L'ECRIT DE JOIE

L'ECRIT DE JOIE

Les retrouvailles

                                                         Chapitre 2

 

                                                     Les retrouvailles

 

        Il fait beau ce dimanche matin. Avant de prendre mon petit déjeuner, j'apprécie chaque jour de respirer à plein poumon sur le balcon. La vue sur cette partie du bois du Nevet est un enchantement. Plus bas, les clochers de l'église Saint Ronan. Ses cloches annonçant la messe à venir résonnent jusqu'ici.  Le ciel est d'un bleu d'azur. L'agréable fraîcheur légèrement humide me fait frissonner. Il va être neuf heures. Je m'habille. Je mange de bon appétit en laissant ma pensée vagabonder. Très rapidement, un peu comme une obsession, le souvenir des moments passés avec Odélie envahissent une nouvelle fois mon esprit. Je suis fébrile à l'idée de la revoir en fin d'après-midi. Comment se passeront nos retrouvailles ? Il y a toujours une légitime appréhension dans ces situations. Cela s'inscrira t-il dans la continuité de nos aventures passées ? Je l'espère. Je déteste les plans foireux. Je fuis immédiatement les caprices.

 

        Une bonne douche m'aide à retrouver le calme et la quiétude intérieure. Je passe mon séjour annuel à Locronan. Chez mon oncle Norbert et sa compagne Claude. Des gens charmants avec qui je passe chaque été quelques superbes semaines. J'ai également des cousins qui vivent dans cette magnifique cité de caractère. Ce sont donc de nombreuses opportunités de convivialités. L'appartement que j'occupe est au premier étage de leur grande maison. Vêtu d'un bermuda kaki, d'une chemisette beige, je descends jusqu'au bourg. La saison touristique connaît son summum d'affluence. C'est la folie entre le 14 juillet et le 15 aout. La place pavée est noire de monde. Un peu comme un prolongement de la grande Troménie du weekend dernier. Mes cousins tiennent commerces sur la place. C'est un rituel que de venir les saluer chaque matin. De chercher le pain. De bavarder avec des connaissances.

 

        De flâner là est un bonus aux plaisirs qui m'attentent avant chacune de mes journées de détente. Je bavarde un peu avec Hugo, le sculpteur. Il officie là à la belle saison, exposant et proposant ses œuvres extraordinaires de finesses et de réalismes. Il va être midi quand je remonte. Nous mangeons en famille. Norbert, intarissable, partage souvent d'amusantes anecdotes de son passé d'antiquaire. Nous traînons à table à bavarder. Ils savent qu'une jeune fille viendra passer une dizaine de jours avec moi. Ils s'en réjouissent. Oncle Norbert et sa compagne vivent seuls depuis plus de vingt ans. La perspective d'un peu d'animation, d'un peu de jeunesse dans leur demeure les enchante. Après le repas nous faisons quelques pas dans le jardin, dans le potager. La poterne arrière permet de prendre le sentier qui monte dans la forêt.

 

         Une fois dans mon appartement, je fais un peu de rangement. Je change les draps, les taies d'oreillers. Une sorte de nervosité grandissante me gagne. Comme je ne m'entraîne jamais le dimanche, je ne peux chasser cette énergie dévorante par un jogging. Par le sport. Mon corps a besoin d'une journée de récupération. Vais-je déroger à cette règle pour retrouver la sérénité ? Tout est propre et ordonné. Je n'oublie pas la grande serviette de bain, le gant de toilette et le nécessaire dans la salle bain. Le peignoir mauve sur un cintre. Je fais plusieurs fois le tour de l'appartement. Le salon, la chambre à coucher, la cuisine, les toilettes qui sentent la javel et le chlore malgré le parfum d'une bougie au jasmin. Fier de moi, je redescends. Oncle Norbert est entrain de bavarder avec le voisin, monsieur Kervela. Je les rejoins.

 

        Il va être dix sept heures. Le soleil joue à présent à cache cache avec de gros nuages blancs d'altitude. Tempérant ainsi les séquences de chaleur parfois accablantes. Je laisse ces gens à leurs conversations pour descendre au bourg. Je croise des connaissances parmi la foule de touristes. Ça cause néerlandais, Allemand, Anglais et même parfois Français. Je traverse la place en contournant le puis qui trône au milieu. Mon cœur me joue des tours. C'est un peu comme avant l'ouverture des paquets sous le sapin de Noël. Cette excitation irrépressible me gagne au point de me rendre euphorique. Fébrile peut-être. Je monte la rue de la Tour Saint Maurice pour admirer le paysage. Je me surprends à chantonner. Du manoir de Kerguénolé on voit jusqu'à la baie de Douarnenez. L'océan. Là-bas, sur la droite, le Cap de la Chèvre. À gauche la pointe du Van. Il est temps de revenir. J'accélère machinalement le pas.

 

        C'est par la route de Quéménéven qu'arrivera Odélie. J'attends en haut de la rue. Voilà le van blanc. Je le reconnais. Il va être dix huit heures trente. Mon cœur bât la chamade. J'ai un vertige. Le véhicule s'arrête sur le côté, entre deux platanes séculaires. Odélie en saute. Nous n'en croyons peut-être pas nos sens, ni nos perceptions des évènements présents. Nous nous approchons l'un de l'autre en nous souriant. Ma sensibilité naturelle est encore mise à rude épreuve. Avec cette retenue des premières fois, nous nous tenons par les bras un instant. Avant de prendre nos mains, de nous approcher pour échanger des bises. << Bonjour ! >> murmure Odélie. Je chuchote : << Bonjour ! >>. Comme si l'usage de la parole avait disparu, nous restons silencieux à nous sourire. Timides. << Viens, monte ! >> lance t-elle soudain en m'entraînant par la main.

 

        Je m'installe sur le siège passager. << J'ai roulé plus de trois heures. Ça circule difficilement. C'est dimanche et c'est la saison touristique ! >> dit elle en descendant lentement la rue. Il faut prendre à gauche pour entrer dans la propriété. Oncle Norbert et sa compagne préparent la table. Nous mangerons dans le jardin, sous la pergola envahie de lierre. Je dis : << Viens, je te présente ! >>. Nous sautons du van. Oncle Norbert vient à notre rencontre. Je fais les présentations. Odélie porte un large short noir, des sandalettes, un T-shirt beige. Ses longs cheveux presque noirs noués en une longue natte qui flotte jusqu'au milieu de son dos. Au regard discret que me lance mon oncle je comprends son ressenti. Il découvre une superbe jeune fille, souriante et immédiatement avenante. Respirant un optimisme débordant.

 

        Claude nous rejoint. Elle aussi est agréablement surprise. Le charisme naturel de la fille au van fait son petit effet. << Mais vous n'êtes pas seulement belle mais également très jolie ! >> lance t-elle. Nous rions de ce trait d'humour. Je propose de monter les bagages. << Vous avez tout votre temps, on mange dans une demi heure ! >> fait encore Claude. Je saisis le grand sac de sport. Nous montons à l'étage à toute vitesse. Odélie dépose ses affaires sur le lit. << Mais c'est génial ici ! >> s'exclame t-elle en tournant sur elle-même. Je pose le sac de sport sur la chaise en disant : << Viens, je te fais visiter ! >>. Totalement sous le charme de l'endroit, Odélie se jette à mon cou. Enfin nous laissons la joie de nous retrouver s'exprimer dans sa plus totale jubilation. Sur le balcon, admirant l'environnement bucolique, Odélie se tourne vers moi, passe ses bras autour de mon cou. Elle reste silencieuse à me fixer. Ses yeux noirs plongent au plus profond de mon être.

 

        << Je t'ai manqué ? >> demande t-elle. Je réponds : << Si ce n'était que ça ! >>. Nous rions. Nous revenons sur les courriels que nous avons échangé durant plus de trois semaines. Comme si Odélie attendait une réponse plus conséquente elle rajoute : << Raconte-moi tout ! >>. Je pose mes mains sur ses hanches en disant : << Nous avons dix jours à tout nous raconter ! >>. Elle se serre dans mes bras en gémissant de contentement. J'ai ma tête contre la sienne. Odélie ne peut pas voir la larme qui s'écoule. Une larme qui coule sur ma joue avant de tomber sur son épaule. Formant une tache plus sombre sur son T-shirt. Je reste ainsi, à la tenir contre moi. Je sens son cœur battre à quelques centimètres du mien. L'instant est d'une irréelle profondeur. L'émotion d'Odélie est palpable. Tout comme la mienne. Je ne suis donc pas seul à être submergé par ce bouleversement.

 

        << On mange ! >>. C'est Claude, depuis le jardin, qui nous aperçoit. Nous faisant signe de venir. Heureusement que mes yeux ont séché. Odélie ne se doute de rien. << Viens ! Je suis morte de faim ! >> s'écrie t-elle en m'entraînant par la main. Nous dévalons les escaliers pour rejoindre nos hôtes. Le mobilier de jardin est très confortable. Nous savourons une salade de concombre. Des queues de langoustines fumées avec de petites pommes de terre rissolées. Je garde le silence. Je suis assis en face d'Odélie. Je l'écoute en la regardant répondre aux questions. Ses aventures en van ont de quoi susciter beaucoup d'intérêts. Une jeune fille qui part ainsi par monts et par vaux, seule, dans un véhicule aménagé par ses soins, à de quoi éveiller toutes les interrogations. Elle prend plaisir à raconter ses voyages et ses séjours. Je ne cherche plus à comprendre, seule la musique de ses mots me berce. Secrètement je suis comme étourdi de bonheur.

 

        Passionnée, Odélie revient sur les découvertes que procure son mode de vie, six à huit mois dans l'année. Je suis toute ouïe moi aussi. Qu'il est agréable de rester à bavarder jusqu'au crépuscule. Les lampes violettes écartent les moustiques que nous voyons virevolter. C'est la pleine lune. Elle ne semble briller ce soir que pour nous. Oncle Norbert et sa compagne sont des "séniors" avancés. C'est lorsqu'ils se mettent à bâiller que nous nous lançons un regard complice. Nous proposons de débarrasser et de faire la vaisselle ensemble. << Pas question, on s'occupe de tout. Vous êtes nos invités ce soir ! >> s'exclame Claude. Elle rajoute à l'attention d'Odélie : << Montez vous reposer ! Vous êtes en vacances chère demoiselle ! >>. Nous n'insistons pas. Nous remontons en courant.

 

        J'entends Odélie chanter depuis la salle de bain. Je consulte ma boîte mail lorsqu'elle vient me rejoindre dans le peignoir mauve. Elle s'installe sur mes cuisses, ses bras autour de mon cou. << Je me sens bien ici. Merci William ! >> murmure t-elle. << J'ai beaucoup aimé le cadeau musical que tu m'as fait. Parfois j'écoutais en boucle la musique que tu as composé pour moi. Tu sais, ta vidéo sur Youtube. J'écoutais en préparant ma bouffe. Tu as aimé le petit commentaire que j'ai mis dessous ? >> rajoute t-elle. Bien sûr que j'ai apprécié. Odélie ouvre sa boîte mail en disant : << Mes parents sont rassurés en sachant que je vais passer dix jours pas très loin de chez eux. Tu sais parfois ils s'inquiètent de me savoir loin ! >>. Je me lève. Je la laisse les prévenir par écrits . Confirmant qu'elle est bien arrivée. J'aime lorsqu'elle porte sa paire de lunettes d'étudiante.

 

        Je suis allongé sur le lit. Odélie, en courant, plonge dessus. Elle me chevauche en riant. << Ensemble dix jours ! >> lance t-elle avant de se redresser. En sautant sur le lit comme une collégienne à la vieille des vacances, ma complice témoigne de sa joie de vivre. Je tape des mains en rythme avant qu'elle ne se mette à genoux sur la couette pour me faire tomber en m'enlaçant. C'est tellement bon de faire les fous. Nos lèvres se touchent, se caressent, se testent. Sa langue s'enfonce soudainement dans ma bouche. Couchée sur moi, de tout son long, Odélie m'embrasse passionnément. À tel point que nous avons les mentons trempés de nos salives. Mon émotion est à son comble. Le fantôme qui me hante depuis plus de trois semaines a repris sa forme charnelle. Dans l'obscurité, Odélie ne se doute pas que des larmes se mêlent à ma salive.

 

        Où alors s'en doute t-elle en percevant les gémissements que je ne peux réfréner ? Au goût salé ?Les filles devinent toujours tout. Je la repousse délicatement. Sur le dos, elle me regarde écarter les pans de son peignoir. Ses yeux noirs qui m'observent. Amusée, elle reste immobile. Je pose ma bouche sur chacun de ses seins. Le léger frisson qui anime son corps exerce sur ma psyché une sorte de fascination. Je descends lentement jusqu'à son nombril que je fouille du bout de ma langue. Odélie saisit ma tête. Comme si elle redoutait ce qui va suivre. Je lutte un peu contre l'étreinte qu'elle exerce. Ma bouche se colle sur son bouton de plaisir. Je retrouve cet indicible bonheur de contrôler la situation. C'est surtout contre moi que je dois lutter. Je veux que ce soit à nouveau cet enchantement paradisiaque dans lequel Odélie aime à s'abstraire. La plus juste continuité de ce que nous avons vécu il y a un peu plus de trois semaines.

 

        Ses gémissements sont ma première récompense. Elle vient de lâcher ma tête pour s'abandonner dans les plus insensés plaisirs. Je descends encore pour retrouver l'onctuosité de ses sécrétions. Je m'en régale comme un affamé. Odélie murmure d'incompréhensibles propos. Nos gémissements résonnent de concert. Même si elle cherche parfois à me repousser délicatement, ma bouche reste collée à ses intimités. Pour chercher le meilleur angle, Odélie tortille du bassin. Je ne me laisse pas repousser juste avant l'explosion. Je résiste. Dans un cri, se cambrant, Odélie est noyée des merveilles d'un plaisir irrationnel. Tout son corps se met à trembler. J'adore lorsque ses cuisses se referment sur ma tête. Un étau de chair. Je peux les sentir vibrer contre mes joues. Je me redresse. Je reste en appui sur mes bras.

 

        Mon érection contre son sexe, je m'immisce avec d'infinies précautions. Comme si c'était une première fois, la fille au van ouvre de grands yeux. Ils se sont habitués à l'obscurité. Nous restons immobiles à nous scruter. Silencieux. Parfois, dans un mouvement synchrone nous nous mettons à bouger. À nous bercer. Nos lèvres se frôlent. Je penche ma tête pour gober le lobe de son oreille. La grosse boucle m'empêche de sucer comme j'aimerais le faire. Nos corps, intimement mêlés, comme les deux pièces d'un puzzle, ne font plus qu'un. La fatigue nous gagne tous deux. Je me retire doucement en enfonçant ma langue dans sa bouche. Je redescends une nouvelle fois. Odélie m'en empêche lorsque mes lèvres ventouses quittent ses seins. Je n'insiste pas. Son plaisir seul me préoccupe. Elle se serre contre moi. Si fort. Je ne sais pas lequel de nous deux plonge le premier. Je sais simplement que je m'endors submergé de bonheur.

 

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01/08/2024

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