranches dans le grille pain. Elle me rejoint pour prendre le relai. C’est à mon tour d’aller me soulager. Il n’est pas huit heures. Nous sommes à l’extrême Nord de l’Écosse et pourtant la température extérieure est déjà de 20°.
Nous prenons notre petit déjeuner en revisitant nos exploits de hier. << J’ai mis du temps à m’en rendre compte, mais tu es un gentil. Un vrai. C’est pour ça que je suis si bien avec toi. Que toutes les pouffes nous laissent les mecs gentils ! Qu'elles prennent tous les autres ! >> lance ma compagne de vacances. J’ouvre de grands yeux. Je ne comprends peut-être pas cette affirmation dans sa globalité. Pour moi c’est évident, et depuis toujours, il n’existe aucune forme de violence en mon être. Quand elle vient s’installer sur mes genoux, je me dépêche de placer ma dernière tartine hors de portée de ses tentatives de pillages. Peine perdue. Je me la fais dérober malgré tout. Nos lèvres sucrées et collantes de miel, s’unissent une nouvelle fois. << Et moi ? Tu me trouves chiante ou gentille ? >> me demande ma pirate tout aussi soudainement. Je réponds : << Toi ? Tu es adorable ! >>. Elle rit en changeant de position. À califourchon sur mes cuisses, ses bras autour de mon cou.
En me fixant, lascivement, Odélie passe sa langue sur ses lèvres. Pour en faire le tour plusieurs fois. << Ça t’inspire quoi ? >> demande t-elle, espiègle. Je réponds : << Des choses que la morale réprouve, mais pas nous ! >>. Je l’imite. Nos langues ne tardent pas à faire l’amour. La vaisselle. Le brossage des dents avant de revêtir nos shorts et T-shirts en lycra. Il y a de l’animation dans la Mairie. Nous entendons des éclats de voix. Nos exercices d’échauffement avant de partir en courant. Direction les falaises. Une heure d’un jogging dans un paysage époustouflant. Cette une suite de plages et de criques. Nous y descendons par un des sentiers. En trempant nos mains dans l’eau nous comprenons immédiatement pourquoi toutes ces plages sont désertes. Elle est étonnamment froide. Sans doute pas au-dessus de 15°. Pas de baignades au programme. Dommage. << On a encore jamais fait l’amour dans l’eau ! >> lance mon athlète en reprenant le rythme. Il est neuf heures trente quand nous revenons au véhicule.
La douche. Facétieuse et dans les fous rires. Odélie porte une de ses jupettes. Mauve aujourd’hui. Un T-shirt fuchsia. Je suis en short beige, T-shirt blanc. Nos sandalettes. Assise sur mes genoux, la fille au van allume le Mac. La wifi fonctionne à la perfection. Je découvre mes courriels. Je n’ai pas envie d’y répondre. << Tu ne réponds pas à ta Juliette, Roméo ? >> lance Odélie. Je hausse les épaules en la laissant répondre à ses mails. J’aime la voir écrire, concentrée, en chantonnant. Je sors des fruits du réfrigérateur afin qu’ils se mettent à température. C’est bien plus agréable dans le petit sac à dos. Il n’est pas tout à fait dix heures trente. Je m’installe au volant. Ma passagère boucle sa ceinture. Je démarre. Il y a déjà 25° dans le véhicule. C’est parti. L’étroite route longe l’océan sur notre gauche. Sur notre droite, des prés alternent avec des champs de céréales. Il y a soixante kilomètres jusqu’à Thurso. La circulation est fluide. De rares voitures. Nous y arrivons vers onze heures quinze. Des roches impressionnantes parsèment la mer.
Thurso est un bourg typique de cette région septentrionale. Son petit port de pêche. << Il y a la criée ! >> s’écrie ma passagère. En effet, il y a foule sur les quais. Je gare le véhicule. Avec un tel gabarit c’est toujours un casse-tête. << Tu comprends pourquoi je ne veux pas conduire ! >> me fait Odélie. Il faut descendre un large escalier. La marée est haute. Prendre à gauche pour rester sur le quai. Des chalutiers amarrés. Des marins en bleus de chauffe proposent leurs pêches de la nuit. Les énormes homards dont les pinces sont serrées par de gros élastiques. Des crabes tout aussi impressionnants. Des langoustes qui s’enchevêtrent dans des caisses basses. Les autochtones viennent choisir et les touristes hésitent. Des araignées de mer d’une envergure approchant le demi mètre. Odélie me tient la main. La brise du large emmène les effluves parfumées de l’océan. Nous faisons le tour de ce marché pittoresque. On y entend toutes les langues des pays du Nord. Parfois les accents gutturaux de quelques Allemands égarés.
Il faut remonter au camping car. De l’autre côté de la route une supérette. Bonne idée d’y acheter deux baguettes pour les sandwichs de midi. En Écosse, les pains français n’en ont que la dénomination. Ils se rapprocheraient bien davantage de la brioche. De la chance. Il n’en reste que deux. Des filets de saumon sous vide. Un gros melon. Nous préparons les sandwichs avant de repartir. Cette fois beurrés. J’étale les filets de saumon. Odélie y dépose de fines rondelles de tomates. Je m’assure que les petites cuillères à moka sont toujours bien dans la pochette. Avec des serviettes. C’est reparti. Vingt kilomètres jusqu’à la pointe de Duncansby Head. L’aire de stationnement est vaste. Plein de voitures, de vans et de caravanes. L’endroit est un haut lieu touristique. Le grand phare blanc, carré, prolongé de remparts crénelés ne se visite pas. Sa silhouette dénote dans cet environnement sauvage. Le vacarme des vagues qui se brisent aux pieds des falaises. Le cri strident des mouettes et autres oiseaux de mer. C’est le royaume des macareux.
Nous nous tenons par la main en parcourant le sentier côtier. Les falaises sont vertigineuses. Tout en bas l’océan qui vient se fracasser contre la roche granitique. On aperçoit les maisons blanches de John o’Groats, le village sur l’autre falaise. De l'autre côté de la baie. Tout ici est hors normes. Au-delà de l’entendement humain. Nous sommes au point le plus élevé au Nord-Est du Royaume Unis. Toujours dans le comté des Highlands. Odélie filme. Je suis contre son dos, mes bras autour de sa taille. Nos cheveux défaits par le vent. Au loin, on distingue les premières terres des Orcades. Nous cherchons à nous abriter des bourrasques derrière la maison du gardien. Sous le haut mur crénelé de couleur ocre. Les sandwichs sont dans le sac à dos que je porte. Il est midi et demi. Nous décidons de repartir. Manger à l’abri de ce vent furieux. C’est reparti. Direction Wick où j’ai réservé un emplacement. Il n’y a que vingt kilomètres. La faim nous tenaille mais nous faisons preuve de patience. Il faut remettre la climatisation.
Le paysage a cessé d’être montagneux et accidenté. Ce sont à présent des successions de cultures agricoles. D’incroyables quantités de moutons dont les troupeaux doivent compter parfois plus de deux cent individus. Ils faut s’arrêter pour les laisser traverser la route. Je gare le véhicule sur une aire de stationnement. C’est l’estuaire du Moray Firth qu’il faudra franchir par le long pont à arches que l’on distingue au loin. Nous descendons un escalier abrupte, taillé dans la roche. Nous longeons le sentier pour nous isoler des groupes de touristes. Nous ne marchons pas longtemps. L’endroit idéal se présente en contrebas. Derrière de hauts bosquets, caché du sentier. Une petite crique de sable clair entourée de rochers. Comme autant de silhouettes de guerriers Pictes figés là pour l’éternité. Assis en tailleurs sur le sable nous pouvons enfin savourer nos brugnons, nos abricots et les délicieux sandwichs. La chaleur est accablante. Fort heureusement les bosquets nous offrent leurs ombres salvatrices. Odélie coupe le melon. D’abord en deux pour l’évider de ses pépins. Puis en quatre. Quel délice. Juste à point.
Je suis couché sur le dos. Ma compagne d’aventures contre moi, sa tête dans le creux de mon épaule. Silencieux nous glissons dans les voluptés grisantes de la sensualité. Nos mains se promènent. Partant à l’aventure. Se glissent sous nos vêtements pour d’étonnantes découvertes. Nous faisons le bilan de ces cinq journées ensemble. Odélie me confie l’enchaînement continu des plaisirs de ce voyage. << Rien ne sera plus comme avant. Je relativise avec tout ce que je connais ! Tout ce que j’ai connu ! >> précise t-elle à deux reprises. Elle se contorsionne soudain. C’est pour retirer sa culotte. << Rajouter du plaisir au plaisir est le nec plus ultra ! >> lance t-elle en se positionnant sur moi. Je retrouve mon écuyère. Elle regarde partout autour de nous. On ne peut nous voir que depuis les eaux de l’estuaire. Mais les embarcations sont loin du bord. Nous mimons l’amour avant de le faire. Le bonheur est total. C’est merveilleux de converser en nous berçant. De rester parfaitement lucides apporte ce supplément de piment que nous apprécions.
Quand Odélie se relève, se retire, c’est pour avancer son intimité au-dessus de mon visage. Je suis aux anges avec mon ange. Dans un enchantement paradisiaque. Le cri de quelques mouettes brise parfois le silence. De son plaisir double, ma cavalière pousse de discrets gémissements à peine audibles. Même si parfois elle s’oublie de tout son poids sur ma face, mon ressenti est comparable au sien. Elle change encore de position. Penchée en avant, elle gobe ma turgescence. Nous nous savourons dans les plus exquises voluptés. Reprenant sa position initiale, ma partenaire de jeux reprend sa chevauchée. Je caresse ses reins, ses hanches, ses seins avant de prendre ses mains. << On se garde pour ce soir, comme hier, tu veux ? >> me fait elle alors que son mouvement s’accélère. Elle joue avec les limites. Moi aussi. Elle se retire. Se couche sur moi pour m’embrasser avec fougue. S’allongeant à ma gauche elle dit : << Je suis si bien avec toi. Tout le temps. Rien ne m’agace chez toi ! >>. Nous en rions de bon cœur.
Il va être seize heures trente. Nous ramassons nos affaires. Qu’il est agréable de revenir sur nos pas et de continuer en direction des ruines que l’on distingue sur leur éperon rocheux. Nos mains caressent nos corps à chaque arrêt où nous nous embrassons. Nos mentons en sont trempés de salive. Ils ne sont d’ailleurs pas les seuls à êtres trempés. Il est dix huit heures quand nous revenons au camping car. Il faut remettre la climatisation. La circulation se densifie en approchant du grand pont médiévale qui traverse l’estuaire. C’est un grand village. De hautes maisons en pierres de taille. Il faut garer le véhicule sur le parking extérieur. Obligatoire. C’est à pieds que nous pénétrons dans la rue principale. Il y a du monde. Nous flânons. La lecture des menus affichés s’avèrent fort intéressante, éveillant nos appétits. Nous réservons une table au Loch Mount. Un établissement hôtelier au bord d’un grand étang bordé de saules. Des bancs. Un parc. De quoi partir à la découverte après le repas. La priorité est ailleurs.
Il faut retourner au véhicule. Contourner la ville. J’ai réservé un emplacement. Hillside Auckengill Campsite propose un parc à camping cars. Chaque emplacement est bordé de pierres dressées à la manière de petits menhirs. La vue sur l’océan. Hélas sans ombre. Et le soleil tape encore à dix neuf heures quinze. Notre lieu de stationnement porte le numéro 11. Je me débrouille toujours pour que ce nombre apparaisse au moins une fois, chaque jour de ma vie. Ce qui amuse beaucoup ma complice. Il faut traverser l’aire des stationnements pour arriver aux bâtiments des sanitaires. Nous allons visiter. C’est hyper propre. Une rapide douche et nous voilà prêts à nos investigations du soir. Animés d’une faim de loups. Notre table nous attend. Où sont passés tous les touristes vus il y a deux heures ? Mystère car la salle est à moitié vide. Une vingtaine de tables. Une compote de légumes, absolument divine, accompagne des queues de langouste grillées. Belle récompense. Les coupes glacées sont sublimes.
L’addition. Le soleil ne va pas tarder à disparaitre au dessus des basses terres. Nous flânons dans les ruelles animées. Wick est plus grand qu’il n’y parait. Village portuaire au calme enchanteur. C’est sur les quais qu’Odélie me saute au cou. Je la soulève pour la faire tourner. Je l’entraîne vers les amoncellements de filets de pêches. Il y a là des empilements de palettes en bois, de gros flotteurs, des caisses. Un petit labyrinthe où se cacher des éventuels regards. Je l’assois sur une des caisses. Je saisis ses chevilles pour la faire basculer. La voilà en appui sur ses coudes, à rire. La culotte est resté dans le camping car. Je penche ma tête pour poser ma bouche exactement sur son bouton. << Tu es fou ! >> s’exclame t-elle d’une voix très peu convaincante. Dommage qu’il subsiste les parfums et un arrière goût de gel douche à l’aloa. Je fouille les plis et les replis des lèvres de son intimité avec ma langue gourmande. J’adore les petits cris d’animal blessé. Parfois, au loin, des éclats de voix, des rires. Personne n’aurait idée de venir par là.
J’offre à Odélie un de ces moments particuliers où le sublime le dispute au divin. Je ruse parfaitement. Aux premières contorsions de son bassin, je cesse. Les poils chatouillent mon nez. Je retire ceux qui restent coincés entre mes dents. Je reprends mes ablutions. J’ai droit à un concerto pour une voix. Des modulations au La 432 plutôt qu’au La 440. Ma chanteuse est dans le registre soprano. Le final est grandiose. Ma Diva me repousse en s’écriant : << Attention ! >>. Je m’écarte juste à temps. Bat-elle un autre record ? Je me souviens de notre visite au moulin l’an dernier. Je crois bien que cette fois c’est digne du Guiness Book car les jets maculent les caisses derrière moi. À au moins trois mètres. Dans un bruit sourd. J’adore voir son expression gênée. J’applaudis : << Bravo ! >>. Je la rejoins. Elle ne s’y attend évidemment pas. Je tiens un mouchoir à la main pour faire diversion. À peine suis-je à nouveau entre ses cuisses que je me penche pour y coller ma bouche. J’adore quand elle tente de m’en empêcher. Vainement, une vingtaine de secondes d’une lutte peu convaincante.
Ça ruisselle sur mes baskets. Mes chaussettes. Je me régale. La position est idéale. Juste à la bonne hauteur. Pas de douleurs cervicales. Pas de crampes dans la nuque. Mes lombaires n’en souffrent pas. C’est donc de la délectation pure. Les petits cris reprennent. Le second orgasme s’annonce. Il arrive bien plus rapidement. Bien trop rapidement parce que c’est une de mes préférences. J’aime tant faire durer. Ma cantatrice se lâche dans une appoggiature brève, probablement en Ut mineur. Rien ne me procure autant de satisfaction que les tremblements de l’intérieur de ses cuisses contre mes joues. C’est chaud. J’en frissonne. La nuit est tombée. Ce sont les lampadaires de la route qui nous éclairent. J’aide Odélie à redescendre de scène. Elle me saute au cou pour s’écrier : << Tu me rends folle ! >>. Elle hume ma bouche avant de rajouter : << Ça sent moi ! >>. Nous quittons l’endroit pour revenir par les quais. Arrivés en haut de l’escalier, ma comparse passe ses bras autour de mon cou pour dire : << Tu sais que je t’aime toi ? >>
Je réponds : << Ah bon ? C’est tout comme moi alors ! >>. Prétexte à un nouveau baiser. La traversée du vieux pont séculaire est une plongée dans le romantisme de l’âge médiévale. Tel que nous le ré-imaginons avec nos sens d’humains du vingt et unième siècle. Nous arrivons pour vingt trois heures. Hillside Auckengill Campsite est plongé dans le silence. Pas un murmure. Pas un souffle de vent. Un chat blanc taché de noir s’approche. Nous le caressons. Il nous laisse pour continuer à rôder. Une rapide toilette. Sous les draps, comme les deux pièces d’un puzzle, nous revenons sur nos folies de la soirée. J’entends cette question récurrente : << Et toi ? >>. Je rassure ma complice : << Que pourrais-tu bien m’offrir que je ne possède déjà ! >>. J’adore sentir son corps se relâcher. En même temps que change le rythme de sa respiration. Je lutte encore un peu contre le sommeil pour la regarder s’endormir. Deviner les formes de son visage. Dans la pénombre d’une nuit sans lune. Je sombre dans l’évanescence…
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