L'ECRIT DE JOIE

L'ECRIT DE JOIE

Estelle, la jeune fille du conservatoire (Episode 3)

 
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                                            Deux mois de vacances se sont écoulés

Nous sommes déjà le seize septembre. C'est le jour de la rentrée pour les élèves de l'école privée de musique. Je me réjouis pour retrouver la plupart de mes élèves de l’an passé. Depuis plus de deux mois je pense souvent à quelques bons moments passés en leur compagnie. Je suis également à me réjouir pour accueillir les nouveaux venus dont j’ai consulté les dossiers le jour de la pré-rentrée. Mes deux mois en Écosse m'ont donné une pêche d'enfer. La pré rentrée est une responsabilité que je soigne tout particulièrement. Une première approche.

Mes cours ont toujours lieu en soirée de dix huit heures à vingt à vingt heures. Ma classe est composée de huit à dix élèves. Des élèves répartis en fonction de leurs âges et de leurs niveaux. Je n’interviens que le mardi soir et le jeudi soir. C'est un remplacement. Mon ami, directeur de l'établissement, ne cesse de me remercier pour ce service. Je le rassure. C'est pour moi un véritable plaisir. Je n'ai jamais été très pédagogue et cette expérience est extrêmement enrichissante. Sans même évoquer le côté ludique qui m'enchante.

En ce mardi soir j’ai le plaisir d’accueillir, pour sa première année Estelle. Estelle, une des plus brillantes élèves de l'école. Toujours très concentrée, cachée derrière son violoncelle et son pupitre, la jeune fille sait cultiver la discrétion. C’est sa première véritable année à mes cours. A l’étude de son dossier je découvre une personne très bien notée. Douée. Nous nous sommes rencontrés lors de deux anniversaires. Le sien en mars, celui de Jonathan en juin. Estelle participe de temps à autre à certains cours de solfège dans différentes classes de l'école.

A la fin du cours, à vingt heures, seul dans la classe, assis derrière le bureau, terminant de ranger des partitions, je suis affairé. Abstrait dans quelques considérations personnelles. L’esprit occupé par mes classements. Soudain quelques coups frappés à la porte brisent le silence. Je m'écrie : << Oui , entrez ! >>. Je ne lève pas immédiatement la tête.

Quelle n'est pas ma surprise de voir entrer Estelle. La jeune fille, vêtue d’un pantalon noir, d’un pull bleu sous une veste noire, chaussée de mocassins s’assoit sur une chaise devant moi. Ses longs cheveux attachés en catogan. << Je ne vous dérange pas ? >> me demande t-elle. Je réponds : << Pas le moins du monde ! Que puis-je pour vous chère Estelle ? >>. Il y a un long silence durant lequel je continue mon labeur. Il m'est difficile dans ces fonctions d'assurer deux choses différentes dans la même situation.

La jeune fille reste muette pendant un long moment. Parfois, en levant les yeux, je la découvre embarrassée. Elle regarde ses mains. Je vois bien que quelque chose la tourmente. Estelle cherche ses mots. << Vous vous souvenez, au mois de juin, la soirée "jazz" pour l’anniversaire de Jonathan ? >> me demande t-elle. Je réponds immédiatement : << Bien sûr, je m’en souviens très bien ! Je me souviens également de la soirée de votre anniversaire, au mois de mars ! Comme cela semble déjà loin. >. Ces mots la font soupirer d'aise.

Après un nouveau moment de silence Estelle lève la tête pour me fixer longuement. Je sens le profond embarras de la jeune fille. Je comprends qu’elle lutte pour surmonter un sentiment que je ne perçois absolument pas. Il y a comme une inhibition qu’il lui faut surmonter. Cette situation m’amuse. Qu’est-ce qui peut donc causer tant de tourments ? Bien évidemment j'ai l'âge de son père. Estelle ne peut pas me considérer tout à fait comme un camarade d'anniversaire. Il y a également l'autorité que me confère ma qualité de professeur. Je me dois de prendre en compte tous ces paramètres.

<< Vous vous souvenez de ces plaisanteries sur l’apprentissage de la flûte ? >> me lance t-elle soudain d’une voix sèche. J'avale de travers. Je reste interrogateur avant de répondre : << Oui, bien sûr. De simples plaisanteries de fin de soirées ! Avez-vous été choquée par une chose particulière ? Importunée ? >>. Avec les filles, surtout depuis quelques années, on ne sait plus vraiment sur quelle musique danser. Il y a un nouveau moment de silence. A quelques reprises Estelle veut parler. Il n’y a qu’un soupir. Mais où veut-elle en venir ? Je suis prêt à perdre patience. Ces attitudes m'énervent. Je ne suis pas pédagogue. Encore moins psychanalyste.

La jeune fille se lève. Elle s’empare de sa chaise et s’approche du bureau pour s’assoir plus près de moi. Elle me fixe à présent attentivement. Puis, prononçant chaque syllabe avec soin, comme souvent lorsqu’elle exprime une idée, elle martèle : << Mais moi je ne plaisantais pas monsieur. J’étais très sérieuse et je le suis toujours. Je veux réellement découvrir cette situation. Réellement. Et avec vous ! >>. J'avale de travers. Je fais semblant de me concentrer sur la partition que je tiens à la main. C'est à mon tour d'être terriblement troublé. Je sais à quoi elle fait allusion. Je la trouve soudain très jeune. Je me sens soudain responsable. Adulte. Je fais celui qui ne capte pas. Je fais l'âne pour avoir du foin.

Je reste silencieux. Longuement. Mon regard erre des yeux de la jeune fille à mes mains. C’est à mon tour d’être dans un terrible embarras. Estelle semble suspendue à mes lèvres. Elle attend que je daigne enfin m’exprimer. Je marmonne les notes de la partition en chantonnant. J'essaie de donner le change. De faire semblant de parfaitement contrôler la situation. Au bout d’une bonne dizaine de minutes je me lève. Je déglutis avec peine. Je me mets à marcher autour du bureau. Les mains derrière le dos. Je me sens ridicule en interprétant ce rôle. Enfin j’exprime ma pensée. J’ai, me semble t-il, trouvé les termes justes. Ils défilent dans ma pensée. J'en fais le dernier inventaire avant de les exprimer.

Je m'entends prononcer ces mots d'une voix sentencieuse : << Estelle, vous avez dix huit ans et demi, vous êtes jeune, je pourrais très certainement être votre père. Pourquoi ne pas découvrir toutes ces choses avec un jeune homme dont l’âge serait plus en rapport ? Vous êtes belle et j’ai remarqué que vous ne laissiez pas les jeunes gens indifférents ! Votre charme est certain ! >>. C'est tout juste si elle n'éclate pas de rire. Je la vois se pincer les lèvres. Elle est à deux doigts de répéter chacun de mes mots pour caricaturer mon ton moraliste. Je dois admettre que moi-même je ne crois pas un seul instant à ce que je raconte là ! Mais j'ai l'obligation morale d'assurer...

Estelle garde le silence longuement. Analysant sans doute mes paroles et ma façon de voir les choses. Puis, me regardant dans les yeux, elle me dit d’une voix presque autoritaire : << Je voudrais vraiment que ce soit vous et personne d’autre. Maintenant, si cela pose problème, je vous demande de m’excuser, je n’en parlerais plus jamais et vous demanderais d’oublier tout ça ! >>. Je ne suis qu'un homme. Tout au fond de moi, derrière le moraliste, apparaît le vieux mâle libidineux. Cet homme des cavernes dont certaines femmes aiment à réveiller les instincts. Souvent par jeux pour la plupart mais plus profondément pour les plus aventurières. Mes préférées !

Estelle se lève pour quitter la salle en rajoutant : << J’ai dis à ma mère de venir me chercher à vingt heures trente plutôt qu’à vingt heures. Il fallait que je vous parle de tout "ça". Cela m’a travaillé l’esprit tout l’été. Je pense que maman est déjà en bas. Je vous souhaite une bonne soirée monsieur et je vous dis à jeudi soir. Excusez-moi pour tout ! >>. Elle se dirige d'un pas décidé vers la porte. Le claquement sec de ses talons lorsqu'elle l'ouvre pour m'adresser un dernier regard d'un étonnant sérieux. Je reste avec un sentiment de culpabilité. Je me trouve responsable de cette situation. Après tout, ce sont mes jeux de braguette qui ont allumé cette jeune fille d'excellente famille. Un sentiment curieux. Tous les instants hyper excitants vécus lors des deux soirées d'anniversaires défilent dans mon esprit. Je suis en érection.

A mon tour je me lève. Je veux détendre l’atmosphère. Rien ne m’est plus pénible que de causer de la contrariété. Estelle est debout devant la porte. Silencieuse. Elle exige une réponse. Je n'ai jamais été aussi embarrassé. Elle ne me laisse pas le choix. Comme je suis lâche ! Un homme quoi ! Je réunis tout mon courage pour lancer : << Estelle, nous allons parler de tout cela devant un bon repas, dans un petit restaurant. Essayez de vous libérer un jour ou un soir de votre choix. Dès que cela est possible prévenez-moi ! Voilà mon numéro de portable. Passez une bonne fin de soirée. >>. Elle se précipite vers moi, toute contente pour récupérer ma carte, mon numéro, mon mail.

<< Je suis folle de joie ! Et le restaurant en plus ! La totale ! >> fait la jeune fille en filant après m’avoir fait le plus merveilleux sourire. << Au revoir monsieur ! >> fait elle encore avant de disparaître en sautillant de joie. Il reste le bruit de la porte. Je regarde la poignée comme hypnotisé. Tétanisé. Je reste là, presque consterné par ce que je viens de vivre ce soir. Je ne m’attendais absolument pas à cela. De plus c'est comme si je n'avais pas la conscience tranquille. Je dois me raisonner. Qu'ai-je fait de mal ? Rien ! Et je n'en n'ai pas l'intention...

Le lendemain vers midi trente la musique imbécile de mon téléphone. Je décroche. Je vous le donne Émile. Vous aurez deviné. C’est Estelle ! << Samedi, à partir de midi, je suis libre jusqu’au soir vingt deux heures. Rassurez-vous, tout est clair et je suis majeure ! Est-ce que ça va pour vous ? >> Je reste pantois. Mon cour bat la chamade comme celui d'un adolescent devant son premier rendez-vous. Reprenant mes esprits au bout d’une dizaine de secondes, je m’entends répondre : << Oui , bien sûr, pour moi, c’est sans problème ! >> C’était évidemment un mensonge. Comment cela pourrait-il exister dans mon existence sans poser un problème de conscience. Je culpabilise...

<< C’est super ! Je serais devant l’entrée du Musée des Beaux-Arts, pour midi ! Je vous laisse, je suis au restaurant universitaire, je n’ai pas trop de temps et presque plus d’unités. A samedi ! >> conclue la jeune fille sans me laisser le temps de rajouter quoi que ce soit. Je reste une nouvelle fois méditatif. J’observe longuement mon téléphone. La rapidité avec laquelle les évènements s’imbriquent, s’enchaînent, ne cessent de me surprendre. Décidément, lorsqu’une fille a quelque chose dans la tête ! J'erre dans la maison. Je pèse le pour et le contre. La raison de l'adulte responsable contre la libido de l'homme des cavernes. Je ne suis qu'un mec. Je sais déjà lequel va gagner. Put-Hein, quelle histoire ! Dans quoi me suis-je encore fourré ?

Finalement, je me réjouis pour samedi. L’irruption dans mon existence ritualisée de cette opportunité m’amuse à présent. Après tout, comme me elle me la signifié Estelle est une fille majeure ! Où est le soucis ? Nous sommes déjà mercredi. Très rapidement arrive le jeudi soir. À dix neuf heures Estelle prend place derrière son pupitre et son violoncelle. Personne ne peut se douter de notre projet. Si discrète, si secrète, la jeune fille ne manifeste aucune émotion particulière. Peut-être ses yeux, lorsque je croise son regard, brillent-ils d’un éclat particulier. Mais suis-je réellement objectif ? Au fond de moi se mêle la honte, l'inhibition, de la timidité, de l'excitation. Pas de doute, je sais lequel des deux hommes a gagné au fond de moi.

À la fin du cours les huit élèves présents me saluent avant de partir. A nouveau je reste seul à ranger les documents. Trois coups frappés à la porte résonnent dans le silence. Je lance : << Oui , entrez ! >>. Une fois encore, plongé dans mes classements, je suis loin de me douter de la surprise. Décidément le destin a décidé de secouer un peu de ma petite vie tranquille et bien "rangée". Depuis le décès de mon ancienne compagne il y a quatre ans s'enchaînent les plus invraisemblables aventures. Je ne suis plus que la victime des évènements. Je ne crois pas au hasard. Est-ce marqué sur mon front, en lettres uniquement visibles par les aventurières un peu délurées, "Coquin en liberté" ?

C’est évidemment Estelle qui entre. << Je vous dérange ? >> me demande t-elle. Je réponds : << Non non , pas du tout ! >>. Estelle s’assoit sur une chaise pour me dire : << Est-ce que ça marche toujours pour samedi ? Vous êtes toujours d’accord ? >>. Je la rassure. Je lui réponds par l’affirmative : << Bien sûr Estelle. Nous irons manger dans un petit restaurant à l’extérieur de la ville. Un endroit exquis qui je l’espère saura vous séduire ! >>. Je découvre dans ses yeux une satisfaction qui reflète l'idée fixe qui l'habite depuis ma proposition de mardi soir. Le restaurant avec moi.

Une minute d’un pesant silence s’écoule. << Comme je suis heureuse ! C’est ma première invitation au restaurant ! Vous n’imaginez pas comme je suis contente ! >> me fait Estelle avec un ravissement qu’il lui est difficile de dissimuler. Son regard amusé, espiègle, mutin, par en-dessous, me fait bouillir le ventre. Je sens une raideur qui tente de se dérouler au fond de mon slip. Je dois absolument rester assis. Je dois absolument continuer à faire semblant d'annoter des partitions. Faire mine de me concentrer sur des choses essentielles et importantes. Estelle est une fille. Comment pourrait-elle être dupe de mon numéro de bluffe éhonté ? Je n'y crois pas moi-même.

Estelle se lève et me dit encore avant de filer : << Il faut que j’y aille, maman m’attend en bas ! Au revoir ! Samedi, midi, devant le Musée ! >>. La jeune fille rajoute encore : << J’ai pensé tout l’été à ce qui s’était passé, lorsque vous étiez assis à côté de moi sur le canapé ! C’était les plus beaux moments, wouah ! >>. Puis comme une voleuse, son coup fait, Estelle sans attendre une réponse, se dépêche de disparaître. Je suis sous le coup d'une émotion indescriptible. Cette révélation me donne des vertiges. J'ai la confirmation que la voyeuse était entrée dans mon jeu dès la première fois. Lorsque j'étais assis à ses côtés, sur le canapé, à contracter mes muscles fessiers pour faire bouger mon sexe dans ma braguette. Cette prise de conscience m'excite soudain au plus haut degré. Je sors ma bite sous le bureau.

Je l’entends courir dans le couloir puis dévaler les escaliers. J’entends une portière de voiture claquer et un moteur démarrer. Je reste longtemps assis, immobile et pensif, mon sexe dans la main ! Je regarde la chaise où était assise la jeune fille. Mais dans quoi je me suis encore fourré ?

Samedi arrivera très vite ! Après demain…                               
 
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29/07/2014

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