L'ECRIT DE JOIE

L'ECRIT DE JOIE

Gloryhole - Épisode 2

                                         La tournée de contrôle et d'entretien

 

C’est bien beau de percer des trous un peu partout, encore faut-il procéder à leurs entretiens. Moi qui aime à la fois créer et randonner, j'allie ces deux plaisirs dans une véritable exubérance de moyens et d'enthousiasme. C’est une activité importante, sérieuse et ludique. Surtout si on aime la randonnée autant que le bricolage. Il est donc très important d’organiser régulièrement des tournées. Assurer en quelque sorte un service "après vente". Je ne saurais conseiller de bien préparer les itinéraires ainsi que le matériel nécessaire aux éventuels réparations. Les créateurs trouveront ci-dessous la façon dont je procède. Ma bonne amie Anne-Marie se propose quelquefois de m'accompagner. Elle est dans une vie professionnelle qui ne permet pas les excursions en journée. Je lui promets de nous organiser une randonnée un samedi ou un dimanche en après-midi. Cela conviendrait parfaitement à cette jeune femme qui aime bricoler. Très "démerde".

 

Un de ces prochains dimanches de printemps, avec le retour du soleil, je vais d'ailleurs partir en randonnée dès la fin du repas. En écrivant ces lignes je me souviens de ce magnifique printemps 2013. Il a fait beau dès la fin du mois de mars. De beaux souvenirs. Je suis un homme pragmatique. J’organise toujours tout de façon rationnel. Il en va de même pour mes randonnées, mes parcours de contrôles. J’emprunte mes sentiers préférés selon un itinéraire très précis et élaboré depuis quelques années. Dans la région, les sentiers sont soigneusement balisés. L’application Google earth installée sur mon I-phone me permet les repérages les plus précis. Mais je n’hésite pas emmener une boussole. Ma bonne vieille méthode à l’ancienne. Infaillible. Il faut me voir, tel un personnage de Jules Vernes au détour d'un chemin escarpé, la carte en mains que j'étudie avec méthode. Vêtu en aventurier tel un Indiana Jones, je franchis ronces, ornières, épineux et broussailles à coups de machette imaginaire.

 

Dans mon sac à dos, en plus de ma bouteille d’eau d’un litre et demi, "Cristalline", mes barres de céréales, mes fruits frais, j’ai ma petite perceuse Black & Decker. Dans l'étui en cuir, il y a les feuilles de papier à poncer et un tube de peinture acrylique "Terre de Sienne". Je recommande la qualité picturale supérieure que propose la fabrique artisanale BLOCKX. Maison familiale Belges. Les pigments utilisés sont minéraux à 100 %. Aucune matière de charge n’est rajoutée. La pureté absolue. Il ne faut pas oublier deux pinceaux. Un pinceau fin, pointu, et un pinceau plus large et plat. Un jeu de mèches de 5 à 10 millimètres de diamètre. Et surtout cette mèche large appelée "cloche" de 5 centimètres de diamètre qui permet de finaliser. Pourquoi la peinture ? Les raisons en sont simples. Il faut quelquefois procéder à des retouches. La teinture "Terre de Sienne" a l'avantage d'imiter très facilement les surfaces des bois exposés aux ultra violets de la lumière. Il suffit de la diluer plus ou moins avec de l'eau pour trouver la teinte idéale. L'acrylique séchant très vite, surtout en extérieurs, on peu revenir indéfiniment jusqu'à trouver la couleur souhaitée. Activité ludique.

 

Je vais parcourir un de mes itinéraires. Il y en a plusieurs. Je procède par logique. Je commencerai par le sentier le plus ancien. Celui que j'ai jalonné de mes toutes premières créations. Ce sont des itinéraires élaborés avec soin et passion. Celui de ce premier dimanche de printemps va me conduire le long des stations où j’ai installé mes trous. Comme je l’ai précisé dans le premier opus, ici même, sur cet épatant forum, j’ai les ai tous fabriqué moi-même. Créés avec un soin maniaque, avec l’obstination de l’artisan qui cent fois remet son ouvrage sur le métier. Une sorte de trouble obsessionnel compulsif pour les choses bien faites. Y compris ces orifices parfaitement ronds de cinq centimètres de diamètre. Je mesure convenablement la hauteur depuis le sol. Je me suis fixé la mesure standard de 80 centimètres. Chaque trou est tracé au compas. Avec une rigueur géométrique autant qu'arithmétique. Une ouverture de compas d'exactement 2,5 cm. Au téléphone, Anne-Marie s'excuse de ne pouvoir m'accompagner dans les prochains temps. Elle le déplore mais ce sont des raisons personnelles et privées.

 

Je procède à la manière d'un menuisier. Au préalable je ponce soigneusement la surface du support. Afin de lui donner le poli ivoirin d'un miroir. Ma passion pour l'Art trouve dans ces créations le prétexte à quelques exaltations propres aux génies. Mes trous ont leur Salvador Dali. Leur Rembrandt. Disposés le long d’un circuit balisé, ces ouvertures circulaires, secrètes et discrètes, méritent une attention particulière. Il faut penser à les entretenir. Leurs diamètres de cinq centimètres doivent rester nets et précis. Les changements climatiques peuvent gravement altérer leurs présentations. Les taux hygrométriques peuvent gravement affecter leurs bords. Il faut alors supprimer les échardes qui ne manquent pas de se former après les pluies. Des échardes qui peuvent cruellement blesser. Il suffit souvent d’un hiver froid pour que les fibres du bois se resserrent. Puis se redressent. De la pluie et les conditions critiques sont réunies. La douceur revenue, les fibres auront gonflé au risque de se briser une fois sèches. Je me souviens de cette fin d'après-midi de l'été 2010 où Christine, avec une pince à épiler, me retirait les échardes à l'aide d'une loupe. J'en garde un cuisant et surtout "piquant" souvenir.

 

Aussi, c’est à l’aide d'une feuille de papier à poncer de grain 000, que je peaufine les arrêtes, les bords de mes trous. Avec la peinture acrylique "Terre de Sienne", je peux procéder aux retouches ultimes éventuelles. Car avec le frottement manuel les éclats s'envolent. Laissent apparaître des parties plus claires. Il est important de respecter les couleurs de l’environnement naturel. Teintes "bois". Même si pour moi l’écologie reste une amusante hérésie destinée à remplir les poches d’une bande de crapules facétieuses, je reste désireux de respecter la couleur locale. Nul besoin d'être un écologiste de salon parisien pour entretenir son environnement. Les teintes naturelles. Il n’est nul besoin d’adhérer à des thèses fumeuses pour apprécier des paysages harmonieux. Parfois, lorsque le support est constitué d'un bois ancien, souvent du hêtre, il m'arrive de passer une sous couche de Gesso pour boucher les pores. Recouvert de teinture il reste invisible.

 

Voilà mon support apte à être travaillé en profondeur. Avec la perceuse, ma fidèle Black & Decker, je peux agrandir un trou éventuellement bouché pour différentes raisons. Pousses sauvages de bosquets. Interventions humaines non souhaitées. Effondrements ou encore occlusions végétales. Pleins de facteurs différents, souvent naturels, peuvent êtres les causes de destructions inévitables. Récemment j’ai été obligé d’enlever des ronces, d’arracher du liseron, d’en retirer les fleurs grimpantes. J’ai également redressé une palissade s’étant écroulée. Sans même relater la fois où j'ai abandonné mon trou habité par un couple d'écureuils. Inutile de déranger ces adorables petites bêtes dont je devinais l'inquiétude en voyant arriver Indiana Jones. J'ai fait un grand détour. En revenant deux semaines plus tard, ils avaient déménagé. J'ai apprécié leur façon d'aménager cet appartement à présent inoccupé. Il est redevenu un trou fonctionnel.

 

Je me rappelle de cette année 2009 où je perçais encore mes premiers trous à la Dremel 3000. C'était long et parfois fastidieux. Je déconseille cet outil pour les grosses besognes. Par contre pour les finitions la Dremel reste le must. Ce sont des après-midi d'exercices physiques gratifiants. Je respire. Je suis au grand air. Je grignote des fruits, je bois de l'eau. Je chantonne. Je salue les promeneurs que je croise. Mes randonnées "Trous" sont de grands moments d'aventures. J’en profite également pour vérifier si les indications mises en place au moment de la création sont toujours fixées aux bons endroits. En effet, c’est un code particulier. Un "message codé" qui permet aux promeneuses "motivées" de retrouver leurs trous préférés. Selon leurs désirs du jour. Certains spécimens de la gente féminine aiment à revenir sur le lieu de leurs découvertes. Hélas, je ne peux pas être partout à la fois. Il n’y a donc le plus souvent personne pour animer le lieu. Pour recevoir ces randonneuses esseulées. Je le déplore mais je crois avoir trouvé un principe simple pour indiquer la date de mon prochain passage.

 

Dans les récits à venir, je ne manquerais pas d’informer les lectrices captivées par l'éventualité d'une expérience de l’avancée de mes pérégrinations. À l’aide d’informations codées et très précises. Un peu comme un "mot de passe". En voilà un exemple : "Le limaçon replié dans son antre n'attend que la ventouse". Écrit au pyrograveur sur un panonceau discret vissé sur le tronc d'un acacias à l'entrée du sentier des bois. Et une série d'indications chiffrées...

 

Votre obligé

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08/12/2023

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