Un de mes itinéraires "trous"
Laure découvre mes itinéraires
Le dimanche matin est souvent consacré à la découverte des courriers de mes lecteurs. Je réponds sur les messageries privées des différents forums où je publie. Je me concentre évidemment bien davantage sur celle de mon Blog. Posséder un Blog, proposant des récits érotiques, est un peu comme d’être propriétaire de son propre site de rencontres. Statistiquement, il y a davantage de femmes à me faire part de leurs ressentis. Certaines histoires suscitent bien des interrogations auprès de certaines de mes lectrices. Surtout pour ces paragraphes où je laisse volontairement beaucoup de place à l’imaginaire. Une possibilité de fantasmes. Ce qui participe du succès de l’ensemble. C’est d’ailleurs un véritable plaisir de retrouver des habituées. Souvent, après plusieurs échanges, elles se dévoilent un peu. La formule que je découvre alors le plus fréquemment est la suivante : « Je me retrouve beaucoup dans le personnage que vous décrivez ». Certaines vont jusqu’à la confidence. C’est très excitant de lire des proses féminines souvent descriptives.
Les femmes restent pudiques dans leurs narrations. Je me fais une joie d’entretenir une correspondance avec les plus érudites. Je suis absorbé dans ces réflexions lorsque mon téléphone se met à vibrer. La première impression est dérangeante. Jusqu’à ce que je me saisisse de l’appareil. C’est le même phénomène à chaque appel. L’apparition du visage d’une de mes relations et la joie qui en découlent font place au léger courroux naissant. Je déteste être dérangé dans le flot incessant de mes pensées. C’est Laure à l’écran. Son sourire désarmant. Ce matin ses cheveux châtains sont attachés. C’est charmant car elle agite une petite cuillère dans un bol. << Bonjour ! Déjà à l’écriture ? >> lance t-elle. Je réponds : << Bonjour. Comment as-tu deviné ? >>. Elle précise : << Tu m’as parlé de tes plannings quotidiens. Je n’ai fait qu’une simple déduction ! >>. La jeune femme m’adresse un clin d’œil. Nous bavardons un peu. Laure me raconte son samedi. Il s’en est fallu de peu en matinée car nous étions à l’hypermarché presque aux mêmes heures.
<< Toujours partant cet après-midi ? >> demande t-elle. Je réponds : << Toujours partant. Il vaut mieux s’habiller chaudement ! >>. Je fais cette requête car en regardant par les portes fenêtres du salon, je vois ce ciel désespérément gris et bas. C’est le premier jour de novembre. La météo semble avoir décidé de marquer le coup. La température extérieure n’est que de 14°. Il va être onze heures et il n’y aura pas de grands changements. << Bon, je file à la douche ! Treize heures trente à la chapelle ? >> lance mon interlocutrice. Je confirme avant de raccrocher. Je termine mes deux derniers messages. Je descends à la buanderie. Je vide la machine pour suspendre le linge. Je récupère un dos de cabillaud blanc, un sachet de haricots verts dans le congélateur. Deux tomates sur l’étagère. Je remonte à la cuisine. Le poisson dans une poêle avec les haricots verts. Ça décongèle, partant en flotte. Il faut la verser à deux reprises. Un couvercle en verre pour surveiller la cuisson. Mon téléphone vibre une nouvelle fois.
C’est le visage de Virginie. << Bonjour. Je termine à quinze heures mardi. Je peux venir ? Je suis chez toi pour quinze heures trente ! >>. Je reste silencieux. Les paroles d’Anne-Marie me reviennent. J’ai ouvert la boîte de Pandore. J’ai envie de dire non et je m’entends dire : << Pas de problème ! >>. Attitude masculine typique. Je pourrais me gifler. Je me promets de mettre les choses au clair dès son arrivée mardi. << À plus ! >> fait elle avant de raccrocher. L’assaisonnement de mes tomates. Je mange de bon appétit en ruminant sur mon manque de fermeté. Je vais sévir. La vaisselle. L’hygiène dentaire avant de me changer. Un pantalon kaki aux multiples poches. Une chemise d’épaisse toile de la même teinte. Des chaussures de marches légères à la main. Un pull brun. Dans le sac à dos, pommes, barres de céréales, gourde isotherme de thé bouillant. La minuscule paire de jumelles. Je dévale les escaliers jusque dans le hall d’entrée. J’enfile mon anorak brun. Je prends des poses devant le haut miroir de la penderie.
Me voilà parti. Il n’y a que cinq kilomètres jusqu’à la chapelle gothique. Aucune exposition n’y est présentée en ce jour de la Toussaint. Par contre, quantité de gens dans l’enceinte du cimetière médiéval. La grosse BMW n’est pas encore garée. J’en profite pour changer de chaussures. Voilà la berline Allemande. Laure se gare devant la mienne. Je suis assis à l’arrière, coffre ouvert. Elle saute de son auto pour me rejoindre. Une paire de chaussures de marche dans une main, son sac à dos dans l’autre. Nous nous serrons la main. La jeune femme s’installe à ma droite pour retirer ses baskets. << C’est génial avec toi, je découvre tout un tas d’endroits drôlement sympas ! >> dit elle en laçant ses grosses godasses. Nos petits sacs sur le dos. Nous prenons la direction contraire à la route. Il faut longer la rivière à droite et les clôtures à gauche. En ce premier novembre plus aucun bovin, plus de bovidés dans les prés. C’est un peu tristounet cette ambiance d’automne. Le chemin est large. Nous avançons côte à côte.
Nous bavardons, revenant sur le film vu vendredi soir. Je dis : << J’ai beaucoup aimé chez toi. C’est très contemporain ! >>. Laure en est ravie. Je mens un peu. Il faut quitter le chemin pour prendre le sentier qui grimpe sur la droite. Traverser le pont en bois qui enjambe le cour d’eau. Cette odeur d’humus, si particulière en cette saison, est enivrante. << Tu t’y connais en champignons ? >> me demande mon accompagnatrice. Je n’y connais strictement rien hormis ceux présentés dans les rayons de l’hypermarché. Pour moi, les bolets et les girolles poussent dans des cagots ! << J’ai un ami pharmacien qui connaît toutes les variétés. En cette période, nombreux sont les clients à venir faire trier leurs cueillettes dans son officine ! >> raconte la jeune femme. Voilà l’abri de bois sur la gauche. Quatre piliers, une cloison, un toit, une table et deux bancs. C’est ouvert à tous les vents. Je regarde le magnifique trou rond creusé dans une des planches horizontales. Une de mes créations murales. Je ne vois soudain que cet orifice. Je suis gêné. Une honte me gagne.
J’espère que Laure ne fera aucune réflexion. Je ne sais pas mentir. Je m’imagine difficilement avouer que j’en suis l’auteur. Le gamin facétieux que je suis serait alors révélé. Fort heureusement elle ne relève pas ou alors garde ses impressions secrètes. Je l’ai échappé belle. Il y en aura d’autres jusqu’au vieux couvent. De quoi m’inquiéter à répétitions. Laure n’est pas auto centrée mais elle parle volontiers de la passion pour son métier. M’expliquant les motivations qui l’ont poussé à l’exercer : << Un cousin malsain. Une tentative d’abus à laquelle j’ai échappé deux fois. Un père sévère et absent. Une mère effacée. Autant de raisons pour en apprendre davantage sur la nature humaine ! >>. J’écoute. Nous nous arrêtons souvent car Laure prend quantité de photos. Nous sommes en hauteur. Le bourg à nos pieds. Son clocher blanc, son imposante Mairie école. La salle polyvalente et ses arches. Voilà le minuscule chalet sans porte. La table et les bancs. Et ce trou qui me nargue. Pourvu que Laure ne fasse aucune allusion. Ces petites hontes qui montent en moi se changent maintenant en excitations. C’est plaisant. Laure ne fait aucune allusion. Ne se doute de rien.
Pourtant, je surprends son regard en direction de cet orifice. Et à deux fois. Le second beaucoup plus appuyé. Je propose de prendre notre collation de seize heures. L’endroit est parfait. Assis face à face, nos fruits et nos gourdes posés sur la table, Laure me montre des photos prises dans la région où elle vivait précédemment. Elle me raconte, m’explique et fait des descriptions détaillées : << Là, c’est le front de mer de Saint Jean de Mont ! Là, c’est le château de Tiffauge. L’ancien fief de Gilles de Rais ! >>. Je regarde, j’écoute, en admiration. Je dis : << Gilles de Rais, Maréchal de France, compagnon de Jeanne d’Arc ! Voilà un patient qu’il aurait été passionnant d’avoir en consultation ! >>. Laure s’exclame : << Je suis attirée par les personnages intrigants mais pas inquiétants ! >>. Je surprends son regard rêveur braqué sur le trou. Ce trou qui laisse passer la lumière. On ne voit que lui, surréaliste, insolite et incongru. Va t-elle enfin aborder le sujet ? Je suis mort de trouille. Prêt à ne rien dire, à rire bêtement ou au pire, à mentir effrontément.
Une fois encore la jeune femme garde ses réflexions pour elle. J’en réchappe. Rassuré. Nous reprenons notre marche. Les bâtiments abandonnés de l’ancien couvent. Les dernières nones ont déserté l’endroit en 1953. Ce sont trois hautes bâtisses au crépis délabré. Une vaste cour entourée de murs. Un hangar servant de dépôt aux machines d’une exploitation agricole voisine. Laure prend des photos. J’ai creusé là, dans la porte d’entrée des toilettes, sous le préau, un de mes plus beaux trous. C’était l’an dernier. Protégé des intempéries il est dans un état parfait. Cette fois, du coin de l’œil, je guette les réactions de mon accompagnatrice. Il y a un banc le long du mur. Elle s’y assoit pour vérifier ses photos. Juste à côté du trou. Je demande : << Tu me permets de prendre une photo ? Tu es superbe assise là ! >>. Elle ne se doute pas de la raison véritable. C’est avec mon I-phone que je fais le cliché. Je jubile intérieurement. Soudain, me vient à l’esprit cet idée incongrue. Et si j’avouais tout lundi ? Durant ma séance ? Les créations murales !
Deux fois à surprendre son regard appuyé. Ce trou est fascinant. Aussi incongru qu’iconoclaste sur cette porte d’un magnifique vieux chêne veiné. Je me souviens avoir peiné pour le réaliser. Le crépuscule ne va pas tarder. Nous avons nos lampes frontales et nous aimons l’aventure. Peu importe de revenir à la nuit. Nous mangerons chez moi comme convenu. Il n’y aura qu’à réchauffer le poulet rôti hier. De préparer des pommes de terre chips à la poêle. Nous prenons le sens du retour. << C’est magnifique par là. Sans toi il m’aurait fallu bien davantage de temps pour découvrir la région ! >> lance Laure en s’arrêtant. Elle prend un air sérieux, presque grave pour me demander : << Tu ne t’ennuies pas avec moi ? Je suis souvent bavarde et mes propos sans grands intérêts ! Non ? >>. Je la rassure. Aucun ennui. Rien qui ne puisse s’y associer. Bien au contraire. Il va être dix huit heures. La nuit achève de tomber. Noire et sans lune. Là, ce panneau explicatif, avec les itinéraires des différents sentiers. Laure fixe sa lampe frontale. Elle éclaire le panneau.
C’est ce trou parfaitement rond qui me gêne à nouveau. Il est pourtant impossible de ne pas avoir vu toutes ces créations murales. Cette peur m’envahit à nouveau. Va t-elle enfin faire une réflexion ? Je retiens ma respiration. Laure s’accroupit. Elle approche son visage, son œil pour regarder au-delà. Que ne donnerais-je pas pour disparaître ! Ouf. Elle se redresse en disant : << Mon estomac commence à gronder. Pas le tien ? >> s’exclame t-elle. Je réponds : << Maintenant que tu le dis ! >>. Nous reprenons la descente. Laure ouvre la marche. Évitant de se retourner pour ne pas m’éblouir. Quand elle le fait, sa main masque la lumière aveuglante. Il est dix neuf heures quand nous arrivons aux voitures. Assis l’un à côté de l’autre, nous changeons de chaussures. Il faut se suivre. Je roule devant. Le portail que j’ouvre à l’aide de la télécommande. Nous descendons les cent mètres jusqu’à la grange. Devant la porte du garage. La nuit est fraîche et humide.
Aussi, nous traversons la pelouse en courant d’une dalle de grès à l’autre. Laure découvre le hall d’entrée. Le lustre suspendu aux poutres apparentes. Je la débarrasse de son anorak. C’est la visite de ma demeure. Les réactions de mon invitée sont passionnantes. << Je passe devant cette maison tous les jours. Elle est mystérieuse depuis la route. C’est sublime d’être à l’intérieur ! Merci ! >> lance mon hôte. Elle regarde partout. Caresse le bois des meubles. Elle découvre mon atelier, mes toiles, une partie de mon matériel. La faim devient bien trop cruelle. Nous passons à la cuisine. << C’est magnifique ! Tu vis là tout seul depuis quand ? >> demande Laure. Je réponds : << Depuis le décès de ma compagne il y a huit ans. Et sinon depuis toujours ! >>. Le poulet est au four. Nous épluchons, lavons et coupons les pommes de terre en fines tranches. Laure les retourne sans cesse dans la poêle. Je mets les assiettes, les couverts. La sonnerie du four. Laure ne sait pas encore l’effet sur ma libido à la vue d’une femme accroupie, de dos. Je me garde d’en parler.
Elle sort le plat du four. Nous mangeons de bon appétit en faisant le bilan de cet après-midi. Laure est belle, attractive, bourgeoises élégante dans sa maturité. Même si elle n’est pas vraiment mon genre de femme, elle exerce sur ma psyché de délicieux tourments. J’ai tout au fond de moi la certitude d’une réciprocité. Pourtant les jeux de séductions nous émeuvent. Nous n'en montrons rien. Mais nous ne sommes pas dupes. C’est magique. Nous évoquons le rendez-vous de demain. Je viendrai en patient dans son cabinet pour une consultation. Quatorze heures. Je suis impatient de vivre cette nouvelle aventure. << Je n’aurai rien à rajouter à ce que tu voudras bien me raconter. Ce n’est pas le but d’une psychothérapie. Mon rôle est d’écouter. Tout simplement. Mais tu verras c’est libérateur ! >> précise t-elle. Je réponds : << Mais, je n’ai pas à me libérer de quoi que ce soit. Tu as devant toi l’homme le plus heureux de la planète. Je vais peut-être te raconter plein de trucs pas vrais, juste pour déconner tu sais ! >>
Laure m’observe, me scrute longuement avant de dire : << De par mon métier, je sais déjouer toutes les ruses. À ce jeu là tu es perdant ! >>. Devant tant d’assurances et de certitudes je garde un silence amusé. Je ne prends pas ses paroles pour un quelconque défi. Nous traînons à table avant de faire la vaisselle. Je fais visiter l’étage. Laure est sidérée de découvrir ma salle d’entraînement hyper équipée. << De qui s’entraîner comme un pro. Tu devrais ouvrir un club ! >> fait elle en s’installant sur le banc à deltoïdes. Puis sur celui des cuisses. Elle se suspend à la barre pour se hisser à la force de ses bras. La barre contre sa poitrine. Maintenant la position. Contrôlant parfaitement la descente. Une seconde fois. Elle montre son biceps à travers la manche de sa chemise, prenant une pose de championne. Je m’écrie : << Chapeau madame ! >>. Mon immense lit à baldaquin suscite sa curiosité. La vaste salle de bain également. Nous dévalons les escaliers.
Laure sait maintenant que c’est l’escalier en colimaçon qui se déroule de bas en haut dans cette tourelle qui attire tant l’attention. Nous remettons nos anoraks. Il va être vingt et une heures trente. Je la raccompagne dans la huit froide jusqu’à sa voiture. << À demain alors, monsieur le châtelain. Quatorze heures à mon cabinet. Il ne sera ouvert que pour vous ! >> dit elle en s’installant au volant. Je regarde la voiture monter lentement, tourner à gauche pour disparaître. Je m’empresse de rentrer au chaud. Je ferme le portail depuis l’interphone. Au salon, j’allume le nouvel ordinateur. Anne-Marie a tenté le contact à vingt et une heures. À cette heure indue je préfère ne pas la rappeler. Tant pis. Avec Nathalie elles reviennent de leur séjour en baie de Somme jeudi prochain. Une douche me procure les plus douces sensations. Je retrouve la douceur de mes draps de lin changés ce matin. J’allume mon I-phone. Je découvre la photo prise cet après-midi. Laure assise sur le banc. Son visage souriant à une cinquantaine de centimètres du trou. Je m’endors avec une érection fort sympathique et des pensées grivoises qui ne le sont pas moins…
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