Sainte Anne La-Palud
Jeux de randonnée
C'est une sensation étrange. Comme si un insecte se promenait sur ma joue. Remontant sur ma pommette. D'abord dans mon sommeil, cela persiste jusqu'à mon réveil. J'ouvre les yeux. Odélie m'observe, amusée. Elle tient une petite mèche de ses cheveux. Comme elle le ferait d'un fin pinceau, elle caresse la surface de ma peau. << Bonjour. Je n'aime pas être réveillée toute seule quand je suis avec toi ! >> murmure t-elle. Sans me laisser répondre, elle pose ses lèvres sur les miennes. Je la serre dans mes bras. Nous revenons aux réalités en restant enlacés, entortillés dans les draps. << Pipi ! >> s'écrie soudain ma caresseuse de visage en se redressant. Comme mue par un ressort invisible, Odélie se précipite vers la porte. Je me lève. Je vais sur le balcon. Il va encore faire beau aujourd'hui. Le soleil est maître d'un ciel d'azur. Une légère brise venant de la baie de Douarnenez agite légèrement les feuillages. C'est agréable sur la peau.
Odélie vient me rejoindre. Nous ne sommes vêtus que de nos T-shirts de nuit. Ses bras autour de mon cou, sur la pointe de ses pieds nus, elle me dit : << J'ai mes "petits machins" ! >>. Le ton fataliste qu'elle emploi me fait rire. Je réponds : << On fera avec ! >>. Elle saisit ma main pour m'entraîner à la cuisine. << Je fais le café ! >> lance t-elle. Je me précipite à mon tour aux toilettes. Je reviens dans les enivrantes effluves parfumées du pain grillé et du café. Sur la table, la brioche au pudding. Je presse les oranges, je pèle les kiwis. Je dois me concentrer car Odélie semble beaucoup apprécier de me prodiguer des chatouilles. Me déposant un bisou sur le nez à chaque fois que je tourne la tête pour regarder son expression mutine. Nous prenons notre petit déjeuner en revenant sur notre randonnée dans le bois du Nevet. Il nous reste l'acuité de souvenirs qui se bousculent dans nos mémoires. Nos petits jeux sur la route en redescendant.
Nous traînons à table. Nous avons tout notre temps. Assise sur mes cuisses, ses bras autour de mon cou, ma complice me confie une nouvelle fois l'immense bien-être qui l'habite ici. << C'est super ensemble ! >> lance t-elle en concluant ainsi chacune de ses phrases. Pour ce mardi nous prévoyons une randonnée plus conséquente. Aller jusqu'au village de Kerlaz. De là, prendre l'itinéraire balisé qui mène à la chapelle Saint-Anne La Palud puis peut-être pousser jusqu'à la plage de Kervel. C'est sur l'écran de mon I-phone que nous définissons les trajets à suivre. La vaisselle. << J'ai un peu bobo mais pas de problème pour marcher ! >> précise Odélie en se levant. Je me lève à mon tour. Je penche ma tête pour poser mes lèvres sur son sein droit. Je souffle de l'air chaud au travers le fin coton de son T-shirt. D'abord étonnée, me saisissant par les épaules, ma compagne de vacances finit par découvrir ma petite façon de traiter cette "affaire".
<< Mmhh, c'est bon ça ! Ça soulage ! >> murmure Odélie alors que je fais de même sur son sein gauche. Tout en massant délicatement son bas ventre. << Docteur William, vos thérapies sont redoutablement efficaces ! >> rajoute ma "patiente". Je cesse pour la prendre par les épaules. Je dis : << Je vais vous administrer ce traitement plusieurs fois dans la journée. N'hésitez pas à demander mes services. À les exiger même ! >>. Odélie éclate de rire en se mettant sur la pointe des pieds, ses bras autour de mon cou. La vaisselle. << Quand j'ai mes "trucs", je ne vais pas courir. C'est chiant ! Mais si tu veux y aller, je t'attends là ! >> me fait elle en s'essuyant les mains. Je réponds : << Il est important que votre docteur reste à proximité ! Et puis nous marcherons cinq heures cet après-midi ! >>. Ma complice pose ses lèvres sur le bout de mon nez avant de dire : << Toi, tu connais bien comment fonctionnent les filles, hein ! >>
<< Viens, on va sous la douche ! >> s'exclame t-elle en m'entraînant par la main. Les corps couverts de mousse parfumée à l'aloe vera, nous nous amusons à souffler les bulles. Nous réalisons toutes choses dans une sorte d'insouciance innocente. En riant beaucoup. Odélie porte sa jupette carmin, un T-shirt crème. Je suis en short beige, T-shirt rouille. Nos baskets. Impatients d'aller sur la place de Locronan, nous dévalons l'escalier. Il y a un peu plus de cinq cent mètres. Nous nous tenons par les mains en marchant d'un bon pas. Je salue le facteur sur son gros vélo électrique. Nous croisons deux dames qui nous sourient. Des employés communaux placent des barrières entre le bar et la Mairie. Il y a les festivités du soir qui se préparent. La place est noire de monde alors qu'il n'est que dix heures quarante cinq. Nous en faisons le tour sans nous lâcher les mains. Notre couple attire quelques regards. Suscite certainement des interrogations.
Cette jeune fille tenant un homme d'âge mûr par la main. Couple insolite. Non messieurs dames, je ne suis pas le papa. Lorsqu'un regard se fait plus inquisiteur, Odélie me dépose une bise sur la joue ou sur les lèvres. Nous nous amusons beaucoup de ces situations. << Ne laissons pas à ces petits curieux le moindre doute sur la nature de nos relations ! >> lance t-elle en me sautant au cou. Ses seins douloureux imposent de grandes attentions. J'ai envie de la serrer dans mes bras, de la soulever. Je dois me raisonner. Un petit bonjour à Hugo, le sculpteur. Il m'adresse un clin d'œil. Lui aussi n'a de yeux que pour la fille qui m'accompagne. Bien évidemment c'est un excellent prétexte pour Odélie qui me fait une bise en se serrant contre moi. Je suggère que nous réservions une table pour ce soir. Le "marché aux étoiles" attire énormément de monde à partir de dix neuf heures. Ce sera le Ty-Coz . << On va se faire des crêpes ! >> dit Odélie.
Avant de remonter, un petit tour à la boulangerie s'impose. Nous y trouvons quelques pains spéciaux. Surtout ces miches aux noix et aux noisettes, à la farine complète et biologique. Madame Marthe, la boulangère semble ravie par la présence de mon accompagnatrice. << Locronan vous plaît mademoiselle ? >> demande la brave dame. << Magnifique ! >> répond ma comparse. Une main dans celle d'Odélie, le sac en papier contenant les croissants et le pain dans l'autre, nous prenons la rue entre la librairie Celtique et l'église Saint Ronan. Odélie se met à la préparation d'un concombre et de son assaisonnement. Je fais gonfler du riz complet. Dans la poêle je réchauffe quatre gros nems aux crabes et aux crevettes. Tout cela est rapide et ne demande qu'un tout petit quart d'heure. Nous mangeons de bon appétit en revenant sur l'itinéraire prévu. J'aime quand ma compagne de vacances vient s'assoir sur mes cuisses. Elle picore dans mon assiette à coups de fourchette. C'est délicieux. << C'est encore meilleur quand je peux prendre dans ton assiette ! >> dit elle.
Nous ne traînons pas. La vaisselle. Une fois encore c'est en faisant nos pitreries devant le miroir de la salle de bain que nous nous brossons les dents. Tête contre tête, à nous rincer la bouche en riant. Dans le petit sac à dos, des fruits secs, des brugnons, la gourde d'eau, la minuscule paire de jumelles. Odélie me fait remarquer qu'il faudra faire des courses. Nous irons donc demain matin au Super U de Plogonnec. << J'aime découvrir de nouveaux supermarchés, c'est amusant ! >> dit ma comparse en m'entraînant par la main devant le miroir de l'armoire. Nous prenons des poses ridicules en riant comme des fous. << Docteur William, bobo ! >> lance t-elle soudain en prenant une expression douloureuse. Je me penche. Je pose mes lèvres sur chacun de ses seins pour y souffler de l'air chaud. << Mmhh, comme c'est bon ! >> fait elle dans un soupir. Nous dévalons l'escalier. Nous allons vers les garages au fond de la propriété. << Bonjour petit camion ! >> lance Odélie en passant la main sur le rétroviseur de son Van. << Attends, je récupère un truc ! >> fait elle en y entrant.
<< Mais c'est quoi cette bagnole jaune ? Tu fais canari à tes heures perdues ? >> s'exclame Odélie en ressortant de son van en tenant une petite boîte.<< Tampons ! >> lance t-elle en agitant l'emballage. Je réponds : << Ben c'est ma voiture de Locronan ! >>. Ma complice fait le tour de la voiture. << Mais où est l'autre, celle que tu avais quand on s'est rencontrés ? >>. Je réponds : << Ben dans son garage à la maison ! >>. M'observant, pleine de compassion, avec une expression de pitié, elle rajoute : << Tu as une bagnole dans tous les endroits où tu vas, c'est ça ? >>. Je la rassure en expliquant que je rechigne à parcourir de longues distances en auto. Que je vais en Écosse en avion et en Bretagne en train. Odélie s'installe sur le siège passager. Je lui propose de conduire. << Ah non, je suis en vacances, j'aime bien me faire promener ! >> s'exclame t-elle. Je démarre. Le doux vrombissement du moteur Hot rod 8 cylindres modèle Billy Gibbons. Un véritable plaisir à l'oreille.
Il faut contourner le bourg en reprenant la route de Quéménéven. Prendre immédiatement à gauche. Après le carrefour, direction Douarnenez. La voiture est décapotée. Dans le rétroviseur intérieur je regarde les réactions de ma passagère. Sur ses demandes je raconte l'histoire de cette voiture. Je la voulais en rouge comme sur la pochette du disque de ZZ Top, "Eliminator". Mais il fallait attendre une année supplémentaire. Je l'ai fait venir du Texas. J'ai attendu deux ans. Les cheveux de ma passagère, attachés en queue, se décoiffent malgré tout. Elle tient ses mèches rebelles en me donnant ses impressions. << Tu ne roules pas avec ça en hiver quand même ! >> lance t-elle appréciant tout de même la fraîcheur du déplacement. Je réponds : << Je ne suis jamais en Bretagne en hiver ! >>. Elle s'écrie : << Même si on t'y invite ? >>. Je roule doucement. Je déteste la vitesse. J'adore pouvoir profiter prudemment des paysages qui m'entourent. Dix kilomètres sous un ciel voilé mais lumineux. La température extérieure est de 26°. Nous arrivons à Kerlaz.
Je gare l'auto à l'ombre du préau derrière la mairie. Je referme la capote. << Finalement c'est génial quand il fait chaud cette bagnole ! >> lance Odélie en sortant pour contourner la voiture, me prendre la main. Je mets le sac sur le dos. Odélie y fourre la petite boîte en carton en répétant : << Tampons ! >>. Nous sortons du bourg. Il y a les panneaux indicateurs. Direction Plonévez-Porzay. Il faudra prendre à gauche en direction de Sainte-Anne La Palud dans trois bornes. Une légère brise de l'océan permet une marche aérée et agréable. Nous nous tenons les mains. Odélie me raconte des anecdotes vécues durant ses escapades en van. J'écoute. C'est intéressant. Je ne voyage pas. Aussi ses récits sont rapidement passionnants. Le chemin devient sentier au carrefour. Il faut prendre à gauche. Ma compagne de randonnée s'arrête : << Docteur William, bobo ! >> répète t-elle. Je souffle de l'air chaud à travers le fin coton de son T-shirt. Je crois bien que ma thérapie soulage réellement. Je l'ai appliqué à de nombreuses reprises sur plusieurs années avec mon ancienne compagne aujourd'hui disparue.
Odélie ouvre la marche, s'arrêtant parfois pour se retourner. Me faire un bisou furtif. Elle prend quelques photos, me proposant parfois un selfie. Ma guide impose un rythme soutenu. C'est beaucoup plus gratifiant de randonner sans rôtir sous le soleil implacable de ces derniers jours. Il y a deux heures de marche. Saint-Anne La palud est un hameau d'une vingtaine de maisons. Du moins du côté où nous arrivons. Là-bas, à quelques centaines de mètres, l'église. << Viens ! >> lance Odélie en m'entraînant dans une course aussi soudaine que surprenante. Nous courons dans le pré qui descend en pente douce. Devant nous la baie de Douarnenez. Les bateaux, les voiles blanches des voiliers. Pas un bruit. Nous entrons dans l'église toute en longueur. Il n'y a personne. Cette odeur caractéristique des intérieurs religieux. Des odeurs où se mêlent celles de l'humidité, celles rappelant le beurre rance et celle plus prégnante du vieux bois. Vieilles pierres.
<< Ça ressemble étrangement à la chapelle où j'étais cachée pour observer tes frasques. Tu te souviens ? La fille Japonaise ou Chinoise dans le confessionnal ? Celle qui t'a donné l'image ? >> s'exclame Odélie en avançant dans l'allée centrale. Je réponds un peu gêné d'un simple : << Oui ! >>. Elle tourne sur elle-même en tenant sa jupette. Je la regarde. Son corps athlétique, ses formes parfaites, l'insouciance de sa jeunesse trouvent là une autre façon de s'exprimer. Il n'y a que nous. Elle arrive au transept. Écarte ses bras. À contre jour sa silhouette est celle d'une croix. << Qu'est ce que tu fais là-bas, loin de moi ? >> chante t-elle en parodiant un air religieux. Je ris aux éclats. Elle mime une ballerine qui ferait ses pointes. C'est en courant que je viens la rejoindre. << Ah ! Quand même ! >> lance t-elle. Je la tiens par ses hanches alors qu'elle continue de faire sa danseuse. << Bobo ! >> murmure t-elle. J'applique la thérapie du docteur William. << Vous savez que j'adore ça et que je vais prétexter des douleurs inexistantes pour que le docteur William me prodigue ses soins ! >>
Assis sur le second banc, à côté de la colonne, nous savourons nos fruits secs. Qu'il est agréable d'être dans la fraîcheur de cet édifice. Nos yeux se sont habitués à la pénombre. Odélie change de position. À califourchon sur le banc, buvant à la gourde, elle regarde les vitraux partout autour de nous. Moi, je découvre sa culotte noire. Elle s'en rend compte et murmure : << Coquin ! >>. Je chuchote : << Coquine ! >>. Elle me tend la gourde. J'en prends une goulée. << Tu te souviens de ce qui s'est passé avec la fille Japonaise dans la chapelle ? >> me demande ma complice. Je réponds, à nouveau gêné : << Oui, très bien ! >>. Odélie se penche, pose furtivement ses lèvres sur les miennes avant de dire : << On va refaire. Je ne suis pas Japonaise. Ça t'ira quand même ? >>. Je me mets à rire un peu nerveusement avant de répondre : << Tu es adorable ! >>. Elle répond : << Je sais ! >> en tirant le coin de ses yeux avec ses index. Pour faire "asiatique".
Il y a deux confessionnaux. Comme de grandes armoires en bois de chêne. Ma complice se lève en disant : << Tu comptes jusqu'à vingt ! Doucement. Sans tricher ! >>. Je la regarde s'éloigner en sautillant. Elle passe entre les bancs pour écarter le rideaux gris. Elle pénètre dans le compartiment de droite. Tire le rideau pour se dissimuler. Je compte à voix basse. Lentement. Je jouis de l'instant comme un gamin dans une cour de récréation. C'est à haute voix que je lance : << Vingt ! >>. Je me lève pour aller m'assoir sur l'extrémité du banc juste en face. Le vieux rideau gris est dégoûtant. Il y a un espace d'environ cinquante centimètres. Je ne vois que les pieds de ma complice. Je regarde vers la porte. Personne. Nous sommes absolument seuls. Je regarde à nouveau. Odélie, accroupie, de face. Dans l'obscurité de son compartiment. Elle reste ainsi. Mon sang ne fait qu'un tour. Mon cœur bat la chamade. Je dois cligner des paupières.
Je dois absolument me convaincre que tout cela est réel. Que cela s'adresse à moi. Que je suis "l'élu". Le moment risque d'échapper à mes sens. Je n'ai pas le courage de sortir mon sexe. Certainement à la limite de la crampe, au bout de quelques minutes, Odélie se redresse. Je suis en apnée. Je respire un grand coup. Que va t-elle encore me réserver ? Je respire à nouveau normalement. Mon érection est désagréable. Mon sexe contraint et tordu au fond de mon slip. J'hésite. La culotte tombe sur ses chevilles. Odélie s'accroupit. L'obscurité ne permet pas de distinguer. Mais après tout, ce qui importe maintenant n'est pas de voir, mais la situation. Écartant largement ses cuisses, autant que le permet l'étroit compartiment, je devine la petite ficelle blanche. C'est intense. Mon excitation n'est pas gratuite. Elle est la résultante de tous les sentiments qui m'envahissent une nouvelle fois. Fourrant ma main dans mon short, mon slip, je redresse mon sexe.
Quel soulagement. Je l'extrait par le haut de mon short. Odélie se redresse. Je ne vois plus que ses chevilles dont l'une est enroulée de sa culotte. Elle écarte le rideau. Jouant l'inconnue effarouchée à la perfection, elle pousse un : << Oh ! >>. Je suis terriblement gêné. << Ça vous fait cet effet là monsieur ? >> demande t-elle d'une voix innocente. Comme elle est belle, là, dans l'encadrement de ce compartiment. Comme elle est "craquante" ! Tenant le rideau tiré avec le coude, de son autre main, l'index pointé, elle me montre la basse banquette de bois. Elle s'y assoit. Toujours de son index qu'elle agite ma comparse m'invite à la rejoindre. Je me lève, je me sens terriblement ridicule avec mon érection à la main. Nous voilà tous deux dans le compartiment. Nous y tenons de justesse. Je m'accroupis entre ses jambes écartées. Je pose mes mains sur ses genoux pour préserver mon équilibre. J'avance ma tête entre ses cuisses largement écartées. Tous nos sens aux aguets. Le silence est palpable. Nous gémissons d'aise, tous deux de concert. Odélie me retient. Me tenant les oreilles puis le menton.
<< Ça me gêne ! >> chuchote t-elle. J'insiste en avançant encore. Pour pouvoir le faire dans les toutes meilleures conditions, je pose ma bouche sur son clitoris. Dès la première succion son gémissement résonne dans toute l'église. Je n'aurai pas droit à ses substances. Il me faudra me contenter de son "bouton" de bonheur. << Ça fait partie de votre thérapie Docteur ? >> chuchote t-elle. Sans cesser mes caresses linguales je ris. Odélie caresse mes cheveux. Elle tient à présent des propos amphigouriques. Je ne comprends plus ce qu'elle marmonne. Enivrée de l'indicible plaisir que je lui prodigue, elle murmure, gémit, reprenant son souffle entre deux apnées. << Tu vas me rendre folle. C'est trop bon ! >> arrive t-elle à murmurer. Je cesse aux instants critiques. J'aime repousser l'inéluctable. Parfois, saisissant la petite ficelle entre le pouce et l'index, je tire un peu. Je donne des à coups. << Arrête ! Tu vas faire des bêtises ! >> murmure t-elle. Je chuchote : << C'est pour divertir. Pour retarder l'échéance ! >>
Nous restons ainsi un long moment. Conscients de vivre des moments privilégiés. Juste nous deux. Soudain, en se tortillant, essayant d'étendre ses jambes, Odélie pousse un long râle. Profond. Grave. Elle veut me repousser alors que des spasmes secouent tout son corps. Je résiste. J'apprécie les frissons de l'intérieur de ses cuisses qu'elle resserre contre mes joues. Elle insiste pour me repousser, m'écarter. C'est une lutte qui nous fait rire. Je cesse pour me redresser. Mes genoux sont douloureux. Moi aussi, noyé dans le plaisir, j'avais fait abstraction de mes sens physiques. Je suis debout. Odélie masse mes genoux ce qui lui permet de reprendre ses esprits. Elle se lève pour enfiler sa culotte. Avec précaution elle se met contre moi mais sans serrer ses seins contre ma poitrine. Le bruit du battant de la grande porte. C'est un groupe de touristes. Nous sortons du confessionnal pour nous diriger vers la sortie. Sans oser affronter les regards des arrivants. Il est 17 h30.
<< Comme c'était bien ! >> lance Odélie en saisissant mes deux mains. Elle me fixe de ses yeux noirs et pénétrants. Elle pose ses lèvres sur les miennes. Le ciel semble s'obscurcir au-dessus de l'horizon. Si nous voulons trouver un restaurant pour ce soir, il faut prendre le chemin du retour. Comme à l'aller avec un arrêt pipi dans les broussailles. << Je me fais toujours piquer par des bestioles ! >> lance t-elle depuis les bosquets. Il est dix neuf heures trente quand nous sommes de retour à la voiture. << Put-Hein ce jaune ! >> lance ma compagne de confessionnal. Le Ty-Coz et sa table nous attendent. Cette crêperie qui a attiré l'attention de ma complice ce matin. Sa tête sur mon épaule, alors que je roule prudemment, Odélie me confie son ressenti. << Et toi ? >> demande t-elle soudain en posant sa main sur ma "bosse". Je réponds : << Tu ne peux plus poser cette question sans te voir imposer un gage ! >>. Elle s'écrie : << Oh oui, un gage, comme hier ! J'aime quand tu me fixes des gages ! >>. Nous rions.
Nous avons beaucoup de chance. Il reste quelques tables. Confortablement installés sous la tonnelle, nous nous goinfrons de crêpes plus délicieuses les unes que les autres. Nous traînons longuement à table. Malgré les clients qui nous entourent, nous sommes seuls au monde. Le crépuscule. Puis la nuit. Un éclair zèbre soudain les cieux. Suivit rapidement d'un coup de tonnerre assourdissant. Odélie saisit mes mains. Nous nous fixons. J'ai beaucoup de mal à soutenir son regard. Il fouille mon âme jusqu'au plus profond de mon être. L'addition. La fatigue se fait sentir. En rangeant l'auto dans le garage, Odélie me saisit le bras pour bâiller à s'en décrocher la mâchoire. Une rapide douche. Elle vient me rejoindre en plongeant sous les draps. La pluie tombe. Des éclairs, des coups de tonnerre. Sa tête imbriquée dans le creux de mon épaule, Odélie se blottit. Rapidement sa respiration devient régulière. Elle dort déjà. Je tente de résister au sommeil encore un peu, mais je ne tarde pas à plonger. J'aime tant la regarder dans l'innocence de ses premiers sommeils...
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