L'ECRIT DE JOIE

L'ECRIT DE JOIE

Christine dans les vieux WC abandonnés (Partie 1)

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                                                       Les toilettes du bâtiment abandonné - (Partie 1) -

Ce jour de mars 1997 nous sommes en Haute-Savoie. Ce sont les derniers jours des vacances scolaires. Nous voulons absolument mettre à profit les quatre jours qui nous restent avant de prendre la route du retour. Nous avons visité ces magnifiques petites villes, Thonon-les-Bains, Annecy, Chamonix. Nous avons pris le "monte-en-vers", ce fameux train à crémaillères qui monte à plus de mille neuf cent mètres d'altitude. Nous avons visité la fameuse "mer de glace".

Nous avons la chance d'avoir un climat frais mais sans pluie et sans neige. Le soleil est souvent présent dans un ciel d'un bleu d'azur. Nous avons loué une appartement chez un particulier. Cette formule a notre préférence. Cette fois-ci nous avons passé la semaine dans un petit hameau au charme désuet. Huit maisons regroupées à l'entrée d'un val. Une petite route sinueuse qui mène au bourg à deux kilomètres. Un petit lac enchanteur aux eaux encore en partie gelées.

Au fond du val il y a un bâtiment de briques. C'est une ancienne tannerie qui a cessé toute activité à la fin des années soixante. La bâtisse n'est pas vraiment en ruine car elle sert de dépôt à quelques exploitants de la région. Elle offre tout de même une apparence d'abandon. Image caractéristique de ces grands bâtiment d'un autre temps. Quelques vitres sont brisées. Quelques fenêtres sont occultées de planches. Des épaves de vieilles voitures terminent de rouiller près de l'entrée principale.

Ce mardi après-midi nous partons du hameau pour prendre le sentier qui tourne sur les flancs du val. Environ deux heures d'une marche agréable que nous avons déjà fait dimanche. Ce sentier passe au-dessus de la vieille bâtisse. La vue est imprenable jusqu'aux Alpes proches. Le ciel est lumineux. L'air est limpide. Il fait beau et presque doux. Aussi, c'est d'un pas alerte que nous arrivons au-dessus de l'ancienne tannerie.

Un sentier descend vers le vieux bâtiment. Christine me propose de tenter la visite. Nous descendons rapidement. Une dizaine de minutes et nous voilà derrière la bâtisse. Nous en faisons le tour. D'une hauteur d'une dizaine de mètres, d'une longueur d'une trentaine de mètres et d'une largeur d'environ dix mètres, la vieille tannerie parait à l'abandon. Plusieurs amas de vieilles planches de bois pourrissent contre les murs. Nous pénétrons dans la place par la porte ouverte.

Sur la droite trois pièces vitrées. Sur une des portes est écrit "Bureau". Sur la gauche, un amoncellement de grosses bottes de paille qui atteignent le plafond. Au fond, un vieux tracteur en partie démonté. Des pelles, des pioches, des balais, une brouette, des échelles et autres outils sont entreposés pêle-mêle. Sur la gauche, au fond, une pièce dont la porte affiche la mention "Toilettes". Christine me propose d'y aller voir. Elle a un besoin naturel. Une échelle mène au-dessus de ce cube. Il y a des caisses posées dessus.

Nous entrons dans le petit espace. Deux cabinets de toilettes sur la droite et un vieux lavabo de faïence jaunie sur la gauche. Tout est affreusement sale. Il y a un vieux calendrier accroché au mur. Un calendrier de 1958. C'est émouvant de voir cette photographie sépia d'un monument parisien entourée des colonnes des mois de juillet et d'août. Une époque révolue. << C'est tellement dégueulasse que j'irais pisser dehors ! >> fait Christine. Je lui montre le trou parfaitement rond dans le mur qui sépare les deux cabinets. Environ six centimètres de diamètre. Je dis : << Un "gloryhole" ! >> << Un quoi ? Tu crois ? >> me demande t-elle en riant.

Soudain, dehors, nous entendons une voiture arriver. Nous restons silencieux. Nous regardons par la petite fenêtre qui sépare les toilettes du hangar. Le moteur s'arrête. Il y eut un claquement de portière. Un homme entre. Il porte une grosse boîte en carton. Sans doute un des utilisateurs du dépôt. Il pose ce carton sur un établi à côté de l'entrée. Il ressort à nouveau. Je propose à Christine de rester là. Moi, je monte au-dessus des toilettes par l'échelle. << Le "gloryhole" ? >> me demande Christine, espiègle. Je murmure : << Bien sûr ! >>.

Arrivé au-dessus du cube des toilettes, je peux voir par plusieurs trous dans le plafond. Je distingue bien l'intérieur des deux cabinets. Christine, prenant une initiative que je n'ai pas envisagé, sort du bâtiment par derrière. Le type revient avec un nouveau carton. Il ouvre celui-ci pour en sortir des rouleaux de feuilles plastifiées. Il s'affaire ainsi lorsque soudain, derrière lui, arrive Christine. << Bonjour. Je peux utiliser vos toilettes s'il vous plaît ? Mon mari est dehors. >> lance Christine. Le type se retourne : << Bonjour. Oui, bien sûr, mais ce n'est plus utilisé depuis des lustres ! >>.

L'homme, la quarantaine, de taille moyenne, un peu enrobé, a l'air plutôt débonnaire. Le ton de sa voix est sympathique. Jovial. De l'index, il montre le cube du fond en disant : << C'est là, au fond, les chasses d'eau ne fonctionnent plus mais il y a des seaux et l'eau coule au robinet ! >>. Christine s'engage franchement vers l'endroit désigné. Elle fait encore : << Merci, ça ira, c'est gentil ! >>. Depuis ma cachette je la vois entrer dans le cabinet du fond. Elle ferme la porte derrière elle à l'aide du loquet.

Je me réjouis pour la suite...

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22/02/2015

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