L'ECRIT DE JOIE

L'ECRIT DE JOIE

Troisième séance

                                        Une consultation chez Laure

 

        Je termine ma vaisselle. Je m’apprête à monter me changer. Mon I-phone se met à vibrer. Le visage de Virginie apparaît à l’écran. Je décroche en montant les escaliers. << Bonjour. C’est gentil d’être venu hier. J’ai terminé première aux trois épreuves. Je suis sélectionnée pour le concours national fin mars ! >> m’apprend t-elle. Je la félicite : << Je savais que tu serais victorieuse. Je n’ai jamais rien vu de tel sur un cheval ! >>. La jeune fille, éperdue de reconnaissance, précise : << Ton avis compte énormément. Si tu savais. Je te vois demain. Je termine à quinze heures. Le temps d’être chez toi. Je me réjouis, si tu savais ! Bisous ! >>. Nous nous saluons avant de raccrocher. Je me brosse les dents en pensant à cette probable future championne nationale. Je me change. Un pantalon de toile noire. Une chemise blanche sous un pull noir au col en “V“. Mes bottines noires. Mon blouson d’épais cuir noir. Seul mon écharpe crème apporte cette élégante note de couleur. Le ciel est gris. La température ne dépasse pas 8°.

 

        Une quinzaine de kilomètres me sépare de mon rendez-vous. J’arrive une quinzaine de minutes à l’avance. Je gare la voiture sur le parking, face aux vitrines de la pharmacie. Je ne sais pas quel est le secret des pharmaciens. Mais ils font souvent preuve de bon goût dans le choix de leur personnel. Les deux préparatrices que je distingue derrière les baies vitrées sont absolument superbes. Je trouve rapidement un prétexte pour aller les voir de plus près. Une brune élancée, au sourire timide, vient me servir. Je récupère ma boîte de Doliprane. Je pose quelques questions quand à la posologie, aux recommandations et aux prescriptions. Autant d’interrogations qui me permettent de converser un peu. Je fais évidemment durer. C’est trop bon. Quelques questions sur les génériques éventuels ou encore sur les composants. J’arrive à tenir dix minutes avant de payer. La jeune fille n’a probablement jamais vu de carte Gold. Son sourire est éloquent. Je la salue d’un : << I’ll be back ! >>. Auquel elle répond amusée : << Have good time ! >>

 

         Dans la salle d’attente, je me demande à qui je vais bien pouvoir offrir ce médicament. Je ne touche jamais à l'allopathie. La porte s’ouvre. Laure. Vêtue aujourd’hui d’un tailleur et d’un blaser noirs sur un chemisier blanc. Cravate noir. Des escarpins noirs. Bas noirs. Ses longs cheveux châtains bouclés encadrant son visage fin et "précieux". << Bonjour. Vous voulez bien me suivre ! >> lance ma thérapeute. Je me lève en répondant : << Bonjour madame. Avec plaisir. Jusqu’à l’autre bout du monde ! >>. C’est ma troisième séance. Je continue évidemment à ne pas prendre tout cela au sérieux. Ce qui n’est peut-être pas le cas de Laure. Je m’installe dans le fauteuil. Laure s’installe à son bureau. C’est la première fois que je la vois poser des lunettes sur son nez. Ce qui lui confère une certaine sévérité. Un air docte et professoral. C’est fantastique. << Où en étions-nous restés ? >> demande ma thérapeute. Devant tant de professionnalisme je n’ai d’autre alternative que de jouer le jeu. Je commence : << Nous en étions arrivés à mon rôle de "garde du corps" ! >>

 

        << Ah oui. En effet. Je vous écoute ! >> précise la dame assise à son bureau. Je fixe ses genoux qu’elle garde serrés. Ses bas noirs légèrement moirés. Je reprends donc le récit où je l’avais laissé lundi dernier : << Je sécurisais les exhibitions de Christine. Nous fréquentions souvent les mêmes endroits. Ils offraient les configurations parfaites. Nous partagions ces moments d’une profonde intensité avec un plaisir rare. Ma compagne me confiait que ma présence n’était pas seulement rassurante mais nécessaire. Pour l’intégralité de son plaisir ! >>. Je garde le silence. Laure, impassible, joue avec son stylo doré. Je continue : << En fait, dans ces configurations, Christine s’exhibait devant deux hommes. Son complice, moi, et un parfait inconnu. Quand nous faisions l’amour, elle partageait le secret de ses ressentis, de ses émotions et de ses impressions ! >>. Je cesse pour rester à nouveau silencieux. J’essaie de discerner sur les traits de la thérapeute un quelconque intérêt.

 

        Non. D’un professionnalisme à toute épreuve, ses expressions restent impénétrables. J’ai pourtant bien préparé mon argumentaire. Je reprends : << Un jour, lors de nos vacances en Écosse, Christine a placé la barre plus haut. Une barre dont elle s’est régalée. Caché derrière des cageots et des palettes, sur les quais d’un port de pêche, j’ai tourné notre premier film ! >>. Je marque un nouvel arrêt. Les yeux de la dame plongent furtivement dans les miens. Un bref instant. Sciemment, ménageant mon effet, certain de susciter un intérêt nouveau, je reste silencieux. Ma stratégie semble fonctionner. Les cochonneries que je m’étais promis de raconter, vraies et authentiques, ont touché leur cible. Serein, avec une érection naissante, je continue : << Je filmais donc pour la première fois la prestation de ma compagne. Ce type qui vient de la surprendre entrain de pisser. Entre des caisses et de gros flotteurs de métal rouillé. Il extrait son sexe. Il se masturbe. Engage la conversation ! >>. Je me tais.

 

        Je reste un instant silencieux. J’aime voir l’effet suscité. Je reprends : << Christine, relevant la tête, écartant ses cheveux, se met à bavarder en gardant sa position. En jupette et T-shirt d’été ! Absolument craquante ! >>. Je me tais. Une nouvelle fois, ne pouvant dissimuler son trouble, Laure lève les yeux qu’elle plonge dans les miens. J’en frissonne. Je devine qu’elle veut en savoir davantage. Volontairement, je ne prononce plus un mot. La balle est dans son camps. Va t-elle déroger à la déontologie de sa profession ? Demander la suite ? Mon excitation est visible. L’énorme bosse qui déforme mon pantalon. Je l’ai choisi noir et délibérément moulant. Le regard de Laure s’y égare à quelques reprises. Surtout que je fais bouger cette bosse par de régulières contractions des muscles fessiers. Cet après-midi, ma "réussite" est totale. Je suis amusé de découvrir cet embarras qu’elle tente de dissimuler. Je satisfais son attente au-delà de son espérance. Je reprends : << Il est difficile de filmer et de se masturber en même temps ! >>

 

        Je savoure mes effets. Chacune des phrases lancées touche à présent sa cible. Je fixe ses genoux qu’elle garde obstinément serrés. Je continue : << L’inconnu s’approche. Il n’est pas menaçant. Je suis dans ma cachette à une vingtaine de mètres. Prêt à intervenir. Je n’entends pas les propos qui s’échangent à voix basses. Mais je vois Christine rire des propos du quidam. Il agite son sexe dans sa direction. Elle a un mouvement positif de la tête. Le mec s’approche pour lui offrir son érection. Je filme une pipe passionnée et passionnante ! >>. Cette fois mon mutisme restera définitif. Je vais préparer d’autres cochonneries pour la prochaine séance. Je devine la frustration venue envahir la psyché de la dame. Pour mettre fin à son tourment, elle se lève en disant : << Nous allons en rester là pour aujourd’hui ! >>. Je me lève en sortant mon portefeuilles. J’en tire deux billets de cinquante euros. Ma thérapeute demande : << Nous nous revoyons lundi prochain, même heure ? >>. Je confirme. La dame me raccompagne jusqu’à la porte. << Au revoir ! >> conclue t-elle en me serrant la main.

 

        Je suis seul dans le couloir. J’entends des conversations dans la salle d’attente. Laure vient de laisser la thérapeute dans son cabinet de consultation. C’est la jeune femme qui me rejoint vêtue de son manteau. Mettant son sac à main Vuitton en bandoulière. << Salaud ! C’est vrai tout ce que tu me racontes ? >> s’exclame t-elle en attrapant mon bras. Je réponds : << Bien sûr. Je ne sais pas mentir. Plus vrai tu meurs ! >>. Elle me fait une bise sur la joue en répétant : << Salaud ! >>. Nous nous séparons sur le parking. Il est quinze heures. << On se voit tout à l’heure, à la piscine ? >> lance t-elle. Je confirme : << J’y suis déjà dans dix minutes ! >>. Laure rajoute : << J’ai encore des trucs à faire. Je suis là dans trois quart d’heure ! >>. Assis au volant, je la regarde se diriger vers son auto. J’observe également la belle préparatrice dans sa pharmacie. Il faudra que je prenne l’habitude de venir acheter une boîte de Doliprane tous les lundis. La taquiner de mes questions. Mais, pourquoi attendre lundi prochain ? J’offrirai les boîtes à Anne-Marie. Elle saura quoi en faire dans son école.

 

        Je démarre. Mon sac de sport posé sur le siège passager. J’arrive sur le parking du stade nautique. Peu de véhicules stationnés là. Je montre ma carte d’abonné à la jeune femme de l’accueil. Son sourire est un bonus sympathique. Ah les filles ! Vous me ferez mourir d’apoplexie ! Ma cabine. Je me change. Mon maillot et mon bonnet rouges. Dans l’allée, entre les cabines, je croise l'employée habituelle. Admirative et souriante. Nous échangeons quelques amabilités. Elle me regarde prendre mes poses de culturiste devant les miroirs. Je devine ses émois. Quelques pompes avant de rejoindre les douches. Il y a les mêmes séniors tous les lundis. La même petite bande de jeunes. L’un d’entre eux me fait un salut de la main. Il n’y a pas si longtemps ce jeune lycéen m’a fait part de son désir de se muscler. J’ai conseillé une inscription en salle et de suivre scrupuleusement les directives d’un entraîneur. Pour ne pas perdre de temps et gagner rapidement en masse. Une certaine complicité s’est ainsi créée. Commencer la sculpture du corps et des changements souhaités, seul, est une très mauvaise idée.

 

        Sur le plongeoir, je prends de profondes inspirations. Bien évidemment, j’attire quelques regards. J’ajuste mes lunettes étanches. Je plonge. Quel bonheur. Je fais mes longueurs. Dix. Brasse coulée. Crowl. Papillon. Accélérations. Là-bas, Laure. Dans son maillot de bain rouge. Son bonnet rouge. Elle est sous la douche. Ce délicieux paradoxe entre la thérapeute assise à son bureau et la nageuse qui s’apprête à descendre l’échelle pour me rejoindre. Je me sens le plus privilégié des patients. << Salut monsieur le cinéaste ! >> dit elle en venant m’éclabousser de ses mains. Elle ajuste ses lunettes. Nous descendons dans les profondeurs du bassin en même temps. Pour des largeurs en apnée. Passant sous les nageurs. D’un élan de nos talons, nous jaillissons tout deux à la surface en poussant un cri. Reprenons une réserve d’oxygène pour plonger une nouvelle fois. Dix longueurs avec ma nageuse. Puis, au repos, sur le dos, faisant la planche, nous profitons de ces instants de détente. << Tu as prévu quelque chose ce soir ? >> demande Laure.

 

        Je réponds : << Oui, de passer la soirée avec toi ! >>. Elle reste silencieuse. Je plonge. Elle me rejoint sous l’eau. Sa main effleure mon bras. Nous remontons. Elle dit : << J’avais prévu la même chose ! >>. Je rajoute : << Restaurant ? Cinéma ? >>. Laure me fixe de ses yeux noisettes. En nageant. Comme si elle fouillait en moi. Elle finit par répondre : << Le cinéma nous fera rentrer trop tard. J’ai ma première consultation à huit heures demain matin. Restau ? >>. Il va être dix huit heures. Deux heures et demi dans l’eau. J’adore. Nous sortons du bassin. Sous la douche à nous rincer. Chacun retourne à sa cabine. Je retrouve Laure dans le hall. Elle s’est changée. Jeans, blousons, bottines. Un béret et une écharpe. Elle m’attrape le bras pour sortir. Il fait nuit. Cette seconde moitié de novembre annonce l’hiver à venir. Un froid sec. Je propose de retourner jusqu’à chez elle, d’y laisser sa voiture. Je la ramènerai après le repas. Je roule en la suivant. Laure gare sa voiture dans la descente de son garage. Vient s’assoir dans la mienne.

 

       << C’est vraiment sympa la piscine à deux. J’ai l’impression de m’entraîner davantage et mieux. Tu es un excellent coach sportif ! >> me fait ma passagère. En riant elle rajoute : << Et un patient passionnant ! Vicieux va ! >>. Elle pose sa main gauche sur ma cuisse droite. Le "bol d’Or" est le restaurant du bourg. Je commence à y avoir mes habitudes. Mon "rond de serviette". La jeune serveuse me reconnaît. Elle me voit régulièrement mais pas accompagné de la même femme. Son regard amusé quand elle nous invite à la suivre. Il y a peu de clients le lundi soir. C’est la même table que j’occupais avec Anne-Marie mercredi dernier. Ce soir, notre choix se porte sur des fonds d’artichauts à la crème, en entrée. Puis de roulés de veau aux morilles et aux choux de Bruxelles poêlés. Nous mangeons de bon appétit en revenant sur notre séance piscine. << C’est la femme qui te demande et non la thérapeute. C’est vraiment vrai cette histoire de film ? >>. Je devine le tourment qui persiste. Je marque un silence que je devine frustrant. Je fais durer.

 

        Je dis : << Je vais répondre à la délicieuse et belle jeune femme assise à ma table. Oui, tout cela est authentique. Mais après le décès de Christine, j’ai tout détruit ! >>. C’est au tour de Laure de ne rien dire. Je rompt ce silence en demandant : << Tu gardes à l’esprit ce souhait d’inverser les rôles ? Je serais le thérapeute, tu serais la patiente ? >>. La jeune femme s’écrie : << Oh oui. C’est un fantasme. Et je suis convaincue de ne pouvoir le réaliser qu’avec toi. Tu es le cobaye idéal pour cette expérimentation ! >>. Nous nous fixons longuement. Nous nous jaugeons. Je prends conscience que cette jeune femme attend de moi une participation toute autre que celle que ma libido pourrait me laisser imaginer. Elle rajoute : << On se fait ça jeudi. J’ai mon dernier patient à seize heures. Je te récupère dans la salle d’attente immédiatement après ! Tu es disponible ? >>. Je la rassure : << Je serai là. As-tu une doléance ou une requête particulière ? >>. Laure pose sa main sur la mienne. Un geste furtif pour la retirer aussitôt. Elle répond : << Non ! >>

 

        Je ne cache pas ma joie à l’idée d’inverser les rôles. Je précise à ma partenaire que ce sera une grande première pour moi. Je la remercie d’avoir induit en moi ce nouveau fantasme. De m’accorder sa confiance. J’avoue : << Je n’y ai même jamais pensé tu sais. Je dois te confesser que lorsque je suis en séance, je joue beaucoup plus que je ne suis sérieux. Tout est vrai sauf moi ! Je suis un leurre ! >>. Laure éclate de rire. Elle répond : << Mais je le sais depuis la première seconde. Je passe autant de bon temps que toi. C’est récréatif. Et je prends plaisir à entendre tes cochonneries. J’envie Christine d’avoir eu la chance d’avoir un complice comme toi. C’est le rêve de beaucoup de femmes tu sais ! >>. Je reste sans voix. Laure n’est pas la première à me faire cette confidence. Néanmoins, cela me laisse une fois encore perplexe. Pour moi, une telle relation est "normale". On doit profondément s’emmerder dans un couple sans pimenter sa sexualité de petites fantaisies. Je précise : << J’exprime cette pensée à la psychothérapeute ! >>

 

       Laure s’exclame : << La psychothérapeute n’a pas vocation à te répondre mais la femme oui ! >> Je demande : << Et qu’en pense la femme ? >>. Laure murmure : << Tant de couples en sont totalement incapables. C’est d’ailleurs une des causes de mon divorce. Elle avait vraiment de la chance Christine ! >>. Que pourrais-je bien rajouter ? C’est un silence pesant qui suit cet aveux. Les coupes glacées du dessert viennent agrémenter cette fin de repas. Un délice. Je fais goûter mes parfums à ma complice. Elle me fait goûter les siens. Pistache, pralin, noix de pécan et caramel salé. Les cafés. << On se fait ça jeudi après-midi, hein ? Tu n'oublies pas ! >> lance Laure. Je réponds : << Et comment ! Je crois que je ne vais plus cesser d’y penser ! >>. Elle rajoute : << La psychothérapie exige le secret professionnel absolu. Tout cela reste donc entre nous ! >>. Je la rassure. Je fais le serment de garder le secret. Ces choses se sont déroulées il y a onze ans. Il y a prescription et Laure n’est qu’un pseudonyme. Je tiens à le préciser. Donc, si tu me lis…"Laure"…

 

        L’addition. Il va être vingt et une heures trente. << Je passe du bon temps avec toi. Ne faisons aucun plan dans le domaine sentimental. Je vais être franche. Cash. Direct avec toi. Tu n’es pas mon genre d’homme. Mais tu es attachant et rassurant. Tu es un peu ma "thérapie". Je me suis mal remise de ma séparation ! >> murmure t-elle alors que nous enfilons nos blousons. Nous sommes les derniers clients. Dans la voiture, toujours sur le ton de la confidence, ma passagère rajoute : << On va s’amuser comme des fous tous les deux. Et dans un tout autre registre. Tu es prêt à m’accompagner dans mes délires ? À être mon ami intime ? >>. Je conduis avec sa main gauche sur ma cuisse droite. Ces révélations me rassurent. Laure n'est pas non plus mon genre de femme. Ces paroles exercent sur ma psyché les plus délicats émois. Quand une femme murmure de tels propos, il faut s’attendre à du sensationnel. Être à la hauteur de ses attentes. Cette jeune femme pourra compter sur moi. Je dépose Laure devant sa maison. Elle me fait une bise. Sort de la voiture. << Bonne nuit Stanley Lubrique ! Bon film avant de dormir ! >> fait elle avant de refermer la portière. Je retrouve la douceur de mes draps dans une certaine exaltation…

 

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14/02/2025

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