L'ECRIT DE JOIE

L'ECRIT DE JOIE

Visite en ville

                                                      Découverte de la ville

 

        Je suis tiré de mon sommeil d’une amusante façon. Odélie est restée serrée contre moi toute la nuit. Ce sont ses pieds qui bougent contre les miens. En rythme. La chambre à coucher n’est volontairement pas chauffée. Et ce 18 septembre ne ressemble en rien à un matin d’août. Nous n’avons pas fermé la porte fenêtre. Un oubli. La température est celle qui règne à l’extérieur. << Ma bouillotte ! >> murmure t-elle en se blottissant encore plus fort. Ses lèvres se posent dans mon cou, sous mon oreille. Telle une ventouse. Je passe mon bras autour de ses épaules. Je demande : << As-tu bien dormi dans ce "manoir" ? >>. Elle gobe le lobe de mon oreille en gémissant positivement. Impossible de résister plus longtemps. Nous nous levons d’un bond pour courir vers la porte. Il fait bien chaud partout dans la maison. Odélie investit les toilettes la première.

 

        Je l’entends chanter alors que je passe mon visage à l’eau fraîche. Elle me rejoint. C’est à mon tour. Je reviens à la salle de bain où nous enfilons nos leggings de lycra noir, nos sweats de lycra rouge. Morts de faim nous dévalons les escaliers. La résonance particulière de la tourelle étonne Odélie qui descend en poussant de petits cris pour tester l'acoustique. Nous retrouvons nos petites habitudes. Ma chanteuse fait le café en me racontant ses rêves. Comme je ne me souviens jamais des miens, c‘est ma belle histoire du matin. Je presse les oranges, je pèle les kiwis en l’écoutant, ravi. Le grille pain éjecte ses tranches dans un claquement sec. Odélie les beurre. J’étale le miel crémeux. Nous prenons notre petit déjeuner en revenant sur l’après-midi de hier. L’arrivée de ma visiteuse. << Je n’aime pas trop voyager en train. Je préfère le faire dans mon « camion » ! >> me confie la fille au van.

 

        Nous mangeons de bon appétit en envisageant le programme de la journée. J’avoue que je n’ai pas établi d’emploi du temps précis. << Super, on improvise, j’adore ! >> lance Odélie en venant terminer sa tartine sur mes genoux. Nous traînons à table. Dehors le ciel est voilé. Lumineux et sans menace. La température extérieure de 18°. Odélie me propose de lui faire découvrir la ville. C’est avec joie que je vais endosser le costume du guide. La question récurrente. Jogging ou entraînement en salle ? << On va courir. On en profite ! >> lance ma vacancière. Dès la vaisselle terminée, nous nous brossons les dents dans la salle de bain du bas. En faisant nos pitreries habituelles devant le miroir. Nous sortons. Pas le moindre souffle de vent. C’est un peu limite sans les K-ways. Quelques mouvements d’échauffement. C’est parti. Odelie donne le tempo. Impulse un rythme soutenu.

 

        Nous descendons jusqu’à la rivière. Ma compagne de running est enchantée à la vue des canards, des colverts et des poules d'eau qui ont colonisé cet endroit. Je lui fais découvrir un de mes parcours préférés. Le sentier longe le cour d'eau sur plusieurs kilomètres. Son sol pierreux permet de courir au sec. Elle évolue devant moi comme si elle courait ici tous les jours. Sa silhouette athlétique est doublement motivante. La "coach" sportive idéale. Nous courons jusqu’au vieux lavoir. Nous pouvons y faire des exercices abdominaux couchés sur les murets. Il est dix heures quand nous revenons. Odélie insiste. Nous prenons notre douche ensemble. Nous savonnant en riant. Autant de prétextes pour nous toucher, nous caresser. Nos corps qui glissent l’un contre l’autre avant que nous nous rincions. Nous portons tous deux des jeans, des sweats et des baskets. Nous refermons le lit avant de redescendre. Au salon, assise sur mes cuisses, Odélie allume l’ordinateur.

 

         << Put-Hein, tu as un super Mac ! >> lance t-elle en me tournant le dos. Je passe subrepticement mes mains sous son sweat. << Mmhh, j’aime ! >> murmure t-elle en interrogeant sa boîte mails. Ce sont des messages personnels que je ne vois pas. Que je n’ai nulle envie de voir. Je suis bien trop occupé à mes douces explorations. Elle répond à ses courriels en poussant quelques : << Mmhh ! Coquin. ! >>. C’est à mon tour d’ouvrir ma messagerie. Odélie a changé de position. Ses bras autour de ma taille, me perturbant tout à fait volontairement. Des bisous. Elle mordille mon oreille. Y chuchote des mots troublants. Toute contente de m’empêcher de me concentrer. Je parviens tout de même à répondre à deux courriels. Nous rions de ses chatouilles insistantes. << Tu as répondu à ta protégée ? Ton devoir de garde du corps ! >> rajoute t-elle. Je ne dis rien.

 

        Sur Google je lui fais découvrir quelques endroits de la ville. Les lieux que je lui ferai découvrir cet après-midi. << Oh, génial ! Un belvédère ! Tu m’y emmèneras ? >> s’exclame t-elle. Nous élaborons un vague circuit dans le centre historique. Il va être onze heures trente. La faim se fait sentir. Nous ferons simple. << Ce soir, on mange à la maison. Je veux être avec toi, sans personne ! >> lance Odélie en me sautant au cou. Je la soulève. Elle passe ses jambes autour de ma taille. Mitraille mon visage de bises. C’est comme ça que nous arrivons dans la cuisine. Ma douce amie s’occupe de la salade. L’assaisonnement des tomates. Je fais bouillir l’eau des spaghettis. Dans la poêle deux filets de saumon avec des champignons. Une rapide sauce au Roquefort. Odélie observe ma façon de procéder. << C’est des trucs faciles à préparer dans mon "camion". J’aime bien apprendre ! >> fait elle. Regardant par dessus mon épaule.

 

        Nous mangeons de bon appétit en revenant sur nos souvenirs communs. Notre rencontre il y a cinq mois déjà. << Tu te souviens du souterrain ? >> me demande t-elle. Je réponds : << Je me souviens de tout. J’ai tout gravé dans le marbre de mon logiciel ! >>. Elle continue pour me tester : << Et qu’est-ce qu’on a fait le jour d’après ? >>. Je réponds : << On est allé sur l’île ! >>. Nous traînons à table comme nous aimons à le faire. Installée sur mes cuisses, ses bras autour de mon cou, Odélie me confie ses souvenirs quant à telle ou telle situation. Une fois encore je découvre que l’on croit se souvenir de tout. Mais que d’échanger permet une complémentarité étonnante. Des yaourts à l'abricot en dessert. Ma complice se lève pour commencer à débarrasser. Je m’apprête à mettre les assiettes et les couverts dans le lave vaisselle. << Ah non, on fait la vaisselle. C’est plus convivial ! >> s’écrie t-elle.

 

        Odélie lave. J’essuie. À chaque fois que je passe derrière elle, je dépose une bise dans sa nuque. Ses cheveux en natte offrent un accès parfait à la peau velouté de son cou. Tout est terminé, propre, nous pouvons remonter nous brosser les dents. Dans la déconne et les fous rires. Nous restons dans nos vêtements. Pressés de filer, nous dévalons les escaliers en colimaçon de la tourelle. Ma chanteuse pratiquant ses exercices vocaux. << Tu me feras visiter la cave demain ? >> demande t-elle. Nous passons nos blousons de cuir noir. Nous prenons des poses devant le grand miroir de la penderie du hall d’entrée. Je prends Odélie sur le dos. Mon écuyère se tient à mon cou en riant. C’est comme ça que nous sortons. Il fait meilleur avec 20°. Mais un sournois vent de Nord Est s’est levé. Les blousons ne sont pas superflus. << Je préfère ta Mercedes noire que ta voiture jaune de Locronan ! >> fait ma passagère en s’installant.

 

        Elle décline mon invitation à conduire. Je roule toujours prudemment, lentement. J’aime profiter des paysages. Même si je les connais par cœur depuis plus de quarante ans. Odélie me raconte. Sa main gauche saisit soudain ma main droite. Je dois conduire de la gauche. Heureusement j’ai l’option vitesses automatiques. << Ta main toujours là ! Et que je n’ai pas à le répéter ! >> dit elle. Nous rions. Ma main sur sa cuisse gauche. Tout en haut, mon petit doigt à la couture de l’entre jambes. Parfois je le fais bouger. Il y a vingt cinq kilomètres jusqu’au parking du Centre Leclerc où il y a constamment de la place. À dix minutes du centre. << On en profitera pour faire quelques courses en revenant ! >> propose ma passagère. Me tenant par la main, Odélie m’entraîne, comme si elle connaissait les lieux. Les rues pavées du centre historique offrent quantité de vitrines, de boutiques et de magasins divers.

 

        << Les centres des villes se ressemblent tous ! C’est bizarre. Comme s’il fallait enfermer les impressions de chacun dans un ressenti commun ! >> lance Odélie. Le musée des Beaux-Arts. L’entrée est gratuite. La visite est libre. << On s’encanaille un peu, viens ! >> dit elle en m’y entraînant. En fait, c’est moi qui me fait guider. Et j’en suis enchanté. Nous parcourons l’enfilade des salles sans vraiment regarder. Je connais. Je m’en moque. Et ma visiteuse visiblement aussi. Elle me saute au cou. Sous le regard amusé de quelques rares visiteurs. De la gardienne en uniforme. Non ! Je ne suis pas le papa de cette fille. Je décline toute responsabilité. Je n’ai jamais visité cet endroit aussi rapidement et dans de telles conditions. << Oh, c’est quoi ? Ton porte-clefs ? >> demande t-elle en posant sa main sur ma « bosse ». Se plaçant devant moi, pour rester discrète.

 

        Mon érection, contrainte et tordue au fond de mon slip, est presque douloureuse. << Mais quelle idée de trimballer un truc pareil ! >> lance t-elle. Nous en rigolons comme des bossus. Je m’écrie : << Bon, la prochaine fois je le laisserai à la maison ! >>. Elle se serre contre moi pour cacher sa dextre qui me palpe à nouveau. Elle dit : << T’es fou ! On peut en avoir besoin ! C’est comme un couteau Suisse ! >>. Nous prenons la rue qui monte au belvédère. Une construction métallique qui n’est pas sans évoquer la Tour Eiffel. Personne. Il faut prendre les escaliers raides. Six étages qui nous emmènent à plus de soixante mètres de hauteur. Je suis sujet au vertige. J’évite de regarder en bas. << Oh mais on fait sa chochotte je vois ! >> lance Odélie toute contente de me voir ainsi. Au sommet, il y a deux bancs. Personne dans les environs. Odélie s’y assoit. << Viens ! >> dit elle m'invitant en agitant son index.

 

        Je m’apprête à m’assoir à sa gauche quand elle m’en empêche. Me tenant par la taille. Glissant ses index dans les passants de ma ceinture. << Je veux voir ce que tu trimballes ! Ce couteau Suisse ! >> dit elle. Je regarde partout autour de nous. Personne ne monte. Le vent souffle. C’est désagréable. Odélie déboutonne la braguette de mon 501. Elle en extrait le locataire. Je suis terriblement gêné. Elle rit de mon embarras. La fraîcheur est désagréable. Ma comparse saisit ma turgescence d’une poigne ferme. Elle scrute avec l’attention d’une entomologiste. Hume. Lève les yeux, me fixe. Un regard sévère. << Tu n’as pas honte ? Devant une jeune fille ! >> lance t-elle. Nous rions aux éclats. Je remballe très vite. C'est sensible au froid. Et la température descend inexorablement.

 

        Nous redescendons prudemment. Les escaliers sont raides et pour moi source d’angoisses. << Oh mais lui ! >> lance Odélie devant mes appréhensions. Le plancher des vaches. Heureusement. << C’est comment là dedans ? >> dit elle en se plaçant devant moi pour cacher sa main. << Oh, on l’a oublié là-haut ! >> rajoute t-elle. Mon érection a disparu. C’est en riant, en nous tenant par la main, que nous revenons en ville. Il y a peu de monde. Un petit tour à la FNAC. Un chocolat chaud à l’étage du salon de thé que je fais découvrir à ma complice. Comme nous l’avons fait en Bretagne, nous nous enfermons dans un des cabinets des toilettes hommes pour nous embrasser, nous caresser, nous toucher. C’est amusant d’entendre des messieurs parler tous seuls sans se douter de nos présences. Je dois mettre la main sur sa bouche. Ma comparse, en riant, me chuchote : << Tu crois qu’ils causent à leurs zigounettes ? >>

 

         Il est dix sept heures trente quand nous revenons à la voiture. Je tire la corbeille rouge à roulettes. Odélie me précède, m’entraînant dans les rayons qui pourraient nous concerner. Des lingettes, des mouchoirs en papier, des élastiques à cheveux. Puis quelques fruits. Avant son arrivée, hier, j’ai fait toutes les courses. Nous pouvons tenir trois à quatre jours sans soucis. Dans les allées mon amie reprend ses jeux tactiles. Avec une discrétion qui me rassure. Me mettant toutefois dans l’embarras. << J’adore ! >> dit elle. Nous passons en caisse. C’est moi qui l’entraîne devant le grand panneau. Les menus de la cafétéria. << Non ! On rentre ! Viens ! On a tout ce qu’il faut au « manoir » ! >> s’exclame t-elle en saisissant mon bras. Je tire la corbeille derrière moi en disant : << Tu as vu, il y avait des plateaux de fruits de mer ! >>. Elle répond : << Tu en auras un fruit de mer à la maison ! >>. Elle s’arrête pour m’adresser un clin d’œil. Je comprends soudain !

 

        Je roule sous un ciel qui semble s’assombrir de lourds nuages gris. Ma main consciencieusement posée sur la cuisse gauche de ma passagère. Il est dix neuf heures quand nous sommes de retour. Il suffit de réchauffer le reste de spaghettis à la poêle en y rajoutant une tonne de gruyère. Odélie fait l’assaisonnement d’un concombre. Je fais une omelette. Préparations rapides. Nous savourons ce repas en revenant sur les moments clefs de notre après-midi. Assise sur mes genoux, tout en picorant dans mon assiette autant que dans la sienne Odélie me dit : << Demain, si la météo est clémente, tu m’emmènes au château ? J’ai envie de le voir en vrai ! >>. Elle fait allusion aux photos de la forteresse que j’ai montré lorsque nous étions à Locronan. Je trouve cette suggestion parfaite. Moi qui n’ai rien programmé, c’est une activité parfaite.

 

        Nous traînons à table. Nous avons tout notre temps. La vaisselle. Le crépuscule annonce la nuit. Il est vingt heures trente. Odélie m’emmène au salon. Vautrés dans le canapé devant l’écran géant du téléviseur. Ce n’est pas pour regarder la télévision. Non. Odélie veut découvrir quelques films que j’ai tourné en Écosse. Cette Écosse dont je l’entretiens si souvent. << Tu me feras découvrir un jour ? >> demande t-elle en manipulant la télécommande. Sa tête sur mon épaule, nous regardons les images. Édimbourg et son labyrinthe de rues étroites, ses venelles en escaliers, le monde fou partout. Son château au sommet de la colline. La cathédrale Saint Gilles et ses dentelles de pierres du gothique flamboyant. Quand je retire ma main de sa cuisse, elle l’a rattrape en chuchotant : << Tss tss ! Interdit ! >>. Je suis pétri d’émotion. J’aimerais que le temps se fige. Je suis là, l'homme le plus heureux du monde.

 

        Nous commençons à bâiller. C’est communicatif. Nous en rions. Odélie éteint le téléviseur. << Viens, dodo ! >> dit elle en m’attrapant la main. Je vis des moments d’une intensité extraordinaire. Odélie se comporte comme la maîtresse de maison. Prenant toutes les initiatives. C’est merveilleux. J’adore. Je suis d’une nature passive, aux antipodes du "mâle alpha" caricatural. Je n’ai qu’à me laisser entraîner dans les souhaits de ma complice. À la salle de bain, nos pitreries habituelles. Une simple toilette ce soir. Nous revêtons nos slips et nos T-shirts de nuit avant de prendre notre courage à deux mains. Il faut courir jusqu’au lit dans la fraîcheur nocturne de la chambre. Une petite adaptation sous les draps. Nos corps enlacés dans une étreinte qui les réchauffe rapidement. Je murmure à son oreille : << Je peux avoir mon fruit de mer ? >>. Elle rit en murmurant : << Coquin ! >>

 

        Odélie m’offre son intimité. Me tenant par les oreilles comme pour me guider. Je me régale des saveurs de sa journée de fille. Ses gémissements s’amplifient. Je cesse. Je recommence. Malgré l’inconfort de ma position, malgré ma nuque qui redevient douloureuse, je m’applique en gémissant de bonheur moi aussi. J’aime cette secousse qui anime tout son corps. Quand elle se cambre. Ses cuisses qui tremblotent contre mes joues. J'aime qu’elle s’offre dans un cri en tentant de me repousser. Elle sait que si elle ne m’en empêche pas je continue. Je recommence. Aussi en m’attirant sur elle, ma complice murmure : << Viens ! >>. Nous nous aimons dans la plus totale confusion des sens. C’est divin, irréel…

 

 

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19/10/2024

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