L'ECRIT DE JOIE

L'ECRIT DE JOIE

Laure, moi et nos comédies

                                          Laure, moi et notre petite comédie

 

       C’est mon second jeudi après-midi à la piscine. Avec la séance du lundi, ce sont deux entraînements dans la semaine que j’apprécie vraiment beaucoup. Je gare ma voiture sur le parking du stade nautique. Il va être quatorze heures. La journée est fraîche et moins ensoleillée. J’ai mes affaires de bain dans le sac de sport. Mon costume sur un cintre, avec la chemise, restent dans le véhicule. Ainsi que mes souliers de ville et mon manteau. J’entre dans le hall vêtu de mon ensemble Levis, bottines et écharpe Harry Potter "Griffon d’or". Le sourire de la jeune femme derrière son guichet. Je montre machinalement ma carte d’abonnement. Tout heureux de m’entraîner dans l’eau deux fois par semaine, je me hâte vers les cabines. Je me change en sifflotant. Mon maillot de bain et mon bonnet rouges. Je fais deux séries de vingt pompes avant de prendre mes poses de culturiste devant un des miroirs. Sous le regard admiratif de la dame des cabines. Je la salue toujours affectueusement. Elle est tellement sympathique.

 

       Sous la douche, je regarde les baigneurs. Un groupe scolaire. Des séniors également. Quatre jeunes femmes. J’aime faire une ou deux fois le tour du bassin. Ma carrure, ma haute stature, suscitent d’amusantes réactions. Celles des quatre jeunes femmes par exemple. J’adresse à la plus charmante mon sourire Hollywood. Avant de monter sur le plongeoir. Je me concentre. Je veux un plongeon "Olympique". L’eau est à la bonne température. Je pratique mes longueurs dans un des couloirs nautiques les moins fréquentés. Quel immense plaisir. Dix longueurs en brasse. J’ajuste mes lunettes étanches avant de plonger dans les profondeurs pour une dizaine de largeurs. En apnée pour reprendre mon souffle de l’autre côté. Bien entraîné, je tente deux largeurs sans remonter à la surface. Sans reprendre d’inspiration. Passant sous les corps des nageurs. Je calcule bien ma trajectoire. Je veux sortir de l’eau comme une torpille. Juste près des quatre baigneuses. Avec un cri de cétacé. Effet réussi.

 

       J’ai tout mon temps. Mon rendez-vous avec Laure est à dix sept heures quinze. Affalé dans un des transats bleus, je sirote un Perrier. Là-bas, il y a un autre culturiste. Lui aussi produit son petit effet. Il roule des mécaniques autour du bassin. Distribue quelques signes de la main aux quatre jeunes femmes qui semblent le connaître. Il ne plonge pas. Il descend les marches de l’échelle. Le maître nageur, surveillant du bassin, vient s’asseoir sur son tabouret. À quelques mètres. C’est un jeune homme athlétique très consciencieux. Nous bavardons un peu. J’apprends qu’il est un champion et que ce n’est qu’un job d’appoint. << En attendant la gloire et la fortune ! >> précise t-il en plaisantant. Je le laisse pour faire mon petit tour autour du bassin. Par les grandes baies vitrées j’admire le parc autour des bâtiments du stade nautique. Notre gaillard me voit déambuler. Il reconnaît évidemment un de ses pairs aux muscles saillants. Il lève le pouce pour me féliciter. Je lève le mien pour le remercier.

 

       Je monte sur le plongeoir. Il me faut un second saut majestueux. Je me concentre. Je me lance. Je plonge. Dix nouvelles longueurs. Il faut constamment éviter les lenteurs de certains baigneurs. Je me prends au jeu. Dix largeurs sous-marines. Je quitte le bassin définitivement. Deux autres groupes scolaires arrivent. Ça va être l’enfer. Sous la douche, en compagnie des quatre jeunes femmes qui m’arrivent aux épaules. En compagnie du collègue culturiste qui m’arrive à l’oreille. << Tu t’entraînes en double sets ? >> me demande t-il, sans doute curieux à la vue de mon volume musculaire. Je dois expliquer une nouvelle fois que je ne m’entraîne plus qu’en matinée, une heure, mais avec charges lourdes et avec une intensité maximale. Je ne pratique plus la compétition depuis le décès de ma compagne, il y a quelques années. Nous bandons nos muscles pectoraux, nos abdominaux "tablettes de chocolat" et comparons nos biceps. Devant le volume de mes bras les femmes poussent de petits cris d’admirations.

 

       Nous nous amusons beaucoup sous quelques regards envieux, jaloux peut-être, mesquins parfois. Nous nous saluons. << On se voit au "Gold Gym" un de ces jours ? >> me lance Thibaud en prenant une pose latérale. Je bande mon biceps et je me contente d’un : << Peut-être. Je vais rarement à la salle ! >>. Me voilà en cabine. Je me sèche les cheveux. Je me change. Il me reste plus de trente cinq minutes. Je salue la brave dame des cabines. Je salue la jeune femme du guichet. Une fois dans ma voiture je regarde mon costume. Pourquoi retournerais-je me changer ? Je suis très bien dans mon ensemble Levis bleu. Mon blouson "Trucker" doublé de fourrure synthétique blanche. Tant pis si ça déplait à Laure qui apprécie les hommes élégants en costumes stricts. Fort de cette décision, je démarre. Il n’y a que quelques kilomètres jusqu’à la maison médicalisée. Je gare l’auto devant la vitrine de la pharmacie. Elles sont deux vendeuses préparatrices. J’éprouve une certaine difficulté à les différencier. Toutes les deux grandes, filiformes et brunes aux cheveux longs et lisses.

 

       Blouses blanches identiques. C’est avec "Miss Doliprane" que j’ai sympathisé la semaine dernière. Je ne dois pas me tromper. Aussi, je tente le "tri sélectif" si cher à nos élites corrompues. Je sors de la voiture. Je m’y appui avec mon I-phone que je consulte. Je louche en direction des vitrines de l’officine. Ça y est. Elle m’a vu. Lentement, je marche vers l’entrée de la pharmacie. Il y a le pharmacien, grand chauve à lunettes. Je ne veux surtout pas avoir affaire à lui. Aussi, pour être certain de m’adresser à la jeune fille "ciblée", je fais semblant d’étudier les flacons dermatologiques sur une des étagères. Je suis convaincu qu’elle guette l’instant où je vais me diriger vers les comptoirs. Nous échangeons un sourire. C’est avec un flacon de gélules au magnésium que je vais devant la caisse de gauche. Mademoiselle Doliprane se précipite. Elle aussi, peut désireuse de voir rappliquer le pharmacien, ou pire, sa collègue. Je suis rassuré. J’ai le "ticket". Tout le reste n’est plus qu’intelligence, adresse et méthode de vieux "chasseur" patenté. J’y excelle…

 

       << Bonjour. Je peux vous renseigner ? >> me demande la jeune fille avec un sourire à faire danser un paralytique. Je réponds : << Oui, me chuchoter votre prénom par exemple ! >>. Miss Doliprane se met à rire. Sans laisser s’installer le moindre instant de flottement, je rajoute : << J’aimerais une de vos boîtes de Doliprane 1000 ! >>. La préparatrice me laisse pour aller récupérer le produit. Elle revient. Son sourire est désarmant. << Respectez la posologie surtout. Elle en garantie l’efficacité ! >> me dit elle en attendant ma prochaine question. Je sors mon portefeuilles en faisant : << Je vous promets de ne pas mourir d’ici jeudi prochain. Je pourrai ainsi revenir pour l’achat d’une nouvelle boîte ! >>. La carte Gold a un effet détonnant sur la gente féminine. J’admire la finesse aristocratique de ses mains. De ses doigts aux ongles magnifiques et fort heureusement sans vernis. À ma grande surprise, je l’entends murmurer : << Anaëlle. C’est mon prénom ! >>. J’adore. Son murmure est à peine audible. Offert sur le ton de la confession.

 

       Je lève les yeux pour les plonger dans les siens. D'un bleu d'acier. Identiques aux miens. Heureusement, d’autres clients accaparent le personnel. Je murmure mon prénom. Il y a ce magnétisme si particulier. Un courant "électrique" qui n’appartient qu’à nous, propriété de l’instant présent. Ne surtout rien rajouter. Faire mon code bancaire. Retirer la carte. La mettre dans le portefeuilles avec des gestes lents, hypnotiques et mesurés. Ranger mon portefeuilles dans la poche intérieur de mon blouson. Prononcer ces derniers mots comme une confidence. << Je vous remercie. À bientôt. Au revoir ! >>. Tourner les talons et quitter la pharmacie sans me retourner. Je reprends mon I-phone, appuyé contre la portière de ma grosse berline Allemande qui semble captiver la vendeuse préparatrice. Elle fait mine de trier des paquets de graines sur l’étagère juste contre la vitrine. Ce qui permet d’échanger un nouveau sourire. En me dirigeant vers la porte de l’immeuble, j’en suis convaincu. Je n’ai pas seulement un "ticket" mais tout le carnet. Il reste cinq minutes avant l’inversion des rôles.

 

       La salle d’attente étant commune à quatre praticiens différents, je préfère faire les cent pas dans le couloir du premier étage. Constat étrange qui me fait sourire. Le cabinet de consultation de Laure est juste au-dessus de la pharmacie. Les expressions du visage d’ange d’Anaëlle exerce sur ma psyché d’étranges tourments. Restant obstinément dans ma mémoire. La porte s’ouvre. C’est une dame accompagnée par Laure. Elles se saluent alors que mon amie m’invite à la suivre, fermant la porte derrière nous. << Bonjour. Je suis contente de te voir. J’ai eu huit rendez-vous aujourd’hui. Je suis épuisée ! >> s’exclame t-elle en me prenant le bras. Elle rajoute : << Et toi ? >>. Je réponds : << Piscine et drague. Bref que du bon temps ! >>. Elle rit en rajoutant : << Tu es d’attaque ? Je dois parler moi aussi. Et grâce à nos jeux de rôles je peux le faire. Ça devrait faire partie de la fonction de psychothérapeute ! >>. C’est à mon tour de rire. Laure se laisse tomber dans le fauteuil en soupirant. Je contourne le bureau pour prendre sa place. << Ras le bol ! >> dit elle encore.

 

       C’est une étrange impression que d’interpréter ce personnage. Il ne me correspond pas vraiment. Je sais pourtant qu’il apportera beaucoup de réconfort à mon amie. Elle est vêtue d’une jupe noire. Une ceinture blanche à large boucle. Un chemisier de soie, bleu nuit. Une écharpe de soie blanche. Ces mains aux doigts bagués posées sur les accoudoirs. La même interrogation me vient à l’esprit. Bas ou collants ? J’espère que la suite m’apportera une réponse. Je suis assis à son bureau. La photo du skieur à gauche. L'I-phone de Laure à droite. Un carnet à spirale fermé et le fameux stylo "Mont Blanc". Je prononce ces mots avec une certaine solennité : << Nous en étions restés à votre désir de vous faire détester par un homme qui vous attire. Vous reprenez quand vous le souhaitez. Je vous écoute ! >>. Je croise mes doigts sous mon menton. Les coudes à la verticale, en appui sur le bureau. J’évite d’observer le visage "précieux" de la jeune femme. Ses longs cheveux châtains bouclés, ses yeux noisettes délicatement soulignés d’un discret maquillage. Le dessin de ses lèvres. Belle...

 

       Tout cela pourrait me troubler. Je fixe ses genoux serrés. Ses élégantes chaussures. Mocassins noirs à légers talons dont le dessus est d’un blanc immaculé. Laure se lance enfin dans son monologue : << J’ai un amant. Il me comble. Du moins jusqu’à ce que la rencontre avec cet homme vienne troubler cette certitude. Je dois lutter contre l’attraction qu’il exerce sur moi. Je n’ai nulle envie d’avoir une aventure avec lui. Même si je suis en permanence le jouet de mes attirances. Qu’elles soient psychiques, physiques ou sexuelles ! >>. Laure se tait. Ce jeu de rôle est l’exutoire le plus parfait. Je viens de comprendre qu’elle ne joue pas. Que c’est sa manière de se libérer de ses démons. Je me sens responsable. Sans culpabiliser toutefois. Je n’ai strictement rien à me reprocher envers cette femme. Par contre, je découvre ce penchant exhibitionniste dont elle m’a avoué l’existence depuis sa rencontre avec moi. Ses genoux sont écartés d’une bonne dizaine de centimètres. Vais-je avoir la réponse à ma question prosaïque ? Bas ou collants ?

 

       Laure reprend : << J’envisage différentes stratégies pour que cet homme perde tout intérêt pour ma personne. Je n’ai pas le courage de couper court à cette relation. J’aimerais qu’il en soit l’initiateur. Ce serait tellement plus simple. Mais les hommes le sont rarement. Je manque cruellement de courage dans ces situations. Ce qui m’a déjà joué des tours pendables ! >>. Laure garde un long silence. Ses yeux cherchent les miens. Je les évite. Je suis déterminé à jouer mon rôle dans son intégralité. Le psychothérapeute évite toute possibilité de transferts affectifs, complices ou encore complaisants. Il doit rester neutre devant son patient. J’aurai au moins appris ce principe élémentaire. Ma patiente reprend : << Je ne souhaite surtout pas que cet homme s’attache à moi. Je peux me montrer tellement décevante. Donc je pense parler de tout ça avec lui, au restaurant, où il ne manquera pas de m’inviter ce soir. J’aimerais que ce soit une grande et agréable "dernière fois" sans que cela se termine sous les draps ! >>. Laure se tait.

 

       L’écartement de ses cuisses apporte la réponse tant attendue. Porte-Jarretelles ! Comme jeudi dernier, ma patiente lève sa jambe gauche pour la poser sur l’accoudoir gauche. Mon sang ne fait qu’un tour. Mais quel tour ! Je tripote le stylo. J’ai soudain trop chaud dans mon ensemble jeans. Je n’ai pas eu le réflexe de retirer mon blouson. Laure reprend : << En sa présence je suis habitée d’étranges pulsions exhibitionnistes. Jusqu’à ma rencontre avec lui, je me savais voyeuse. Terriblement voyeuse et curieuse. Une des raisons du choix de mon métier. C’est étrange, mais c’est comme si j’étais dévastée à l’idée d’être heureuse avec lui. Quelquefois je pourrais me gifler de ne pas me laisser aller aux simplicités les plus élémentaires du sentiment ! >>. En terminant cette phrase, Laure lève sa cuisse droite pour la poser sur l’accoudoir droit. Pas de culotte. Juste ce "ticket de métro" et son aspect artificiel. Je déteste les "tickets de métro". J’adore les "broussailles" sauvages. Je distingue les lèvres de son intimité. Elle y pose sa main droite. Cette fois je plonge mon regard dans le sien.

 

       La nuit est tombée. Nous percevons des voix dans le couloir. Des gens qui toussent. Nous restons ainsi un long moment. Laure se masturbe. Je me lève. Je déboutonne mon 501. J’en extrais avec difficultés mon érection. Je dois rester le dos tourné à la fenêtre. Pour ne pas risquer d’être aperçu depuis le parking, en bas. Nous nous masturbons en nous scrutant. Laure ne reviendra pas sur ces conclusions. La séance est probablement terminée depuis un bon quart d’heure. Mon amie cesse. Resserre ses cuisses, bien droite elle s’ajuste avant de se lever. Elle se dirige vers le placard dont elle ouvre la porte. Attrape sa culotte posée sur l’étagère. Elle me fait le plus délicieux des sourires en l’enfilant. Elle saisit son manteau. Je contourne le bureau en reboutonnant ma braguette. Je pose mes mains sur ses épaules pour dire : << Je t’invite au restaurant. Soit originale, dis-moi oui ! pour cette dernière fois ! >>. L’expression de tristesse qui se dessine sur ses traits me dérange. Aussi, je m’empresse de rajouter : << Ce sera facile, tu verras. Pas d'inquiétude. Fais-moi confiance ! >>

 

       Laure passe ses bras autour de mon cou. Elle murmure : << Je sais. J’ai appris qu’avec toi tout est toujours tellement simple ! >>. Je réponds : << Comme le bonhomme, sans chichis, sans manières. Rien que du “cash“ ! >>. Ses lèvres effleurent les miennes. Pour ne pas imposer une de ces tentations qui tracassent la jeune femme, je détourne la tête pour prendre son bras. Il va être dix huit heures cinquante. Je n’ai réservé de table nulle part. Nous quittons son cabinet. Dans l’escalier, Laure reste accrochée à mon bras. Ça m’ennuie de passer devant les vitrines de la pharmacie avec une femme à mon bras. Aussi, dans le hall de l’immeuble, je propose à mon amie de rejoindre sa voiture la première. Que je vais la suivre avec la mienne jusqu’à chez elle. << Le "Bol d’Or" si j’ai bien compris ? >> lance ma complice. Je réponds : << Exactement. Il est préférable que les choses finissent là où elles ont commencé ! >>. Laure me fait une bise sur la bouche avant de me laisser. Je n'ai pas évité cette bise à temps. J’attends qu’elle soit installée à son volant pour sortir à mon tour.

 

       Un furtif regard dans la pharmacie. Je ne vois ni Anaëlle ni sa collègue. Juste le patron dans sa blouse blanche servant une dernière cliente. Je fonce jusqu’à ma voiture. Je m’y installe. Je démarre. Je sors du parking pour suivre Laure. Vingt kilomètres dans la nuit noire. Elle se gare dans la descente de son garage. Me rejoint en courant pour s’installer sur le siège passager. Elle pose sa main gauche sur ma cuisse droite. Ses lèvres sur ma joue alors que je fais la manœuvre de demi tour. C’est au petit bonheur la chance, ce soir. Nous n’avons pas prévenu. Je stationne l’auto sur le parking. Il n’y a pas beaucoup de véhicules garés là. C’est un vrai plaisir de retrouver notre table. La jeune serveuse. Le chef qui vient nous serrer la main. Bavarder un peu avec nous. Notre choix se porte sur un civet de lièvre, sauce au vin, accompagnés d’une potée de légumes. C’est absolument divin. Nous mangeons de bon appétit en revenant sur la séance de psychothérapie inversée.

 

       Je félicite Laure pour ce formidable stratagème. Le prétexte de ce jeux de rôles pour faire ses aveux. Elle pose sa main sur la mienne pour préciser : << Ce qui est surtout formidable c’est que tu le prennes de cette manière. Tu es un authentique gentleman. Je te suis vraiment reconnaissante. Il n’y a plus aucun tourment pour altérer mon raisonnement. C’est exact. Tout est si facile avec toi. Pas une seule fois tu n'as cherché à coucher avec moi ! >>. Je la rassure. Je dis : << Évitons les formules cul cul la praline. Du genre "restons amis" où encore "gardons le contact". Les souvenirs resteront suffisants. J’ai passé avec toi de délicieux moments. Point barre ! >>. Le silence. L’expression de tristesse sur son visage. Je rajoute : << Interdiction formelle d’être triste ! >>. Elle me fait le plus adorable des sourires pour répondre : << Promis ! >>. La conversation s’axe sur nos projets de vacances. La station de sports d’hiver, l’appartement loué dans le chalet avec Éric, son amant. Les femmes amoureuses ont ce besoin de confier leur bonheur : << On s’est rencontré à mon divorce. Il est avocat ! >>

 

       Je ne peux m’empêcher de m’exclamer : << Génial ! >>. Laure lance : << Oui. Et il m’a bien défendu. J’ai eu gain de cause. Depuis je ne cesse de fréquenter un cabinet d’avocat ! >>. Nous en rions de bon cœur. Au fil de la discussion, je découvre les passions secrètes de la jeune femme. Les compétitions de ski. Éric étant également un ancien champion international de cette discipline. << Je vais déménager après l’hiver. Je vais le rejoindre à Chamonix. J’ouvre mon cabinet là-bas. Je recommence une toute nouvelle existence ! >> dit elle, enjouée, sans pouvoir cacher la joie qui l’anime. Laure s’empresse de rajouter : << J’ai passé de superbes moments avec toi. Tu resteras le plus agréable souvenir de cette région. Grâce à toi j’ai découvert de belles randonnées. De beaux trous dans les cloisons. Et un parfait gentleman ! >>. Les coupes glacées du dessert. J’écoute Laure me confier quelques anecdotes existentielles et professionnelles. Ce dernier aveux lourd de sens : << Je ne pourrai jamais être maman ! >>

 

       Je ne désire pas en savoir davantage. En riant, elle rajoute : << Et je ne suis pas du genre à remplacer cette absence par un chat. Et encore moins par un chien. Je vis parfaitement ma vie de femme avec cette fatalité ! >>. Les cafés viennent parfaire cette dernière soirée ensemble. << Et toi, tu ne parles pas beaucoup de toi ! >> lance mon amie. Je réponds : << Tu connais les évènements principaux de mon existence. Une vie de privilégié. Gestionnaire d’un héritage conséquent. Je traverse l’existence en dilettante. Je fais de belles rencontres. Et tu es une de ces belles rencontres ! >>. Laure pose une nouvelle fois sa main sur la mienne pour rajouter : << Christine, ta compagne disparue, devait être une femme comblée ! >>. Je conclue : << Certes. Ce qui la rend irremplaçable ! >>. L’addition. Il va être vingt et une heures trente. Dans la voiture, Laure garde sa tête sur mon épaule, sa main sur ma cuisse. La nuit est noire. Trois dernières bises. En sortant de la voiture, la jeune femme conclue : << C’était vraiment génial ! Merci ! >>. Je la regarde entrer chez elle…

 

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27/02/2025

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