L'ECRIT DE JOIE

         

   
Ma commande                                             Ma satisfaction

 Une aventure et une commande particulières...

 Le manège à bijoux

 Afin de satisfaire un fantasme commun, avec Estelle, nous avions décidé de nous parer de bijoux très particuliers. En effet, avec un appareil photographique, réglé en mode "automatique" et sur la fonction "vidéo", nous voulions immortaliser un moment que nous aimions tout spécialement partager. Il suffit de découvrir, ici même, sur ce Blog,  les récits "Estelle" pour comprendre.  A cet effet, Estelle voulait porter, autout de son cou, une chaînette à laquelle pendait un petit sexe masculin. Elle désirait d'ailleurs porter ce bijou en permanence et secrètement.

Je me mis donc en quête de trouver un tel élément. De préférence en argent, métal préféré de cette douce Estelle. Un véritable parcours du combattant. Un peu gêné, je me rendais dans quelques bijouteries de la ville afin de trouver l'objet. Introuvable. Il semblait que la seule et unique solution était de faire façonner le bijou. Ce qui impliquait un prix conséquent. J'étais prêt à cette dépense sachant que ce bijou représenterait le souvenir d'une époque un peu folle pour la jeune fille. Finalement j'ai trouvé sur un site Hollandais la "chose" parfaite. Et en argent massif, "vieilli".

Moi, de mon côté, il était convenu que je me ferais graver une petite plaque d'argent. Ce qui était infiniment plus simple et facile. Il me fallait simplement surmonter l'inhibition inhérente à ce genre de démarche farfelue. Finalement, j'entrais dans un centre commercial. Là, respirant un grand coup, m'emplissant de tout mon courage, je m'adressais à la bijoutière du "Manège à bijoux". C'était une jeune femme d'une incroyable gentillesse, d'une délicatesse presqu'irréelle. Excquise.  Elle écouta ma requête surréaliste avec une infinie patience. Avec le même détachement que si je commandais une simple médaille de premier communiant ! Regardons la photo de la plaque ci-dessus, en haut du récit...

Je commandais donc la gravure. La jeune femme me fit choisir la calligraphie parmis plusieurs modèles d'écritures. Tout cela était plutôt gênant. Mais, finalement, cela ne devait gêner que moi, car la jeune femme ne faisait que son travail. Sans paraître étonnée, sans sembler choquée ou encore intriguée. Ce naturel me décontenancait complètement. C'est là que je pris conscience d'avoir affaire à une personne totalement unique. Son regard était d'une intensité et d'une profondeur invraissemblables. Elle était belle. D'une beauté pure et naturelle. Chacun de ses gestes était très posé. J'étais le jouet d'une sorte d'ensorcellement dont il ne me fallait surtout rien laisser paraître. Je m'en suis sorti avec peine, mais je m'en suis sorti. La commande était enregistrée. Le voeux de cette chère Estelle allait se concrétiser...

Quelques jours plus tard, loin de toutes ces pensées et de cette aventure étrange, je flânais dans une grande librairie. J'étais à la recherche d'un livre de recettes végétariennes afin de surprendre un couple d'amis très chers qui venaient de Bretagne. Je voulais absolument préparer quelque chose d'unique et d'inoubliable. J'étais abîmé dans la lecture de plusieurs ouvrages. Je feuilletais quantité de bouquins. Je m'avançais dans l'allée des livres de cuisine lorsque je me retrouvais, soudain, devant la jeune femme de la bijouterie ! Mon sang se figea. Il ne fit qu'un tour. Mais quel tour ! Curieusement, je fus empli d'un immense plaisir.

Nous nous sommes salués. Je n'avais pas rêvé. Elle me parue encore plus belle que la première fois. Belle mais tellement naturelle qu'une fois encore j'étais totalement décontenancé. Cette fois-ci, j'étais bien décidé à soutenir son regard inquisiteur, perçant et profond. Peine perdue. Cette personne arrivait à me déstabiliser d'un seul de ses regards. Je n'en menais pas large. Toutefois, en vieux pirate, homme de spectacle, j'arrivais à "tricher", à ne rien laisser transparaître de mon profond trouble. Du moins je devais me l'imaginer. Elle ne semblait pas vraiment dupe de mon stratagème.

Nous avons bavardé une dizaine de minutes. J'appris que la jeune femme était également végétarienne. Je devinais quantité de choses communes dont j'aurais tant voulu débattre. Si mon courage ne m'avait pas fait, étrangement défaut, je l'aurais volontier invité à boire un café. Mais chacun sait à quel point il est difficile d'échanger en étant de parfaits inconnus. Aussi, je restais avec soin dans des considérations culinaires. Cette jeune femme semble si réservée. Au fur et à mesure de cette conversation une curieuse sensation m'envahissait. Une indéfinissable sensation de bien-être, de calme et de sérénité. Cette personne dégageait véritablement une aura positive et sincère. Ce fut un vrai bonheur. Vraiment. Aussi inexplicable que bref. Un phénomène d'une extrême rareté...

Pendant les quinze jours qui me séparaient de la reception de ma commande, je pensais à cette personne et à ce curieux moment de bonheur. J'y pensais très souvent. Chaque jour et plusieurs fois. Parfois, dans le plus grand secret, en restant dissimulé, j'allais au supermarché. J'allais l'observer dans le "Manège à bijoux". J'en étais certain, je n'avais pas été le jouet d'une émotion fantaisiste, cette personne était fascinante sous bien des aspects. J'admirais sa façon de se mouvoir, ses mouvements précis et toujours réservés. C'était à chaque fois un spectacle de premier ordre. Lorsque je quittais le magasin, j'étais toujours envahi de ce curieux sentiment de sérénité. Je me sentais comme "bonifié"...

Je dois avouer qu'à plusieurs reprises je suis retourné dans cette grande librairie. Même si je savais que le destin ne bât jamais les cartes deux fois de façon identique. J'étais animé par le secret espoir de la croiser une nouvelle fois. Aussi, en imaginant naïvement influencer le destin, je me mettais dans la situation de l'autre fois, Dans le rayon, au même endroit. Je l'imaginais là, debout devant moi, comme elle l'était l'autre fois. Pareil à un adolescent, je repassais toutes les images. Un peu comme celles d'un film. Comme c'était bon ! J'ai fait cette démarche d'une manière un peu étrange. C'est la première fois qu'un visage et qu'un regard s'incrustait en moi d'une manière aussi précise, nette et concise.

Le jour de la reception du bijou arriva enfin. Une fois encore il me fallait surmonter mon inhibition quand à cette commande spéciale. Mais quel plaisir de me retrouver en compagnie de cette ensorcellante personne. Une fois encore, en parfait gentlemen, en "acteur" consommé, je ne laissais rien paraître de mon profond trouble. Une fois encore, son regard et ses yeux fixes, semblaient pénétrer jusqu'au plus profond de mon âme. Et je suis certain que ce n'était pas seulement une impression. Cette jeune femme a tout vu, tout compris et à fait le tour de ma psyché. J'en suis intimement convaincu. Si seulement mon courage ne m'avait pas étrangement fait défaut ! Cette jeune femme a touché cette plaque d'argent.  Pour moi, cet acte a donné à cet objet un caractère "magique". C'est curieux n'est-ce pas ?

Quelques jours après, je suis retourné au manège à bijoux. J'avais trouvé le prétexte d'un nouveau bijou à commander. Chose que je désire réellement. Pour la voir aussi. Pour la revoir encore si près de moi et échanger quelques mots avec elle. Le prétexte idéal serait celui d'un bijou beaucoup plus conventionnel, plus "normal". Même si la "normalité" n'a pas lieu d'être dans le domaine de la création. Je n'ai pas trouvé le courage de donner suite à mon désir. Je n'ai pas trouvé le courage d'affronter une nouvelle fois cette étonnante personnalité. Je n'ai donc pas concrétisé ce nouveau désir de commande. Je ne comprends pas ma réaction. C'est inexplicable. Pourtant, je ne suis pas un perdreau de la dernière année ! C'est incompréhensible.

J'ai peur...

Et pourtant j'aimerai tant la revoir !

Qu'elle me pardonne, je ne suis qu'un homme...

Aussi, chère inconnue, s'il vous arrive de vous promener ici, sur mon Blog, sachez que j'aimerai tant partager à nouveau quelques moments avec vous. Pourquoi pas devant une bonne coupe glaçée. Devant un bon chocolat. Dans quelques agréables et discrets salons de thé de la ville. Nous avons certainement tant de choses à nous raconter.

 Peut-être qu'un jour, en ouvrant ma messagerie privée... 

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