L'ECRIT DE JOIE

L'ECRIT DE JOIE

Quéribus

                                                            Quéribus

 

        C’est un bruit de moteur qui nous tire de nos profonds sommeils. En gémissant Odélie vient se blottir tout contre moi. << C’est qui ce con ! >> murmure t-elle d’une voix à peine audible. Je suppose qu’il s’agit d’un véhicule de la voirie. Cela ne dure qu’environ deux minutes. Certainement le temps de charger les grosses poubelles grises que nous avons vu hier soir sur le trottoir. Ma dormeuse consulte l’heure sur son smartphone. << Huit heures ! >> s'écrie t-elle. Je réponds : << C’est parfait. Le timing idéal si nous voulons partir ce matin ! >>. Il a été décidé hier soir, au restaurant, de partir pour le château de Quéribus aujourd'hui. Ce qui signifie quatre vingt kilomètres à l’aller, autant pour le retour. Comme hier, en passant par Limoux. Quelques câlins. Quelques bisous et Odélie se lève en s’écriant : << Pipi ! Ça urge ! >>. Elle se précipite vers la porte. Une vendredi identique aux journées qui l’ont précédé. Le ciel bleu pâle d’une fin mars. Un soleil déjà haut et fier. C’est à mon tour d’aller aux toilettes. Je rejoins ma compagne d’aventures à la salle de bain.

 

         L’eau fraîche sur nos visages permet de bien situer les choses. Nous revêtons nos tenues sports. Morts de faim nous dévalons l’escalier. Odélie s’affaire au café pendant que je m’occupe des fruits. Notre copieux petit déjeuner, composé aujourd’hui de délicieuses tartines au miel crémeux et à la confiture d’églantine. Nous mangeons de bon appétit en revenant sur nos facéties dans le cimetière de Rennes-le-Château et surtout au bas de la Tour Magdala. << J’adore tes initiatives et tes prises de risques ! >> me fait ma touriste en venant s’installer sur mes genoux. J’ai beau anticiper en éloignant ma dernière tartine. Rien n’y fait, la moitié m’est confisquée et trempée dans le reste de mon café. Odélie portant le bol à sa bouche pour le terminer. Je dis : << Tu es adorable. Comment je fais pour survivre quand tu n’es pas à me voler ma nourriture ! >>. Elle en rit. Me chatouille. Nous ne traînons pas. Cette météo est une véritable invitation à l’évasion.

 

        Et déjà l’évasion par un bon jogging. À peine la vaisselle faite, les dents brossées que nous enfilons nos K-ways. La température n’étant encore que de 17°. Les exercices d’échauffement au bord de la piscine avant de trottiner jusqu’à la sortie de l’hôtel. Après le << Bonjour >> ravi de Séverine. Impossible de se lasser de ce même parcours emprunté chaque jour. Une heure de course au rythme imposé par mon athlète. Déconner sous la douche est évidemment un autre de nos rituels. Il n’est pas dix heures quand nous préparons nos sandwichs. Je coupe de longues tranches dans la miche dont il ne reste plus qu’un gros croûton. << On achète une autre miche à Limoux ! >> précise ma préparatrice qui beurre le pain. J’y étale de fines lamelles de bacon. De fines lamelles d’Emmental. Des rondelles de tomates. Le tout emballé dans des feuilles d’aluminium. Deux pommes. J’aime écouter la fille au van me donner ses impressions. Elle n’est jamais avare d’amusantes anecdotes sur des évènements vécus.

 

        Elle est vêtue de sa jupette carmin, d’un T-shirt brun. Je suis en bermuda beige et T-shirt gris. Nos baskets. Les emballages dans le petit sac à dos avec la bouteille d’eau. << On s’arrache ! >> fait mon amie. Nous filons comme des voleurs. << Bonne journée ! >> nous lance Séverine depuis son comptoir. C’est Odélie qui roule. Même route en direction du Sud. Vers l’Aragon dont les citadelles du vertiges surveillaient déjà il y a 800 ans les frontières. << J’aime rouler. J’ai un sentiment de liberté quand je conduis ! >> me répète t-elle. J’apprécie vraiment. Je peux regarder les paysages. Mon chauffeur tient mon poignet afin que je ne retire surtout pas ma main gauche de sa cuisse droite. J’essaie de trouver les mots les plus justes pour expliquer les sensations que procure sa peau contre la mienne. Une sensation que j’éprouve dès le réveil et jusqu’au soir avant de m’endormir. Ma conductrice partage cette perception subtile. Voilà Limoux. Il n’y a pas d’autres alternatives que de passer en son centre. Les feux qui se suivent dans une certaine monotonie.

 

        << Là, la boulangerie qu’on a repéré hier ! >> lance mon chauffeur en prenant à gauche pour s’arrêter à une centaine de mètres du carrefour. Elle m’attrape par la main pour nous élancer à toutes jambes vers le magasin. C’est une grande boulangerie artisanale. Il y a l’embarras du choix. Nous arrêtons le nôtre sur cette énorme miche de pain complet et bio. Couverte de graines de lin. Une superbe brioche à la pâte d’amande pour demain matin. De retour à la voiture il faut faire demi tour. Éviter les cyclistes téméraires, pas très respectueux du code de la route. C’est parti. Il reste cinquante kilomètres jusqu'à Cucugnan, base stratégique de nos aventures de cet après-midi. Il est onze heures quarante cinq quand nous y arrivons. Je connais bien ce village. Odélie gare la voiture à proximité de l’église Saint Julien. << Julien ? Ce n’est pas le nom d’un de tes personnages ? >> me demande t-elle alors que nous réunissons nos affaires. Je confirme : << Oui, les aventures de Clémentine et de Julien ! >>. Je mets le sac sur le dos.

 

        Le soleil de mars n’inflige aucune morsure mais il éclaire déjà toute chose de cette lumière impudique typique du Sud. Nous remontons l’étroite rue entourée de maisons à un étage. Il y a de rares touristes. Les autochtones se distinguent par une démarche franche. Ils ne flânent pas. Contrairement à nous qui déambulons jusqu’aux marches de l’église. L’architecture ne présente pas un style particulier. L’intérieur clair y est d’une sobriété identique à l’extérieur. Toute l’Occitanie semble vouer un culte à Marie-Madeleine. Elle est représentée ici les mains l’une contre l’autre mais nullement dans un élan de dévotion. Plutôt dans un geste rationnel. Il fait bien plus frais dans l’édifice religieux. Il y a d’autres visiteurs. << Pas de confessionnal ! Dommage ! >> chuchote ma comparse. Il commence à faire faim. Nos estomacs ronronnent. Alors qu’elle ne s’y attend pas, je saisis ma visiteuse par sa taille, par l’arrière. J’adore ce réflexe féminin qui fait frémir son corps. Elle prend appui de ses mains contre un dossiers des bancs.

 

        Je serre mon bas ventre contre ses fesses. Je remonte mes mains sur ses seins. Des cinq ou six personnes présentes, aucune ne nous prête la moindre attention. Je chuchote : << J’aime les prises de risques ! >>. Odélie murmure : << Et d’autres prises aussi je vois ! >>. Je bouge doucement, d’un mouvement lent et régulier. Elle se retourne pour passer ses bras autour de mon cou. Serrant son ventre contre le mien en rajoutant à voix basse : << Depuis que je te connais tu as de curieux comportements dans les lieux de cul...tes ! >>. Nous en rions de bon cœur. Ma complice m’entraîne par la main. Nous voilà de retour sous ce bienveillant soleil. Là-haut, sur son éperon rocheux, le château de Quéribus. Sa fière silhouette se détache sur le bleu de l’azur. Derrière nous, sur sa colline, le Moulin d’Omer. Nous en prenons la direction. C’est à ses pieds que nous prendrons notre repas. Il faut fournir environ quinze minutes d’efforts.

 

        Ça en vaut la peine. Le Moulin d’Omer est une construction cylindrique de pierres blanches surmontée d’un toit pointu de tuiles d’ocre clair. Les quatre ailes de son hélice sont vides de toutes toiles. La construction est entourée de cyprès, de quelques oliviers. Les restes des murets qui l’encerclaient. Il y a deux bancs exposés au soleil. C’est très agréable de déguster là nos sandwichs. Quelques promeneurs apparaissent parfois pour faire le tour de la bâtisse. Jamais des sandwichs ne nous ont paru aussi bons. L’eau gazeuse de Salvetat a gardé de sa fraîcheur. Ce n’est pas seulement du bonheur ici, c’est également de l’enchantement. Partout autour de nous ces paysages arides, en apparence vierges de toutes végétations. Les haut sommets nous entourent de toutes parts. Avec leurs falaises comme autant de tâches clairs dans les chatoyantes déclinaisons de bruns et de verts. Odélie se lève. Sautille en se dirigeant vers le moulin. Je la regarde. J’admire sa silhouette qui se détache sur les pierres blanches.

 

        Comme le ferait une danseuse, elle tourne, sur un pied, une jambe relevée. Puis sur l’autre. J’assiste à un ballet improvisé. C’est exquis. Les gestes gracieux de la danseuse se prolongent dans l’ombre qu’elle projette sur le sol rocailleux. Je m’installe en tailleur sur mon banc. J’observe ce spectacle en sachant qu’il se grave à l’instant même et à tout jamais en moi. Il fera partie de mes nourritures spirituelles pour le restant de mon existence. Odélie s’arrête soudain. Immobile, les mains sur sa tête, c’est elle qui m’observe. Une vingtaine de mètres nous séparent. Son regard est sérieux. Est-elle en proie aux mêmes introspections ? C’est au bout de quelques jours ensemble que le phénomène de télépathie refait son apparition. Oui. C’est certain. Ma ballerine photographie cet instant pour son éternité. Soudain, elle baisse les bras, regarde dans toutes les directions, retrousse sa jupette pour retirer sa culotte de fin coton blanc. Je reste à la fois amusé et surpris. Elle fait tourner le vêtement au-dessus de sa tête avant de s’accroupir.

 

        Cuisses largement écartées, elle continue à m’observer. Je reste immobile en joignant mes mains comme pour une prière. Mon Dieu qu’elle est belle. Mon pauvre cœur va défaillir. Odélie reste ainsi, les mains d’abord posées sur ses cuisses, sa culotte nouée autour de son poignet droit. Elle les relève pour les poser sur sa tête. Va t-elle pouvoir tenir cet équilibre instable longtemps ? Pour le maintenir mon étonnante amie resserre ses cuisses quelques instants pour les écarter encore plus largement. Impossible de distinguer dans l’obscurité qui règne sous sa jupette. Je ne peux que deviner. Mais c’est tellement plus exaltant de devoir imaginer. C’est un miracle. Personne. Odélie se redresse. S’éloigne davantage pour reprendre sa position. Cette fois adossée au mur circulaire du moulin. Je viens de me rendre compte que ma respiration est devenue haletante. Que je sens battre mon cœur jusque dans mes tempes. Que mon érection est presque douloureuse, tordue et contrariée au fond de mon slip. La fille au van m'envoûte une nouvelle fois.

 

        Bouger, me lever, entreprendre quoi que ce soit mettrait fin à ce spectacle divin. Je me contrôle toujours si parfaitement. Une fois encore la situation me contraint aux plus extrêmes limites. J’adore être confronté à ma libido, la dompter, la soumettre à ma volonté. L’occasion m’en est encore donnée en ces instants d’indicibles tensions. Je suis convaincu que là-bas, la fille au van partage des émotions semblables. Exposée ainsi dans sa féminité la plus exacerbée. Non. Je ne rêve pas. Elle pisse. Je ne m’en rends pas immédiatement compte. Par jets courts et puissants. Ma voyageuse jette de furtifs regards dans toutes les directions. Sa merveilleuse attention m’est exclusivement destinée. Je la reçois comme le plus sublime cadeau que la vie me réserve en ces instants hors du temps. Hors de toute réalité tangible. J’ai là soudain énormément de mal a faire le distinguo entre le virtuel et le réel. Et pourtant je suis bien éveillé. Odélie se redresse. Il reste juste la trace d’une longue coulure courant sur quelques mètres et qui achève de sécher sur ce sol qui a tout absorbé.

 

        Je la regarde se masser les genoux, sautiller sur place avant de venir me rejoindre en courant. Elle me dépose une bise sur le nez puis sur le front. En s’asseyant à ma gauche elle dit : << Ça faisait un moment que je devais ! >>. Elle change de position pour s’allonger sur le dos. Sa tête sur ma cuisse. Je passe mon index sur ses sourcils. Ils me fascinent autant que la fille qui les possède. Nous restons silencieux. La caresse du soleil est enchanteresse. Il va être quatorze heures. Odélie se redresse, m’attrape par la main pour m’entraîner. Nous redescendons le chemin qui mène au village. Il faut traverser la route puis prendre le large sentier qui monte à la citadelle du vertige. Nous pouvons marcher en nous donnant la main. La culotte de fin coton blanc est dans la pochette avant du sac à dos que je porte. La lumière est crue. Tout est sec. Nos pas soulèvent parfois la poussière blanche qui recouvre le sol pierreux. Il faut vingt minutes pour arriver au bas du vertigineux escalier. Il évolue le long de la pente presque verticale en épingle à cheveux.

 

        Le château, fièrement dressé sur son éperon rocheux, défie autant l’entendement que les paysages qui l'entourent depuis des siècles. Quel génie humain a pu concevoir une telle prouesse ? Il y a plus de 800 ans. Non content de défier le roi de France le château accueillit les Cathares que l’on disait hérétiques. Pour négocier sa liberté Chabert de Barbaira, loyal fidèle du roi d’Aragon, abandonna sa citadelle aux ingénieurs et soldats royaux. Ils en renforcèrent les fortifications défensives pour en faire un poste frontière jusqu’au traité des Pyrénées signé en 1659. Tout cela est précisé sur l’un des panneaux informatifs. Nous arrivons enfin sur le grand perron. C’est beaucoup plus petit que l’impression qu’on en a depuis Cucugnan. C’est un épais donjon à la construction étrange. Impossible à décrire par une figure géométrique connue. Il est massif. On y pénètre par une poterne. Un pilier centrale et unique. Tout aussi étrange. Des arceaux en arcs gothiques.

 

        On peut y monter par un escalier raide. Je suis pris de vertige arrivé sur la plateforme de son sommet. Ses murs, qui se confondent avec la paroi rocheuse vertigineuse, défient l’entendement. Comment sa construction a t-elle été possible par des hommes n’ayant pas nos outils modernes ? Et même avec nos équipements contemporains il n’est pas certain que ce soit réalisable. Odélie s’amuse de mon inconfort, de ma peur du vide et de mes hauts le cœur. Il y a d’autres visiteurs. Nous nous passons la paire de jumelles pour admirer cet environnement grandiose, parfois lunaire. Le gigantisme qui nous entoure est sans commune mesure avec l’échelle humaine. Ma randonneuse s’amuse également à glisser ses mains entre mes cuisses. Guettant chacune de mes réactions. Pas toujours très discrète afin de me mettre dans l’embarras. C’est finalement la meilleure thérapie contre le mal des montagnes. Et je l’en remercie.

 

        Nous prenons des photos. Nous redescendons prudemment. En sortant du donjon, en le contournant, on pénètre dans une cour. Il y avait là les appartements, les dépendances, les communs et certainement le potager. Un puisard fermé par une grille. Impossible de voir plus loin que le trou noir qui paraît sans fond. Nous sommes seuls dans cette portion des remparts. C’est moi qui glisse ma main entre les cuisses de ma visiteuse. Et toujours ce réflexe féminin du sursaut de surprise. C’est doux, légèrement moite. Passer mon doigt entre les lèvres charnues de son intimité. C’est aussi immense que tout ce qui nous entoure. Cela m’exalte. Odélie saisit mon poignet pour que surtout je ne cesse pas. Je murmure : << J’ai envie de te manger ! >>. Elle pousse un profond soupir. Nous savons bien que ce serait bien trop risqué en ce lieu. Même si nous aimons tous deux le risque. Il y a une légère brise, très agréable sous un soleil des plus doux. Ma complice s’éloigne pour contourner l’amas de pierres tombées jadis.

 

        Je ne la vois plus. Je vais à sa suite. Je la découvre accroupie. Elle me fixe avec le plus grand sérieux. Cuisses largement écartées. Je regarde dans toutes les directions. Personne. Nous entendons des voix, des éclats de rire mais aucun visiteur ne vient par là. Je descends rapidement la tirette de mon bermuda. J’en extrais mon érection naissante. Je la tiens à sa base, entre le pouce et l’index. Je reste aux aguets. Je fais « l’hélicoptère ». J’adore voir rire ma comparse. Elle se tient à une grosse pierre, riant aux éclats. << Tu arrives à t’envoler avec ? >> me demande t-elle. Je cesse. Je me tourne vers le mur. Je pisse. Odélie ne rit plus. Elle observe la scène avec l’attention d’une entomologiste. Je suis à la fois très gêné et très excité. C’est au tour de la fille au van de faire sa voyeuse. Je secoue les dernières gouttes en découvrant qu’elle vient de grimper, de s’installer, en appui sur ses coudes, sur une grande pierre plate. Cette invitation à la luxure achève de me mettre en appétit. Je n’ai qu’à m’approcher, saisir ses chevilles, pencher ma tête entre ses cuisses.

 

        Il y a toujours cette fraction de seconde indescriptible lorsque je pose ma bouche sur son clitoris. C’est une extase partagée. Mais là, c’est avec le facteur risque qu’il faut composer. Je ne peux pas être à la fois au four et au moulin. J’invite donc ma douce amie à bien surveiller à l’entour. Je sais pouvoir lui faire confiance. Les femmes savent parfaitement faire deux choses en même temps. Je me régale. La saveur légèrement vinaigrée. L’arrivée des premiers épanchements. J'en perds toutes notions d’espace et de temps. << Attention ! >> fait soudain ma caressée. Elle me repousse délicatement. C’est un couple. Ils arrivent par là. Je me redresse complètement pour croiser mes bras, m’appuyer contre la pierre où s’assoit le plus normalement du monde Odélie. Cela dure quelques minutes. Nous nous chuchotons nos impressions. Je suis impatient de retourner à ma collation de seize heures. Ma complice est impatiente que j’y retourne. Enfin ces gens s’en vont. Je peux reprendre ma dégustation. Quel partage que nous nous offrons là encore, dans ces ruines séculaires !

 

        Une nouvelle alerte. Cette fois c’est un groupe de six individus. C’est trop frustrant. Nous quittons la cour pour contourner le donjon. La descente de l’escalier raide et impressionnant nous remet très rapidement les idées en place. Il va être dix sept heures trente quand nous revenons à Cucugnan. Le Théâtre Achille Mir a fermé ses portes. Dommage. Nous retournons à la voiture. Cette fois je suis prié de prendre le volant. Je roule doucement en quittant le village en direction de la nationale. Quelle n’est pas surprise quand ma passagère ouvre ma braguette avec quelques difficultés. Elle y parvient. Elle mitraille ma joue de bises et dit : << Je passe les moments les plus dingues avec toi. Tu fais de moi une dépravée. C'est génial ! >>. À peine a t-elle prononcé ces mots qu’elle se penche sur sa gauche. Même si j’exerce toujours un contrôle total sur mes émotions, je dois reconnaître que là mes certitudes sont sérieusement mises à mal. Heureusement la route départementale est déserte. Ça roule facile. Route parfois sinueuse. J’oriente le rétroviseur intérieur pour jouir également du spectacle.

 

        Il en vaut la peine. Les yeux fermés, concentrée sur sa dégustation, ma passagère pousse de petits gloussements de ravissements à peine audibles. Je passe ma main sous ses cheveux qu’elle a détaché. Je la pose sur sa nuque. Pour la surprendre, j’appuie légèrement. À plusieurs reprises. À chaque fois un petit gémissement qu’il m’est impossible d’interpréter. Il faut cesser car j’arrive sur la nationale. Je saisis sa tignasse pour la forcer à se redresser. Elle oppose une résistance. J’insiste. Rien à faire. Pourtant je vais devoir accélérer. Il y a un camion qui se pointe. Il klaxonne. Odélie se relève enfin. J’accélère en réajustant le rétroviseur intérieur. << Mais quel salaud. Quel vicelard ! Tu me mâtais, hein ? C’est ça ? >> s’écrie ma comparse. Je ne peux m’empêcher de rire en révélant mon stratagème. J'avoue. << Mais quel vicieux ! >> s’exclame t-elle. Je m’arrête sur le parking d’un restaurant. Je dis : << Tu reprends le volant ? J’aime bien quand tu nous trimballes ! >>. Odélie n’hésite pas. Elle sort. Moi aussi.

 

        Nous nous rejoignons à l’arrière de l’auto pour nous embrasser comme des fous. Ça klaxonne encore. Mon chauffeur s’installe au volant. Ma main d’abord sur sa cuisse. Puis beaucoup plus investigatrice. Ma conductrice est aussi maître d’elle-même que moi. Elle roule en parfaite virtuose tout en se faisant fouiller de mes doigts inquisiteurs. J’adore poser mes lèvres sur sa joue. Puis remonter jusqu’à son oreille pour y chuchoter des coquineries. En mordiller le lobe. Le sucer. Je retire mes doigts pour les lécher. Pour les humer des effluves de ses intimités. C’est goûteux. Nous traversons Limoux. Il est dix neuf heures quand nous sommes de retour à l’hôtel. Le comptoir de l’accueil affiche fermé. Une douche où se fait sentir la fatigue. Nous hésitons. Dévorés par l’envie de faire l’amour et la faim qui nous tenaille. Nous revêtons Jeans et sweats avant de redescendre. Ce sera le restaurant d'abord et l’amour après…

 

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19/11/2024

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