L'ECRIT DE JOIE

L'ECRIT DE JOIE

L'anniversaire

                                                        L’anniversaire

 

        La grasse matinée de ce dimanche est interrompue par l’irrépressible besoin naturel. C’est particulièrement frustrant. Nous sommes à nous câliner. À échanger les souvenirs que laisse notre randonnée de hier après-midi. Les moments heureux partagés dans un des bâtiments des anciennes tuileries. Nos passions, nos plaisirs ont transformé cet endroit lugubre en espace ludique durant un peu plus d’une heure. Nous n’arrivons même plus à nous rappeler de la durée de ceux-ci. Malgré nos efforts, en faisant les fous sous les draps. Ce qui nous amuse. Odélie me chatouille. Elle fait preuve d’une force extraordinaire lorsque je tente de me soustraire à ses élans tactiles. Nos vessies sont prêtes à exploser. Il faut affronter la fraîcheur de la chambre. Anticiper la distance jusqu’à la porte. D’un bond nous nous précipitons. Il fait bien chaud partout ailleurs. Je vais à la salle de bain pendant que ma comparse se rend aux toilettes. Nous permutons.

 

        Pas d’entraînement le dimanche. Ce n’est pas une entente tacite, c’est une règle personnelle que le hasard veut que nous partagions. Nous passons de l’eau sur nos visages avant de nous vêtir de nos jeans, de nos chemises à carreaux. Chaussés de nos baskets nous dévalons les escaliers. Cette fois je réponds en chantant moi aussi aux vocalises que fait Odélie jusqu’en bas. Elle s’occupe du café. Elle le fait si bien. Je l’écoute me raconter ses rêves. Je presse les oranges alors qu’elle revient me chatouiller sous les aisselles. << J’ai envie de te taquiner ce matin ! >> murmure t-elle à mon oreille avant d'en mordiller le lobe tendrement. J’en ai des frissons en pelant les kiwis. Nous prenons notre petit déjeuner en revenant sur nos aventures de hier matin, à l’hypermarché. Je me lève pour quitter la cuisine. << Tu vas où ? >> lance Odélie. Je mets mon index à la verticale devant ma bouche. Je réponds : << Secret ! Interdiction de me suivre ! >>

 

        Je file au salon. Du tiroir du bas du bureau je tire le petit paquet de papier kraft. Le beau nœud du ruban de satin rouge est magnifique. Je le tiens comme s’il s’agissait d’un objet sacré. Pour moi il est précieux. Je reviens à la cuisine en disant : << On ferme ses jolis yeux et on compte jusqu’à vingt. Lentement. Et sans tricher ! >>. Je passe derrière ma compteuse. Qui compte à haute voix. Je pose le paquet sur la table. Mes mains sur ses épaules. Mes lèvres dans sa nuque. << Vingt ! >> s’écrie t-elle en attrapant mes poignets. Je fais : << Bon anniversaire Odélie ! Ce n’est pas seulement un honneur de le fêter avec toi, mais un bonheur ! >>. Elle saisit son cadeau. Le tourne dans tous les sens. Défait le nœud, silencieuse et concentrée. Je veux enlever mes mains. << Non, ne me laisse plus ! >> lance t-elle. Mon visage au-dessus de son épaule, près du sien. Elle retire le papier avec des gestes précis. C’est une boîte recouverte d’un fin velours bleu nuit.

 

        Odélie en ouvre le couvercle. << Oh ! >> fait elle dans un souffle. Elle découvre cette gourmette en argent vieilli. Toutes les mailles ne sont qu’un motif celte complexe qui se répète. La plaque est gravée à son prénom. En lettres gothiques. Odélie reste silencieuse. Comme s’il s’agissait d’une relique hors d’âge, elle la sort de son écrin. << C’est magnifique ! >> dit elle dans un souffle. Elle ouvre la chainette et découvre l’arrière de la plaque. J’y ai fait graver la date de ce 22 septembre. << Tu me la passes au poignet ? >> me demande t-elle. Je la fixe délicatement avec le fermoir original en forme de blason. C’est un bijoux d’inspiration celte. Odélie tourne sa main. La taille est parfaite. Elle tourne la tête, m’attrape par le bras en se levant. Serrée dans mes bras elle reste longuement silencieuse en se berçant. Cette gourmette est un peu comme le rappel de la bague cruciforme qu’elle porte à l’index. << Willy ! Merci ! Tu me gâtes tout le temps ! >> fait elle en inspirant profondément. Nous terminons notre petit déjeuner.

 

        Assise sur mes genoux, un bras autour de mes épaules, elle observe son nouveau bijoux. << Je vais le garder tout le temps. Même pour dormir ! >> fait elle. La vaisselle. Nous remontons. Après avoir recouvert le lit, nous revenons à la salle de bain. Odélie regarde sa gourmette dans le miroir. Il habille son poignet à la perfection, flottant à peine, ne gênant pas le mouvement. Dehors, le ciel est bas et sinistre. Toutes les déclinaisons des gris des plus clairs aux plus sombres. La température extérieure de 12°. Ce dimanche, il y a au bourg une animation. Le "carré des antiquaires". Dernière manifestation de la saison. Dans la salle polyvalente. Je propose d’aller y faire un tour. << Oh oui ! Super. Je fais peut-être un petit film ! >> s’exclame Odélie en sautillant autour de moi. Pressés de nous sauver, nous redescendons à toute vitesse pour enfiler nos blousons. Mon amie ajuste mon écharpe de soie bleue nuit. Je fais pareil avec la sienne. Nous prenons des poses devant le grand miroir.

 

        << S’il ne faisait pas aussi moche, je serais en jupe ! >> dit elle. Nous traversons le jardin en courant. Il n’y a que trois kilomètres par l’étroite route communale. Ma main droite sur la cuisse de ma passagère. Je gare la voiture sur le parking derrière la Mairie. Il y a du monde. La salle polyvalente résonne de musique folklorique. Il y règne une animation bruyante. Nous flânons dans les allées. Il y a des choses extraordinaires. Mais il ne faut se faire aucune illusion. Les plus belles pièces partent toujours le matin, et souvent avant l’ouverture officielle. Odélie reste accrochée à mon bras. Non. Je ne suis pas le papa de cette sublime jeune fille. Je le jure. Nous attirons quelques regards. Nous nous en amusons toujours beaucoup. Surtout quand elle dépose un baiser sur ma bouche pour bien situer la nature de notre relation. La faim commence à se faire sentir. Et avec les odeurs de fritures, de grillades cela devient vraie une torture. Il va être midi.

 

        Une désagréable surprise. Il pleut. Et bien sûr, pas de parapluie. Il est resté dans l’auto. Odélie m’attrape la main. Nous nous mettons à courir. Trempés en revenant sur le parking. De retour à la maison, nous séchons nos cheveux. Changeons nos bottines pour les baskets sèches. La fille au van prépare l’assaisonnement d’une salade de carottes. Je fais bouillir l’eau des spaghettis. Dans la poêle nous rajoutons des tranches de tomates à l’ail et à l’échalote. Des champignons. Mon assistante râpe une tonne de Parmesan. Repas simple mais que nous dévorons avec délectation. Il pleut toujours. C'est sûrement parti pour la journée. Ce qui réduit considérablement les options d’activités. << On s’en fout, on est tous les deux ! >> s’exclame ma complice en venant s’installer sur mes cuisses. Elle rajoute : << Je vais en profiter pour découvrir tous ces vieux livres dans ta bibliothèque. Tu les as tous lu ? >>. Je ris. C’est impossible. Il y en a plus de cinq cent. L'héritage d'une collection. La vaisselle. C’est dans la salle du bain du bas que nous faisons les pitres.

 

        Odélie m’entraîne au salon. Pendant qu’elle découvre les ouvrages sur leurs étagères, je dispose du papier froissé dans l’âtre. J’y dépose du petit bois. << Attends, j’allume ! >> s’écrie ma lectrice en accourant. Elle saisit la boîte d’allumettes. De longues allumettes. Elle allume le feu dans la cheminée. Il y a immédiatement une ambiance tout à fait différente. Je rajoute deux bûches de hêtre. Les craquements rajoutent au romantisme ainsi initié. Je m’installe confortablement dans un des deux fauteuils. Odélie, assise en tailleur sur l’épais tapis devant la cheminée, feuillette un ouvrage. Je l’observe. Cette maison, vide depuis la disparition de mon ancienne compagne, il y a plus de dix ans, semble revivre avec cette présence féminine. Je jouis des émotions qui se succèdent, qui se bousculent en moi. Ces instants sont d’une profondeur émotive insondable. Ma lectrice est absorbée par ce gros livre à la reliure de cuir brun. Sans se douter de rien.

 

        Qu’il est bon de rester à ne rien faire quand il y a une présence. Et là, pour la première fois depuis très longtemps, je tente de profiter de chaque seconde. De les enfermer dans la prison intemporelle de mon esprit. Parfois Odélie tend le bras pour saisir le tisonnier. Elle remue les braises. Elle tourne enfin la tête. J’existe à nouveau. Son merveilleux sourire. Comment vais-je survivre à son départ ? Je préfère ne pas y penser. Devinant probablement mon tourment, elle pose le livre. C’est à quatre pattes qu’elle vient vers moi. Me fixant de ses yeux noirs. Ses cheveux ne sont pas vraiment noirs à la lumière du jour. Mais là, dans la pénombre ils le sont. Encadrant son visage et ses expressions d'une aura de mystère. Elle s’assoit sur sa fesse droite, ses bras croisés sur ma cuisse. Elle y pose son menton pour me fixer. Je n’ose pas avancer mon bras. Ma main. Je croise mes doigts sous mon menton. Nous restons silencieux. C’est intense.

 

        Juste le crépitement des flammes dans l’âtre. Seule réelle lumière éclairant cette partie de la grande pièce. << À quoi tu penses ? >> me demande soudain ma regardante. Je m’entends dire : << À la surprise que je te réserve ! >>. À vrai dire, je n’en ai pas la moindre idée. << Oh, oui, étonne-moi ! Tu sais si bien le faire ! >> s’exclame t-elle. Je passe ma main sous ses cheveux pour caresser sa nuque. Elle pose sa tête sur ma cuisse. Me vient enfin l’inspiration. Je défais le foulard de soie légère qui entoure son cou. Elle me regarde faire. Je le tends. Je le pose sur ses yeux pour le nouer derrière sa tête. Un imperceptible gloussement. À son autre poignet, il y a un chouchou. L’élastique qui permet d’attacher ses cheveux au moment où elle le souhaite. C’est moi qui les attache en catogan. Nouveau gloussement à peine audible. Je suis convaincu que l’érotisme naissant et diffus qui m’envahit est partagé.

 

        Je reste un moment à l’observer. Odélie s’est assise en tailleur, les yeux bandés, en position Yoga. Vais-je avoir le courage de mettre en application le projet libidineux qui monte en moi ? Je dois surmonter toutes mes inhibitions. Odélie attend. Je me lève. Non ! Je n’en ai pas le courage. Elle reste immobile, silencieuse. Je dois pourtant prendre une résolution. Je me penche pour murmurer : << Ne bouge pas, je reviens ! >>. Je file dans le hall d’entrée. J’y récupère deux foulards accrochés au porte manteaux. De retour au salon, je m’accroupis devant ma professeur de Yoga. Je dépose une bise sur son front. Sur son nez. Je murmure : << Donnez-moi vos mains mademoiselle ! >> Elle me tend ses bras. J’en attache les poignets. Sans serrer. Je crois percevoir un souffle de satisfaction. J’ai enfin une initiative. Ouf ! Je murmure : << Veuillez vous lever. >>. Je l’aide à maintenir son équilibre.

 

        Debout, bien droite, le port de tête altier, les poignets attachés, Odélie reste silencieuse. Je la tiens par ses épaules. Je murmure : << Voulez-vous bien pardonner les passions que vous suscitez en moi ? >>. Elle se contente de mimer un bise avec sa bouche. Je reste ainsi à lutter contre mon inhibition lorsqu’elle dit : << Détache-moi. Attends moi ici ! >>. Je m’exécute immédiatement. C’est à toute vitesse qu’elle quitte le salon. Je me laisse tomber lourdement dans l’accueillant fauteuil. Ai-je fait l’imbécile ? Ai-je fait une bêtise ? Aurais-je eu un comportement inapproprié ? Autant de questions qui taraudent mon esprit lorsque ma complice revient. Quelle surprise. Elle porte une de ses jupettes noires qu’elle avait cet été à Locronan. Des socquettes blanches, ses mocassins noirs. Un chemisier blanc. Mon cœur fait un bond dans ma poitrine. Comme elle est belle. Dans cette fragilité féminine qui n’est qu’apparence.

 

       Elle se tourne, me montre ses poignets. Je comprends immédiatement. Je les attache. Je saisis son catogan. Je donne un léger à coup. Je n’ai absolument pas l’âme d’un "Maître". Je sais en interpréter le rôle sans être réellement convaincant. Mes tentatives tournent le plus souvent au ridicule. Mais, soudainement, dans nos psychés, dans une osmose totale, tout se met en place. C’est un sentiment commun. J’emmène Odélie ainsi, tenue par ses cheveux. Elle garde la tête haute, fière, en avançant à mes côtés. Je m’arrête. Je dis d’une voix douce : << À quatre pattes ! >>. J’essaie tout de même d’avoir un ton autoritaire. Qui pourrait y croire ? Certainement pas mon "actrice" ! Odélie est toutefois joueuse. Elle s’applique. C’est ainsi que je la promène dans toute la grande pièce. En prenant soin de rester sur les épais tapis. Je découvre que nous partageons ces instants avec la même ferveur.

 

        Ce qui redouble d’effet sur ma libido. Mais je reste sidéré lorsque Odélie lève la cuisse à l’angle de chaque meuble. Je ne m’attendais pas à une telle participation. Je sais que c'est pour de faux. Je me penche pour passer ma main entre ses cuisses. Remonter jusqu’à ses intimités. Aucun sous vêtement pour en empêcher l’accès. Je vais de surprises en surprises. C’est doublement excitant car rien chez elle ne pourrait laisser imaginer qu’elle s’y prête si volontiers. Je déboutonne ma braguette. Je suis habité d'une confusion troublante, entre honte et excitation. Mais je dois me montrer à la hauteur de la situation que j’ai créé. Je me mets à genoux derrière elle. Je tends mes bras pour poser mes mains sur ses seins. Je frotte mon sexe dans la raie de ses fesses musclées. Je murmure : << Je suis responsable de tout ce qui se passe ! Tout est de ma faute ! >>. Elle rit en gloussant. Je m’immisce en elle. Ce n’est vraiment pas ma position préférée. Pour ma partenaire non plus. Mais, après tout, nous jouons nos rôles.

 

        Odélie n’a strictement rien d’une "Soumise". Ce serait même tout à fait le contraire. Dans cet altruisme extraordinaire elle interprète son rôle à la perfection. C’est trop fort. Je me retire. Dans un même élan ‘‘fédérateur’’, nous nous retrouvons, dans la position habituelle. Je suis en appui sur mes bras. C’est infiniment plus magique de nous aimer ainsi. En "missionnaire". Par contre pour le dos de ma comparse, ce n’est pas ce qui ce fait de mieux sur le sol dur. Je me retire. Nous nous levons ensemble pour courir vers le canapé. << C’est pas mon truc ! >> s’exclame t-elle en se couchant. Je réponds : << À moi non plus ! >>. Nous en rions de bon cœur. Nous faisons l’amour de la façon la plus conventionnelle. En nous berçant. En nous embrassant. Ce sont les moments d’immobilités que choisi Odélie pour me confier ses secrets de fille. J’écoute. La musique des mots a tendance à m’en faire oublier le sens.

 

        Par jeu peut-être, elle m’empêche de me retirer. Alors que je murmure à son oreille : << Laisse-moi venir te manger. Où au moins te goûter ! >>. Elle s’amuse de mes implorations. << Tu sais que ça me rend complètement folle. Et je commence à préférer ‘’ça ‘’ à tout le reste ! Danger ! >> lance t-elle en me gardant serré contre elle. J’ai beau supplier. Interdiction d’aller prendre ma collation de dix sept heures. D’un commun accord il est décidé de rester excités jusqu’au couché. Sans nous emmener à l’orgasme. << C’est une expérience. On en fera l’analyse avant de dormir ! >> propose ma complice de délits. << Empêche-moi de m’endormir ! >> chuchote t-elle à mon oreille. Je propose d’aller à la cuisine. De nous concocter un plat plus élaboré que ces derniers jours. << Bonne idée ! >> s’écrie t-elle. Je me redresse. Elle se lève, me saute au cou en criant << Willy ! Je... >>. Je pose ma main sur sa bouche...

 

       << Vous n’êtes pas très convaincant en "Maître" cher monsieur ! >> lance t-elle alors que nous épluchons de belles et grosses pommes de terre. Nous rions. Je prépare le poulet en l’enduisant de moutarde à l’ancienne. Odélie lave et coupe les patates en frites. Je possède une friteuse sans huile et sans graisse. Ce sont deux grands tiroirs au bas de la machine qu’il faut remplir. Odélie, très intéressée par ce dispositif, observe et étudie son fonctionnement avec soin. << C’est ça qu’il me faut dans mon "camion" ! >> s’exclame t-elle. Je précise : << Ça se branche sur du 220 volts ! >>. Elle s’écrie :: << Oh merde ! Mais j’ai une combine ! >>. Autour du poulet, dans le plat, je dispose des tomates, des champignons des olives noire dénoyautées. Des carrés de Roquefort. Ils fondent à la cuisson et donne une saveur onctueuse aux chairs. J’ai été longtemps végétarien. Mais pas végan. Et je suis revenu à l’alimentation carnée avec un plaisir décuplé car ce n’était nullement philosophique.

 

        Le poulet est au four, à rôtir, à 250°. Odélie teste la friteuse. Nous n’arrêtons pas de nous faire des bises. À nous murmurer des douceurs. C’est désespérant, cette pluie qui tombe sans arrêt. Impossible d’aller nous dégourdir un peu les jambes dehors. Nous retournons au salon. Ma cuisinière choisit le film pour notre "soirée cinéma". Je propose qu’on se mette Youtube en grand écran et qu’on regarde quelques une de ses aventures. La fille au van me regarde. << Tu ne les connais pas encore par cœur ? >> s’écrie t-elle. Je ris en répondant : << Si. Mais ce soir j’ai l’actrice de ces vidéos en vrai à côté de moi et à l’écran ! Tu imagines le délire ! Et puis tu vas apporter plein de réponses à mes questions ! >>. La suggestion à de quoi ravir Odélie qui me saute au cou. << Génial ! >> s’exclame t-elle. La sonnerie du four. Morts de faim nous nous précipitons à la cuisine.

 

        Bien évidemment, de la voir de dos, accroupie devant le four, à en sortir le poulet rôti, agit sur ma libido avec une sournoise dissidence. Elle m’observe dans la vitre fumée. Elle sait que j’aime la voir ainsi. Nous savourons ce délicieux repas. << Ça me rappelle quand j’étais petite. On avait poulet frites tous les dimanches ! >> dit elle. Pareil pour moi. Nous ne traînons pas. << Demain on réchauffe les restes du poulet avec le reste des spaghettis de midi, ça te dit ? >> fait Odélie alors que nous débarrassons. Je réponds : << Avec toi, tout me dit ! >>. La vaisselle. Nous filons au salon. Vautrés dans le canapé, nous redécouvrons les vidéos de la fille au van ensemble. Un très grand moment. C’est une émotion intraduisible qui m’étreint. Je les ai tant regardé. Seul. Et là, c’est comme dans l’enchantement d’un rêve impossible, la fille au van assise à ma gauche. Je dois me pincer !

 

Elle manipule la télécommande. Fait des arrêts sur images, revient, avance en m’expliquant les différentes stratégies pour mettre tout cela en images. Les montages. Les anecdotes des tournages. Son "garde du corps" déguisé en cow-boy dans la "pampa". Ma main gauche sous sa jupe, j’écoute. << Je n’aurai jamais imaginé revoir mes vidéos dans ces conditions. Sur écran géant. Avec un de mes plus fervents admirateurs ! >> lance Odélie. Nous passons la soirée à nous amuser, à rire, à visionner. C’est quand nous commençons à bâiller que nous prenons conscience de l’heure. Déjà vingt deux heures. Nous éteignons le téléviseur pour monter. Une rapide toilette. Sous les draps, nous en revenons aux révisions des choses engagées l’après-midi. Mais la fatigue limite considérablement nos élans. Nous allons à l’essentiel. J'ai enfin l'autorisation de savourer les délices de sa journée de fille…

 

 

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19/10/2024

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