L'ECRIT DE JOIE

L'ECRIT DE JOIE

Christelle - Épisode 2

 

                                                    Seconde journée de découvertes

 

Au matin, vers sept heures, je suis réveillé par le bourdonnement d’un frelon. Ce gros insecte inoffensif se balade nonchalamment dans la chambre. Virevoltant de ci, de là, avec la grâce d'un hélicoptère. Évitant tout de même de se rapprocher trop près de mon lit où du canapé où dort encore Christelle. Le soleil est déjà haut dans le ciel. Sur le mur, face à mon lit, ses rayons soulignent les irrégularités de la couche de plâtre. Cela ne manque pas de me rappeler une de ces toiles de Johannes Vermeer de Delft que j’apprécie tant. Le fameux pan de mur jaune qui a inspiré la madeleine de Proust. La poussière s’illumine d’une multitude de points dorés. Comme des paillettes scintillantes.

 

Je tourne la tête pour découvrir Christelle qui dort encore en respirant doucement. Longuement je la regarde. Son visage angélique entouré de ses longs cheveux bouclés semblent eux aussi sortir d’une de ces toiles Hollandaises du siècle d’or. Je me retrouve en plein XVII ème siècle. Je savoure l'instant en laissant se calmer ma tumescence. Un véritable piquet de tente qui pointe à la verticale sous le draps. Une érection naturelle qui n'a strictement rien à voir avec la fille que je vois s'étirer en gémissant. Le sentiment élégiaque d’un départ imminent m’envahit doucement. J'aimerais pourtant pouvoir le suspendre dans l'éternité de l'instant. J'incruste cette image dans mes souvenirs.

 

Christelle ouvre les yeux. Elle me fait un sourire. << Bonjour ! >> me fait-elle d’une voix douce. En me redressant je réponds : << Bonjour ! >>. Je suis assis dans mon lit. Sous mon draps tout est redevenu "normal". J'apprécie chaque seconde de cette situation nouvelle. Christelle se redresse à son tour. Nous bavardons un petit moment de choses sans grands intérêts. Elle évoque des bribes de ses rêves. Après un quart d’heure, la jeune fille se lève en disant : < Urgence ! >. Elle se précipite vers la porte des toilettes. Lorsqu’elle revient, elle est habillée de son bermuda, de son T-shirt, chaussée de ses sandalettes. À mon tour d'aller vidanger. Je m'habille. Short, T-shirt, sandales.

 

Il est huit heures. Nous voilà assis devant des bols de café fumant. Nous prenons notre petit déjeuner dans la cuisine "vintage" et faussement campagnarde. La rénovation en offre toutefois l'illusion parfaite. La fenêtre est grande ouverte sur la cour. Le silence est total. Il commence à faire chaud. Pourtant orienté au Nord, encore à l'ombre, la chaleur entre inexorablement dans l'appartement. Les épaisses tranches de pain complet, beurrées et recouvertes de miel, sont délicieuses. Le café est savoureux. Nous mangeons en revenant sur notre rencontre de hier. Christelle me confie ses impressions. << Je ne suis pas partie pour être seule. C'est sympa les rencontres ! >> dit elle.

 

Parfois nous nous observons en nous souriant. Christelle est d'un naturel joyeux. Pas le genre de fille à faire la gueule dès le levé. J'aime ses appréciations pleines de joie de vivre. Une jeune personne que son optimisme rend insouciante. La fille prend sa douche pendant que je fais la vaisselle. C'est à mon tour d'investir la salle de bain. Il est neuf heures trente. La matinée est sublime. Nous marchons sur un sentier qui quitte le hameau de maisons. Il serpente vers la montagne rocheuse qui barre l'horizon. Des hauteurs où nous nous hissons, depuis un balcon creusé dans la paroi, nous pouvons voir le gîte. Le petit hameau. Notre gîte, vieille ferme retapée, se présente dans un écrin de verdure. Il y a petit lac là-bas. Ou alors une grand étang. Christelle décide de rester avec moi jusqu'à demain. J'ai réservé trois nuits.

 

Les environs promettent de belles découvertes. Nous nous promenons jusqu’aux alentours de midi. En descendant le sentier Christelle me prend la main. Sans un mot. Je suis conscient que c'est juste une geste de reconnaissance. Elle la lâche vivement au bout d'une dizaine de mètres. Comme pour ne pas induire d'idées subversives dans la tête de l'homme qui l'accompagne et qui pourrait être son père. Ce témoignage m'émeut. Cette réaction m'amuse. Nous sommes de retour au gîte pour midi dix. Un autre couple a pris possession de l'appartement du bas. Un couple plus "conventionnel" qui prépare un barbecue dans le jardin. Nous nous saluons aimablement. Je propose à Christelle de manger dans le jardin nous aussi. Il y a de quoi se préparer une salade de carottes, des pâtes, un flacon de sauce au pistou.

 

Christelle peu désireuse de nous exposer à une promiscuité préfère rester dans l'appartement. La préparation est rapide. Après le repas, nous nous mettons en route. Avec le désir de découvrir le petit lac distant d’environ un kilomètre du gîte. Il fait chaud. Une vraie fournaise. La climatisation fonctionne à plein. Nous sommes en shorts, en T-shirts et en sandalettes. Christelle me reprend soudain la main. Une nouvelle fois et sans un mot. Nous gardons d'ailleurs tous deux le silence. Parfois, tournant la tête, je la regarde de profil. Ces vingt ans sont éclatants de fraicheurs. Sa jeunesse rayonnante. Légèrement mystérieuse, fragile, précieuse et si belle. Parfois, elle tourne elle aussi la tête pour me regarder. Mon début de quarantaine, mon attitude respectueuse, ainsi que mon comportement lui offrent sérénité et calme.

 

Nous arrivons au lac. Un parking obligatoire. Il y a quelques voitures garées là. Nous découvrons un endroit extraordinairement agréable. Nous en faisons le tour en un peu plus de deux heures. Il est seize heures trente. Le soleil semble rester à son point culminant. Un zénith qui nous accable de chaleur lorsque nous quittons les futaies. Pour nous assoir à l'abri des morsures du soleil nous trouvons un endroit à l’ombre d’épais bosquets d’arbres. Une ombre salvatrice. Allongés sur l’herbe. Le chant des grillons et de quelques oiseaux constituent la bande sonore de ce film sublime. Christelle revient sur la copine avec qui elle s'est disputée. << Sans cette séparation, jamais je ne t'aurais rencontré ! >> dit elle en trempant ses pieds dans l'eau. Je fais pareil assis à ses côtés. Je suis moi aussi d'un naturel joyeux, optimiste.

 

Un quart d’heure où la jeune fille évoque ses rapports avec sa copine, ses études, son université, ses parents à qui elle téléphone tous les matins et tous les soirs. Fille unique. Nous rions de quelques anecdotes. Je propose de plonger dans les eaux calmes et bleues du lac. << J'ai un peu peur des profondeurs ! >> s'écrie t-elle. Nous nous mettons en slips avant d’aller nager ensemble dans l’eau peu profonde. L’eau est chaude. Pratiquant la brasse, venant vers moi, Christelle approche son visage du mien. Je n'ai pas le temps de réaliser ce qui arrive. Sa bouche se pose sur la mienne. Il faut continuer à nager. Ne pas couler. Nous restons ainsi longuement à nous embrasser, à rire et à nous amuser. Je suis soudain comme un jeune étudiant dans la même classe que la jeune étudiante. Mon cœur en prend encore un sacré coup.

 

Une fois de retour, sous la protection des arbres, Christelle se couche sur moi. Je lui caresse les cheveux. Elle passe l’extrémité de ses doigts sur la peau de mon visage. Doucement, la jeune fille fait les mouvements nécessaires afin que je m’immisce en elle. Je n'en reviens pas. J'ai soudain 18 ans. Je suis puceau et l'émotion qui me submerge me crétine complètement. Je suis rapidement en elle. Je n'ai même pas encore vraiment réalisé ce qui m'arrive. Nous restons sans bouger. Cet enchantement paradisiaque est totalement partagé. Je dois m'accrocher à ma réalité. Nous nous fixons de nos regards. Les yeux noisettes de Christelle sont perçants. Nous sommes dans un tout autre univers…

 

Au bout d’un très long moment, non quantifiable, lentement, nous commençons à nous bercer. Je suis un gentleman. Je préfère toujours attendre le "signal". Beaucoup de filles aiment garder le contrôle. Mon attitude est donc parfaite. Et pour le vieux briscard que je suis, cela ne coûte aucun effort. J'adore me laisser diriger. Christelle bouge à peine. Son bassin imprime un rythme régulier. Parfois, cherchant des sensations particulières, la jeune fille se cambre. Elle me chevauche. Se couche à nouveau. Se redresse à nouveau. Restant toujours sur moi. C'est ensorcelant de rester le jouet d'une femme. Je n'ai aucun effort à fournir. Cessant de bouger, gémissante. Christelle m’embrasse. Je prends soin de rester immobile. Je veux qu’elle trouve son plaisir selon ses désirs. Exclusivement. De son plaisir dépendra le mien.

 

Nous ne baisons pas. Nous faisons réellement l'amour. De plus, c'est moi qui me laisse faire. Je laisse Christelle nous emmener là où elle veut nous entraîner. Nous faisons l’amour jusqu’en soirée. Presque sans bouger. De cette même façon amoureuse. C'est passionnant. Je suis terriblement troublé par les initiatives de ma partenaire. C'est un échange total où prévaut la tendresse, la douceur. Je sens bien que pour la jeune fille c'est une "expérience". Ses gestes sont souvent mal assurés. En rentrant au gîte, vers vingt heures, nous sommes plutôt fatigués. Je propose de nous faire violence, de sortir de cette torpeur langoureuse : << On se fait un bon restau en ville ! >>. Christelle s'accroche à mon cou en s'écriant : << C'est trop bien avec toi ! >>. C'est en voiture que nous allons manger à l'entrée du bourg. Un établissement gastronomique étoilé. C'est une grande première pour ma compagne d'aventures. Nous y restons jusqu’à tard. Nous revenons vers minuit.

 

C’est le silence. Christelle m'a fait des aveux plutôt troublants. Je suis son "deuxième". << C'était tellement merdique avec mon "premier" tu sais. Fais-moi aller de découvertes en découvertes, tu veux bien ? Je reste avec toi toutes les vacances. Si tu veux de moi ! >> me dit Christelle. Réunissant ses dernières forces elle s'accroche à mon cou pour m'embrasser. J'ai le cœur qui vient de tomber dans mes sandales. Nous sommes épuisés. Christelle occupe les toilettes la première pendant que je défais le lit. Plus de sac de couchage pour ma complice. C'est à mon tour d'aller pisser. Nous nous lavons les dents. Presque à bout de force, nous nous endormons l'un contre l'autre. Je n'ai pas encore pleinement fait le tour de ce qui m'arrive. Je connais bien la psychologie féminine. Je sais que Christelle par contre, en a pleinement conscience...

 

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23/10/2023

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