L'ECRIT DE JOIE

L'ECRIT DE JOIE

Rendez-vous devant la chapelle

                                       Rendez-vous devant la chapelle

 

       La grasse matinée de ce dimanche m’emmène allègrement aux environs de neuf heures. J’ouvre les yeux pour découvrir un ciel entièrement bleu. C’est beau par les vitres de la porte fenêtre. Je saute de mon lit, tout guilleret, avec l’intention d’aller sur le balcon. Anne-Marie est déjà partie. Sans prendre de petit déjeuner. Trop pressée d’aller s’occuper chez elle avant de retrouver ses parents pour midi. J’ai complètement occulté qu’en cette fin octobre, en slip et en T-shirt, il m’en cuirait. En effet, la température n’excède pas 14°. Je me dépêche de rentrer, d’aller aux toilettes, puis à la salle de bain où il fait bien meilleur. Mon Levis, ma chemise à carreaux, mes baskets, de l’eau froide sur le visage. Morts de faim, je dévale les escaliers. Je prends mon petit déjeuner en établissant le timing de la journée. J’ai rendez-vous à quatorze heures devant l’ancienne chapelle gothique. C’est le seul impératif. Dès la vaisselle terminée, je descends à la cave. Jusqu’à aujourd’hui, j’ai rechigné à allumer la chaudière. Là, il vaut mieux permettre à l’ensemble des radiateurs d’entrer en fonction. S’il devait y avoir le moindre souci, j’aurai tout le loisir de m’en apercevoir et de faire le nécessaire.

 

        Au salon, installé au bureau, j‘allume l’ordinateur. Quelle surprise. Deux mails. Celui d’Anne-Marie qui me rappelle que nous nous voyons cet après-midi. Celui de Virginie qui désire me voir vendredi prochain. Prétextant une fois encore qu’elle a plein de choses à me raconter. Elle joint une photo où je la découvre en tenue d’écuyère sur sa monture. Je m’empresse de répondre. Il y a également des courriels sur les messageries privées des forums où je publie mes récits. Récits qui paraissent toujours d’abord sur mon Blog dont les droits sont réservés. De fidèles lecteurs, désireux d’avoir quelques détails précis quant aux aventures des héros que je mets en scène. Cela demande de prendre sur soi, d’y consacrer du temps. C’est ma petite activité intellectuelle des dimanches matins. J’y prends un vrai plaisir. De posséder son Blog c’est un peu comme d’avoir son site de rencontre personnel. Là, ce sont principalement des contacts avec des lectrices. Leurs questions sont bien plus pertinentes et souvent d’une grande indiscrétion.

 

        J’entends gargouiller les radiateurs. La chaleur commence d’ailleurs à envahir toute la grande pièce. Je me lève pour faire une inspection de chacun d’entre eux. En bas comme à l’étage. Je règle le thermostat. Pas plus de 12° dans la chambre à coucher. Pas plus de 12° dans la salle d’entraînement. Tout est parfait. Je vais être livré en fioul et en bois au début novembre. Tous ces petits détails ont leur importance. Je déteste avoir le moindre problème dans mon existence comme dans mes environnements. Il va être onze heures. Le rituel du dimanche. Escalope de saumon à la crème avec frites. Laitue en salade. Coupe glacée en dessert. Je prépare mon repas. La température extérieure est à présent de 19°. Je sors pour faire quelques pas dans la propriété. La surface des eaux du bassin où flottent quantité de feuilles mortes. Les branches du saule y trempent lascivement. Pas un souffle de vent. La seconde partie de la journée s’annonce sous les meilleures augures. Des réjouissances en perspectives qui m’ouvrent l’appétit.

 

       Je mange de ce bon appétit naturel en me préparant mentalement. Je peux prendre tout mon temps puisqu’il n’est que midi quinze. Ce que je fais en dégustant ma coupe glacée au pralin, à la pistache et aux noix de pécan. Un bon café, bien serré, à l’Italienne. Je n’ai plus qu’à procéder à la vaisselle et au nettoyage de l’évier. Vider une machine et suspendre le linge dehors. Je garde mon jeans, ma chemise, mes baskets. Dans le petit sac à dos, trois pommes, des barres de céréales, la gourde isotherme de thé bouillant. Aujourd’hui au jasmin. Le K-ways. La minuscule paire de jumelles. Mes Ray-Ban “Wayfarer“ sur le nez. Ma casquette bleue portant la marque de ma guitare préférée “Martin & Cie“. Je prends quelques poses devant le grand miroir de la penderie. C’est parti. Il n’y a que cinq kilomètres jusqu’à l’endroit du rendez-vous. La température est de 21°. Je roule sous un ciel d’azur. J’arrive toujours un peu en avance. La Clio rouge bronze d’Anne-Marie, garée entre d’autres voitures. Je ne vois ni Anne-Marie, ni Nathalie.

 

        Il y a du monde dans l’enceinte du petit cimetière. La chapelle, désacralisée, accueille souvent et régulièrement des expositions. Des artistes amateurs de la région. Mes amies sont certainement à l’intérieur. Je ferme la voiture, mon sac sur le dos. Effectivement Anne-Marie et Nathalie admirent les toiles exposées. Je les surprends en restant discrètement immobile derrière elles. C’est Nathalie qui s’en rend compte la première. Elles me font toutes les deux des bises. Sous quelques regards amusés des visiteurs présents. C’est une jeune artiste qui propose ses œuvres. Des peintures acryliques plutôt bien pensées et très originales. Nous ne nous attardons pas. Mes deux amies, accrochées à mes bras, m’entraînent à l’extérieur. << C'est quand que tu m’invites à dormir chez toi ? J’aimerais bien. Moi aussi ! >> me fait Nathalie alors que nous traversons la route. Il faut prendre le chemin qui monte en pente douce. D’autres promeneurs. Il est large, nous pouvons évoluer de front tous les trois.

 

       << Si l’une de nous deux parle école, tu sévis ! >> lance Anne-Marie. Des shorts et des T-shirts auraient été plus adaptés. Mais il ne faut se faire aucune illusion. Cette température est éphémère. Il n’est que quatorze heures quinze. << Tu as fais des trous sur cet itinéraire ? >> me demande Nathalie. Je précise qu’il n’y a aucun abri à bois, aucun cabanon dont les cloisons en offriraient la possibilité. << Dommage ! >> fait encore la jeune femme. Le chemin devient sentier après le calvaire. Un raidillon par endroit. Anne-Marie ouvre la marche. Je suis entre les deux jeunes femmes. Il faut être prudent. Le tapis de feuilles rousses dissimule de redoutables pointes rocheuses. Inutile de prendre le risque de se fouler une cheville. Surtout avant les vacances de la Toussaint qui se profilent. Voilà la carrière d’où était extraite l’argile nécessaire à la fabrication des tuiles. Les bâtiments à l’abandon des anciennes tuileries sont le but de notre randonnée. Ces carrières sont effrayantes. Lugubres. Des parois vertigineuses et raides.

 

        De grosses cordes offrent une sécurité dérisoire aux randonneurs. En proie au vertige j’évite de regarder en bas. Tout comme Nathalie. Ce qui amuse beaucoup Anne-Marie qui se retourne. Elle empoigne ma braguette en disant : << Alors ! On la ramène moins. Hein ! >>. Nathalie s’en rend compte. << Tu ne t’emmerdes plus dis donc ! Ces familiarités sont le fait de passer la nuit ensemble ? >> s’exclame t-elle. Anne-Marie se contente de rire. Elle me lâche pour reprendre la montée. Le sentier redevient chemin. Nous croisons nombre de marcheurs. C’est dimanche. Il fait beau. Peut-être une des dernières belles journées. Mes amies me tiennent souvent par les mains. Ce qui amuse et interroge certainement quelques randonneurs. Voilà les vieux bâtiments de briques rouges. Plein de gens. Nous trouvons un endroit légèrement à l’écart pour prendre notre collation. Le thé encore chaud bouillant. Anne-Marie propose des clémentines, Nathalie des mandarines et moi mes pommes. Il fait vraiment bon au soleil alors qu’il est seize heures.

 

        << Pipi, ça urge ! >> lance Nathalie. << Là, derrière les murs ! >> fait Anne-Marie. Nathalie se lève, s’éloigne et nous laisse seuls. << Tu ne m’en veux pas que je raconte toujours tout à Nathalie ? >> me demande mon amie. Je la rassure : << La vérité est une vertu. En faire usage est une qualité ! >>. Nous sommes assis en tailleur sur une plaque de béton. En plein soleil. Elle se penche, tend le bras pour empoigner ma braguette. Son sourire malicieux. Elle défait ses cheveux. Nathalie revient, nous surprend ainsi. << À moi ! >> lance Anne-Marie en se levant à son tour. << Fais gaffe, il y a plein de cacas et de papiers partout ! >> précise Nathalie en s’asseyant. << Vous en étiez où ? >> demande t-elle en empoignant elle aussi ma braguette. Nous en rions aux éclats. Elle rajoute : << Je dors chez toi quand ? >>. Pour toute réponse je glisse ma main entre ses cuisses pour monter lentement à l’entre jambes. Anne-Marie revient. Nous restons là à profiter de cette douceur déclinante. D’ici une demi heure il faudra enfiler les K-ways.

 

        Anne-Marie, assise en tailleur, comme nous, se met à quatre pattes pour venir déboutonner ma braguette. Les gens les plus proches sont à une trentaine de mètres. Un groupe qui s’apprête à repartir. Je me retrouve rapidement avec le sexe à l’air. Caché par mon sac à dos. D’abord dans la main d’Anne-Marie, puis dans celle de Nathalie. Elles se le refilent pour jouer avec tout en parlant de leurs vacances. C’est adorable. Mon érection les amuse. Moi aussi je dois pisser. << On t’accompagne ! >> lance Nathalie. Il est dix sept heures. Nous contournons le bâtiment. Effectivement, il vaut mieux faire attention où l’on met les pieds. À tel point que je décide de faire ça dans la descente. Il faut ruser pour ne pas nous retrouver entre deux groupes de randonneurs. Mon envie devient torture. Nous quittons le sentier pour grimper un amas rocheux. Je suis entre mes deux amies qui s’installent comme au spectacle. Je suis extrêmement gêné. << Tu fais ta chochotte ? >> me lance Nathalie. Je me déboutonne. Anne-Marie se précipite pour saisir mon sexe.

 

        Elle le tient pour en diriger les jets. Son autre bras autour de ma taille. Nathalie qui tourne autour de nous. Ma "guide" fait un dessin abstrait contre la roche. Nathalie photographie en disant : << Une œuvre d’Art ! >>. Nous en rigolons comme des bossus. << Laisse-moi essayer ! >> s’écrie Nathalie. Anne-Marie lui tend l’objet de sa convoitise. << C’est génial ! >> s’écrie t-elle. Elle secoue les dernières gouttes, penchée en avant, son visage à faible distance. Dans ces situations extraordinaires je m’attends toujours à des initiatives féminines imprévisibles et surprenantes. Anne-Marie fait deux photos. Accroupie, concentrée. << Je filme ! >> précise t-elle. Nathalie agite mon sexe en direction de l’objectif. Quand je ris, ça gicle toujours un peu n’importe comment. Ce qui est le cas sur ma basket droite et sur la gauche de Nathalie. Je peux enfin remballer, m’ajuster. Nous enfilons nos K-ways. Nous marchons d’un bon pas. Voilà le dangereux sentier qui surplombe les ravins de la carrière. Prudence. Anne-Marie se retourne. Nous stoppons au bord du gouffre.

 

        Je ne dois surtout pas regarder en bas. Il y a des gens qui paraissent tous petits au fond. << Et si tu te baladais avec ton "machin" à l’air, jusqu’à la voiture ? >> lance t-elle. << Oh oui ! >> s’exclame Nathalie. Devant cette idée saugrenue je reste consterné. Je dis : << Mais vous êtes folles toutes les deux ! Et si quelqu’un me voit ! >>. Posément, Anne-marie explique : << S’il y a quelqu’un, tu prends l’une de nous deux dans tes bras et le tour est joué ! >>. Nathalie surenchérit en disant : << C’est pourtant simple ! >>. Elle ne me laisse d’ailleurs plus une seconde de réflexion. Nathalie s’accroupit pour déboutonner mon 501. Je regarde devant, derrière, mais pas vers le gouffre. Personne. Nous reprenons la descente dans cette configuration surréaliste. Anne-Marie impose plusieurs arrêts. À chaque fois Nathalie devance son élan. Anticipant le geste de sa main pour se saisir la première de ma virilité toute molle. Le "truc", expliqué par Anne-Marie, fonctionne à la perfection. Ce ne sont que des gens qui nous dépassent. Personne ne monte.

 

        Elle se met contre moi, je referme mes bras et les marcheurs nous contournent sans imaginer un seul instant notre stratagème. Mais c’est Nathalie qui s’en empare à chaque fois. Véloce, habile et surtout rapide. Le crépuscule annonce la nuit. Le disque de la lune, encore pleine, va éclairer notre avancée. Il est dix neuf heures quand nous arrivons à la chapelle. Je remballe avant de traverser la route. L’endroit est à présent désert. Un couple change de chaussures à côté de sa voiture. Je propose un bon restaurant. Il y a un excellent établissement au bourg voisin. “Le Bol d’Or“. Mes deux amies se consultent du regard. << Mais pas trop tard, demain on a école ! >> lance Nathalie. Je les rassure. J’ouvre la route. Anne-Marie et Nathalie me suivent. Il y a quelques véhicules garés sur le parking. Ce ne sont pas les tables qui manquent. La nôtre nous accueille près de la baie vitrée. Des tomates farcies, accompagnées de Macaronis au Parmesan nous régalent. Mes deux amies font un tas de projets pour leurs vacances. Et pour après.

 

        << C’est assez génial cette relation à trois. Je n’imaginais pas cela possible ! >> fait à plusieurs reprises Nathalie. Trois tartelettes aux myrtilles avant un dernier café. L’addition. Les adieux sur le parking, dans une fraîcheur désagréable. << On ne se revoit plus avant trois semaines ! >> s’exclame Nathalie. << Si, mais en webcam ! >> précise Anne-Marie. Elle rajoute : << Tu nous la montres en vrai une dernière fois ! >>. Je reste pantois. << Allez, juste un peu ! >> fait Nathalie. Je regarde partout autour de nous. La lumière de la lune. Entre nos deux voitures je déboutonne mon Levis. J’en extrais le locataire pour l’agiter. Je me sens d’un ridicule ! Elles rient toutes les deux aux éclats. Je remballe car il fait vraiment froid. Les K-ways ne sont plus que de dérisoires coupes vent. Trois bises à chacune. Nous nous séparons alors qu’il n’est que vingt heures trente. Assis à mon volant, je regarde la Clio disparaître derrière la salle polyvalente. Je démarre. Je suis chez moi pour vingt heures quarante cinq. Une rapide toilette. Je suis en peignoir devant l’ordinateur.

 

        C’est l’heure du rendez-vous webcam avec Anne-Marie. Nous faisons le bilan de cet agréable week-end. << Nathalie t’apprécie beaucoup. Elle te trouve hyper rassurant et pas du tout exigeant ! >> précise mon amie. Elle m’explique à quel point c’est sécurisant : << Que tu sois seul avec elle ou qu’on soit tous les trois, elle se sent en sérénité totale ! >>. Nathalie n’est pas la seule femme à faire ce constat. Je n’ai strictement rien du mâle alpha, du "mort de faim" ou encore du "tireur d’élite". J’aime la compagnie des femmes pour de toutes autres raisons. Elles le sentent. Je les écoute. Certaines femmes du moins. Nous terminons par notre petite masturbation virtuelle et rituelle avant de nous souhaiter une bonne nuit. << Demain soir, vingt et une heures, ici-même ! >> conclue Anne-Marie. Je retrouve la douceur de mes draps alors qu’il n’est pas vingt deux heures…

 

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15/01/2025

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